Iran : des centaines d’activistes civiles et politiques boycottent les élections

Plus de 270 militants civils et politiques iraniens ont publié une déclaration annonçant leur intention de boycotter les élections législatives prévues vendredi, accusant les autorités d'”ingénierie” et de “mise en scène” du scrutin.

Il s’agit des premières élections iraniennes depuis le début des manifestations qui ont éclaté dans tout le pays à la fin de l’année 2022, suite à la mort de la jeune Mahsa Amini, 22 ans, décédée à la suite d’une garde à vue après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour « tenue non appropriée ».

Les observateurs s’attendent à ce que le taux de participation atteigne son niveau le plus bas depuis la création de la République islamique en 1979.

Selon la déclaration des militants, dont d’anciens fonctionnaires et représentants, les élections « ont atteint une situation encore plus déplorable, même par rapport aux élections précédentes ».

Les appels au boycott des élections se sont multipliés après que le Conseil des gardiens de la révolutions iranienne a rejeté les demandes d’importants candidats réformateurs.

« L’impasse des réformes » est le signe d’une crise de plus en plus profonde sur la scène politique iranienne, indique la déclaration.

Elle ajoute que la participation du public aux élections a fortement diminué et que la plupart des partis du mouvement réformateur se sont retirés du processus.

La déclaration rappelle que le vote est l’un des droits fondamentaux et une source de légitimité pour tout système démocratique, soulignant que les élections manquent d’objectivité.

« La politique de participation et de présence aux élections, dans tous les cas et à tout prix, n’a jamais réussi, comme en témoignent les essais répétés et les expériences historiques amères des dernières décennies », peut-on lire dans la déclaration.

« Sans une véritable renaissance de l’institution électorale, il n’y aura pas de participation et de présence réelles ».

Notant l’état désastreux de l’actuelle institution électorale iranienne, les militants ont présenté une liste de conditions préalables à l’organisation d’élections éthiques, justes et saines.

Etant donné que ces conditions ne sont pas réunies en vue des prochaines élections, ils « jugent nécessaire de ne pas y participer », les décrivant comme des « machinations contre la souveraineté du public ».

Un peuple excédé

Non seulement plus de 75 % de la population n’ont pas l’intention de voter, mais une grande partie d’entre eux ne sont pas au courant des prochaines élections en Iran.

Selon une enquête de Gamaan intitulée « Iranians’ Attitudes Towards the 2024 Elections », menée du 31 janvier au 7 février 2024, environ 38 % de la population n’était pas au courant de la date des élections prévues pour le 1er mars.

Même la machine de propagande du régime ne traite pas cet événement politique avec gravité. Les spectacles comiques donnés dans les rues pour encourager la participation au scrutin en sont un bon exemple.

Plusieurs semaines avant le jour controversé des élections, le ministère de l’orientation islamique et de la culture a engagé des membres des bassidjis pour présenter des spectacles de rue destinés à faire passer le message selon lequel les « ennemis » de l’Iran (Israël et les États-Unis) découragent les gens de voter. Dans ces représentations théâtrales, ils exhortent les citoyens à « porter un coup à l’impérialisme » en allant voter en grand nombre.

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