Somalie: Le Mouvement salafiste “al-Shabab” gère un gouvernement parallèle sur la base de la charia la plus extrême de l’islam

Pour s’imposer par le biais de son interprétation de la charia, le groupe terroriste al-Shabab collecte la zakat (dons) par la force, élimine tous ceux qui ne partage pas ses idées, accuse arbitrairement et punit par la mort, tout en appelant au djihad armé qui pour lui n’a pas de frontières. C’est sur cette base qu’il a semé la terreur à Djibouti, en Éthiopie, en Ouganda ou encore Somalie.

Al-Shabab est très actif en Somalie ou il se considère comme un “gouvernement fantôme”, car il contrôle entre 7 à 12 ministères qu’il réorganise de temps à autre en fusionnant certains ou en en divisant d’autres. Ces ministères sont gérés par les membres du Conseil d’administration du Mouvement qui en possède deux : Le Conseil exécutif et le Conseil de la Choura. Le Conseil exécutif est composé des dirigeants des différents ministères et il est le plus influent.

Le Mouvemente possède également plusieurs institutions médiatiques, fiscales, sécuritaires, des tribunaux locaux, un système judiciaire et un gouverneur à la tête de chaque zone sous son contrôle. Tout ceci tapis dans l’ombre pour opérer efficacement et s’intégrer aisément dans les communautés locales.

Le Mouvement collecte les impôts auprès des particuliers comme des entreprises. Dans les zones hors de son contrôle, il menace et fait chanter des hommes d’affaires pour leur extorquer des fonds, et à l’occasion, ses victimes récalcitrantes y laissent la vie.

Al-Shabab possède aussi des espions, une armée et un ministère de la défense à travers lequel il orchestre ses attaques contre les forces gouvernementales somaliennes et les forces de l’Union africaine en Somalie.

Le Groupe a perdu toutes les grandes villes somaliennes au profit des forces du gouvernement et de celles de la mission régionale de maintien de la paix en Somalie, menée par l’Union africaine avec l’aval des Nations unies.

Toutefois, il contrôle encore de grandes parties de la Somalie rurale ou il applique une charia au service de ses intérêts.
Selon le site New Somalia, le Mouvement possède des tribunaux mais aucun avocat n’est jamais présent au procès d’un accusé. Les juges appliquent leurs décisions conformément à la charia dans sa forme la plus extrême, en coupant des mains et des têtes. Les tortures et les exécutions sont récurrentes, souvent suite à des accusations d’espionnage pour le compte des services de renseignement occidentaux.

Al-Shabab est une nouvelle organisation salafiste qui s’est distanciée de l’Organisation des citoyens qui existait en Somalie dans les années 80 et 90. Selon le site, l’un de ses objectifs majeurs est que la Somalie devienne un État musulman de droit islamique, géré selon son interprétation obscurantiste de l’islam. Seulement, la Somalie est un pays musulman sunnite. La charia est déjà utilisée comme socle pour la mise en œuvre de la jurisprudence dans le système judiciaire du pays. Par conséquent, l’argument du Mouvement n’est pas bien convaincant pour les Somaliens, il ne reflète que leur propre interprétation de l’islam auquel il croit.

L’Etat somalien souffre depuis 30 ans à cause de la guerre civile et des multiples conflits régionaux, et il peine à monter une armée. C’est sa branche sécuritaire qui lui permet de combattre al-Shabab dans une certaine mesure. Mais dans un pays laminé par l’instabilité et la corruption, ou la présence de l’Etat est si faible, il faudra beaucoup de temps pour construire un système de sécurité viable, et imposer la légitimité d’un gouvernement capable de résister à al-Shabab.

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