Le Conseil Central des musulmans d’Allemagne (ZMD), a décidé le 31 janvier 2021 d’exclure la Communauté musulmane allemande, anciennement connue sous le nom de Rassemblement islamique en Allemagne, lors d’une réunion en ligne des représentants. La décision a été prise à la demande de la majorité des deux tiers requise pour le vote, comme annoncé par le Conseil Central de la ville allemande de Cologne.
L’Office fédéral pour la protection de la Constitution a décidé de classer l’association islamique comme organisation proche de la Confrérie des Frères musulmans.
L’adhésion de l’association était déjà suspendue depuis décembre 2019 en attendant la décision finale de son exclusion.
Depuis la création de la Communauté islamique en Allemagne jusqu’à aujourd’hui, elle a toujours été étroitement liée aux Frères musulmans en Égypte. De nombreux parlementaires et politiciens de l’époque Merkel avaient appelé à l’interdiction des institutions ayant le moindre lien avec la Confrérie des Frères musulmans, classée dans de nombreux pays arabes et européens en tant que groupe terroriste.
La Société orientale allemande (Deutsche Morgenländische Gesellschaft, DMG) qui a changé de nom en 2018 pour devenir la Communauté islamique d’Allemagne (Islamische Gemeinschaft in Deutschland – IGD), est l’une des plus anciennes organisations musulmane d’Allemagne. L’Office fédéral pour la protection de la Constitution estime que ses membres ont l’intention “d’établir un État islamique à moyen terme”.
Qui sont les fondateurs de la Communauté islamique d’Allemagne ?
Said Ramadan a été l’un des premiers à fuir vers l’Europe, devenant l’un des pionniers des Frères musulmans sur le continent. Il était le secrétaire privé de Hassan al-Banna, qui dirigeait l’équipe de bénévoles des Frères musulmans en Palestine et qui était l’un des membres les plus importants du groupe. Son but caché était d’y former une branche du groupe. Il a dirigé l’association pendant dix ans, de 1958 à 1968.
Après lui, l’association a été dirigée par Fadl Yazdani, d’origine pakistanaise, pendant une courte période. On lui attribue l’achèvement du projet de construction du bâtiment du Centre islamique à Munich. Accompagné d’une délégation de dirigeants de l’Association islamique, il s’est rendu en Arabie Saoudite ou il a reçu en cadeau 160 000 marks de la part du roi Fayçal. Il a également reçu 60 000 marks du Koweït et du Qatar.
Ces sommes n’étant pas suffisantes pour construire le centre, Yazdani a contacté le gouvernement libyen de l’époque qui a contribué à hauteur d’un million et demi de marks. C’est ainsi que la construction a été achevée en 1973.
Fadl Yazdani a été remplacé par Ghaleb Hemmat, d’origine syrienne et de nationalité italienne. Il a dirigé l’association de 1973 à 2002. Au cours de cette période, Hemmat a créé une banque islamique appelée Al-Taqwa Bank, qui a financé des groupes terroristes dans les années 1990, raison pour laquelle on l’a surnommée en Italie “la banque des Frères Musulmans”.
Hemmat a nommé Youssef Nada, l’un des cerveaux des Frères musulmans, pour gérer la banque. Grâce à cette banque, Hemmat et Nada ont financé le Hamas avec d’énormes sommes d’argent. Ils ont également financé le Front islamique du salut en Algérie (FIS), Parti extrémiste déchu responsable de la décennie noire algérienne. Toutes ces opérations de financement du terrorisme ont été contrôlées par le Trésor américain, qui a inscrit les responsables sur la liste des promoteurs du terrorisme, et placé sous surveillance certains membres du conseil d’administration de la banque, dont Yusuf al-Qaradawi.
Ibrahim al-Zayyat est de père égyptien et de mère allemande. C’est lui qui succédé à Youssef Nada a la tête de l’association. Il est l’un des leaders des Frères musulmans en Europe et l’un des chefs de l’organisation à l’échelle internationale. Il a été condamné à dix ans de prison par contumace en avril 2008. Il vit en Allemagne et est marié à la nièce de Necmettin Erbakan, l’ancien Premier ministre turc, fondateur et membre de différents partis politiques islamiques.
Jusqu’à présent, Ibrahim al-Zayyat est appelé en Allemagne “ministre des Finances des Frères musulmans”, et bien qu’il ait quitté la présidence de la Société islamique, il est toujours présent dans les rapports internationaux sur les Frères musulmans en raison de ses propos incitant à la violence, comme sa citation : “Il est encore tôt pour frapper les infidèles, mais tôt ou tard nous frapperons les ennemis de Dieu et de l’Islam”.
L’association affirme que son président actuel est Khaled Soueid, qui est né à Aix-la-Chapelle en Allemagne, et qui a étudié à l’Open University Business School. Depuis l’obtention de son diplôme d’ingénieur, il travaille dans l’industrie automobile.
Son adjoint est Sabri Sharif, né à Benghazi, en Libye. Il a étudié à l’Université de Winnipeg au Canada et vit en Allemagne depuis plus de 20 ans. Il est principalement impliqué dans la mosquée Al-Muhajireen dans la ville allemande de Bonn, ou il travaille comme imam et prédicateur.
Selon les statistiques, la Communauté islamique compte aujourd’hui plus de 15 000 membres et ses activités couvrent toutes les régions du pays.
Plusieurs partis politiques, notamment Alternative pour l’Allemagne (AFD), appellent le gouvernement fédéral à surveiller de près les Frères musulmans, leurs membres, leurs activités et leurs réseaux.
