L’Egypte se méfie encore de la proximité d’Erdogan avec les Frères musulmans

Les déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan concernant la possibilité d’organiser des pourparlers de haut niveau avec l’Égypte, révèlent l’aspiration d’Ankara à porter ses relations avec le Caire au même niveau atteint avec Riyad et Abou Dhabi.

Erdogan a expliqué lundi soir dans une interview à la chaîne d’information officielle TRT, qu’« il n’y a aucune raison de ne pas tenir des pourparlers de haut niveau avec l’Egypte » puisque « les efforts d’Ankara pour rétablir les relations avec le Caire sont toujours au point mort ».

« Les pourparlers se poursuivent aux niveaux inférieurs. Il n’est pas exclu que cela se produise aux niveaux supérieurs, tant que nous nous comprenons », a-t-il ajouté, notant que les deux pays devraient éviter de publier des déclarations « offensantes ».

En 2020, la Turquie s’est lancée dans une campagne pour réparer ses relations avec ses adversaires, en faisant des tentatives de rapprochement envers l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Les efforts consentis pour se rapprocher du Caire n’ont toutefois donné aucun résultat.  

Erdogan a déclaré que son pays avait atteint une nouvelle étape avec les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, notamment par plusieurs visites mutuelles en un an, et que les institutions des deux pays poursuivaient leurs activités avec l’objectif de développer rapidement des relations dans tous les domaines.

Il a souligné qu’« un fonds technologique conjoint a été créé avec les Émirats arabes unis, et les négociations se poursuivent rapidement au sujet d’un accord de partenariat économique global incluant des investissements. Nous constatons également que les autorités saoudiennes font des efforts pour dissiper les problèmes de nos hommes d’affaires, et ils invitent nos entrepreneurs à mettre en œuvre des projets dans les deux pays. »

L’Égypte et la Turquie ont entamé il y a plusieurs mois un processus visant à améliorer leurs relations en crise depuis 2013 et ont tenu deux séries de pourparlers, mais de nombreux dossiers ont fait obstacle à la réconciliation.  

Malgré les efforts turcs, des doutes subsistent au sein du gouvernement égyptien sur les intentions de la Turquie, alors il a mis la balle dans son camp et s’est concentré sur les aspects économiques qui servent les deux pays. La valeur des échanges commerciaux entre la Turquie et l’Égypte est de près de 5 milliards de dollars par an.

Concernant les plateformes médiatiques des Frères musulmans opérant depuis la Turquie, le travail présenté par Erdogan manque de mesures sérieuses, malgré l’imposition de restrictions et le renvoi de certains animateurs de programmes qui critiquent le régime égyptien, le dernier en date étant Mohammad Nasser, qui a quitté Istanbul pour une destination inconnue. Cependant, Ankara garde toujours une porte ouverte aux Frères musulmans avec des chaines satellites hostiles au Caire.

Il y a un peu plus d’un mois, des sources au fait des échanges en cours entre l’Égypte et la Turquie sur le plan sécuritaire, ont affirmé qu’« il existe ce que l’on peut qualifier d’avancée en vue de normaliser les relations ».

Selon les mêmes sources, « les contacts récents ont vu le dossier du personnel de sécurité recherché être retiré des dossiers soumis à consultation entre les deux pays, après que la partie turque a confirmé l’impossibilité de mettre en œuvre cette demande. En retour, elle a affirmé être prête à fournir des garanties aux responsables égyptiens concernant l’opposition égyptienne sur le sol turc. »

Les médias turcs ont annoncé en avril dernier que le gouvernement turc avait décidé de nommer Saleh Mutlu Shin, l’ancien représentant de la Turquie auprès de l’Organisation de la coopération islamique, comme son ambassadeur au Caire, précisant que le gouvernement turc attendait l’approbation des autorités égyptiennes. Depuis que cette nouvelle a été divulguée par les médias, il n’y a eu aucune évolution concrète dans les relations politiques entre les deux pays, qui conforterait l’optimisme du ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, qui a annoncé début avril que son pays « allait bientôt prendre des mesures pour normaliser ses relations avec l’Égypte. 

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