Qatar : Un engouement suspect pour la francophonie

L’intérêt économique du Qatar pour la France n’est plus à démontrer. Avec des milliards de d’euros injectés dans divers domaines comme le sport, l’immobilier et le commerce des hydrocarbures, la France occupe la deuxième position dans la liste des pays ou la pétromonarchie du Golfe inverti le plus d’argent, exæquo avec l’Allemagne et derrière la Grande Bretagne.   

Selon une étude publiée le 8 juin par Qadran, le cercle économique franco-qatari, la contribution du Qatar en France s’élève à 25,3 milliards d’euros rien que pour l’année 2019.

A titre d’exemples, 7.1 milliards d’euros ont été investis dans l’immobilier, hormis le secteur de l’hôtellerie et les investissements de particuliers, car, « Les investissements immobiliers résultant de personnes physiques ne sont pas comptés », précise l’étude. Pas moins de 3.4 milliards d’euros ont été alloués au transport et au tourisme, 2.3 aux médias et télécoms, et 4.2 au commerce du détail.

Avec des participations aussi importantes, le Qatar a pu s’associer aux plus grandes industries françaises comme Airbus, Total ou Vinci.  

Hamad Ben Khalifa Al-Thani et Ségolène Royal lors d’un forum «Démocratie, Développement et libre échange» à Doha, en avril 2008. REUTERS

Toujours dans le souci d’assurer la fluidité des relations franco-qataries, La Maison de la France a été créée à Doha en 2017 au sein du Qatar Financial Center (QFC). Cette institution offre une passerelle entre le Qatar et la France en regroupant l’ensemble des composantes de la Communauté française (particuliers et entreprises). Elle a pour vocation de jouer un rôle de facilitateur au service des ressortissants et des entreprises françaises souhaitant s’établir au Qatar.  Une chose est sûre, la Qatar sait se montrer attractif et se rendre indispensable.

Toutefois, une main mise d’une autre nature et sans aucun doute plus dangereuse, voire complémentaire, commence à s’écraser sur l’hexagone. En effet, au fil de ces dernières années, Doha a développé un gout avéré pour la « francophonie ». Compte tenu des antécédents du Qatar et des accusations de soutien au terrorisme qui pèsent sur lui, nous sommes en droit de s’interroger sur les arrières pensés qui se dissimulent derrières toutes ses actions.

En 2015, dans l’un de ses élans de générosité, le Qatar a offert 1.8 milliard d’euros à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, afin que des étudiants réfugiés puissent y être accueillis.  L’accord entre les deux parties a été signé le 14 septembre 2015, dans une discrétion absolue.

Rappelons que la France est le pays de l’Europe de l’Ouest ou la communauté musulmane est la plus importante. Elle représente 8.3% de la population française selon une étude de 2020 du Pew Research Center. Dans ce contexte, l’engouement qatari pour la France évoque celui des Frères musulmans dont la doctrine a toujours été prônée, encouragée, et financée par Doha. De manière plus archaïque, la Confrérie a réussi à travers les décennies à s’engouffrer dans toutes les brèches de la société française et à assurer sa présence à coup de marketing et d’institutions « culturelles ».

Avec son argent, le Qatar a conquis la France et s’est payé sa classe politique. Le grand magasin Printemps Haussmann, Balmain, Le Tanneur, le club Paris Saint Germain, les hôtels Carlton, Martinez et Majestic à Cannes… le Qatar est partout, mais surtout, toujours là où il faut. Dans le cas de la France, le Qatar ne se contente pas de ses fructueux placements économiques, il souhaite également agir sur la culture et l’identité française.

Carla Bruni-Sarkozy et Nicolas Sarkozy en compagnie de l’Emir du Qatar Hamad Ben Khalifa Al-Thani et son épouse Mozah Bint Nasser Al-Misned lors d’un dîner à l’Elysée en juin 2009. REUTERS/Eric Feferberg/Pool

En achetant ces symboles emblématiques de la France, c’est l’essence même du pays qui a été vendue pour assouvir une soif insatiable de pouvoir, grâce à un pays soigneusement ciblé pour le potentiel qu’il offre au service de la doctrine islamiste des souverains qataris.

Bien que la Confrérie des Frères musulmans soit arrivée à bout de souffle, ses idées n’ont rien à craindre tant qu’il existe des promoteurs richissimes acquis à sa cause.  

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