Morad Tahbaz, un citoyen américain détenu en Iran, a obtenu mercredi une permissiontemporaire avec un bracelet électronique à la cheville, a confirmé sa fille à la presse.
Le militant écologiste âgé de 66 ans, séjourne désormais dans l’appartement de sa belle-famille à Téhéran en compagnie de sa femme, Vida Tahbaz, à qui on a interdit de quitter le territoire en vertu des termes de son interdiction de voyager.
“Cela semble très surréaliste”, a déclaré leur fille Tara Tahbaz, à propos de la libération temporaire de son père.
“C’est une nouvelle incroyable, mais ils ne sont toujours pas chez eux”, a-t-elle ajouté. “Il y a encore un long chemin à parcourir avant de parvenir à cette fin heureuse”.
L’Iran détient Morad Tahbaz et trois autres citoyens américano-iraniens – Siamak Namazi, Baquer Namazi et Emad Shargi – sur la base de vagues accusations d’espionnage. Les groupes de défense des droits de l’homme accusent les gardiens iraniens de la révolution d’arrêter les personnes ayant la double nationalité et les étrangers afin d’obtenir un allègement des sanctions, le dégel des avoirs et d’autres concessions de la part de leur pays d’origine.
Morad Tahbaz, entrepreneur et défenseur de l’environnement, a été emprisonné en janvier 2018 avec huit de ses collègues de la Persian Wildlife Heritage Foundation. L’équipe de protection de la faune avaient déployé des pièges dotés de caméra pour surveiller les guépards asiatiques et d’autres espèces menacées, mais selon les autorités iraniennes, ces dispositifs ont été utilisés pour espionner ses installations militaires et obtenir des informations classifiées.
En novembre 2019, Tahbaz a été condamné à l’issue d’un procès à huis clos à 10 ans de prison pour “contacts illégaux avec le gouvernement américain ennemi ” et “rassemblement et collusion contre la sécurité nationale de l’Iran.” Lors d’une visite familiale en prison, le défenseur de l’environnement aurait montré des signes de torture.
Tahbaz détient également la citoyenneté britannique, mais n’a pas participé à l’accord conclu en mars entre l’Iran et le Royaume-Uni, facilité par Oman, qui a permis la libération de deux prisonniers iraniens d’origine britannique, Nazanin Zaghari-Ratcliffe et Anoosheh Ashoori. Quant à Tahbaz, il n’a été que brièvement libéré avant d’être renvoyé dans la tristement célèbre prison d’Evin, à Téhéran.
“C’était vraiment très décevant”, a déclaré Tara. “Il a été sciemment laissé derrière avec ma mère”.
Elle a appelé les États-Unis et le Royaume-Uni à “utiliser tous les réseaux possibles pour les ramener à la maison” et le gouvernement britannique à “respecter sa promesse de les faire libérer.”
“La maison pour lui, ce n’est pas Téhéran”, a-t-elle déclaré. “Son foyer est ici, avec ses enfants”.
La permission de Tahbaz intervient un jour après que le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a déclaré avoir présenté un nouveau texte de projet visant à rétablir l’historique accord nucléaire connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (JCPOA). Le porte-parole du département d’État, Ned Price, a déclaré mardi aux journalistes que l’administration examinait le “projet d’accord” proposé.
Les familles des Américains emprisonnés en Iran se sont inquiétées du fait que leur sort soit explicitement lié à l’impasse des négociations nucléaires. L’administration Biden affirme qu’elle travaille discrètement pour obtenir leur libération et nie tout lien avec les efforts visant à rétablir le JCPOA.
Interrogé au sujet de Tahbaz, un porte-parole du département d’État a déclaré que le retour en toute sécurité des ressortissants américains détenus à tort “reste l’une de nos plus grandes priorités”.
“Nous sommes reconnaissants à Oman et au Royaume-Uni de continuer à faire pression sur l’Iran pour qu’il respecte cet engagement”, a déclaré le porte-parole.
“En termes simples : l’Iran détient injustement des ressortissants américains innocents ainsi que d’autres personnes et doit les libérer immédiatement.”
