L’Arabie saoudite tente une réconciliation sous conditions avec l’Iran

L’Arabie saoudite a déclaré ce lundi que sa main et celles des autres pays arabes sont tendues à l’Iran à condition qu’il résout les litiges liés à la sécurité de la région, soulignant la nécessité d’empêcher la République islamique d’acquérir l’arme nucléaire.

Depuis de nombreuses années, l’Arabie saoudite et les pays de la région appellent l’Iran à cesser ses pratiques déstabilisatrices, notamment le financement des activités suspectes de ses mandataires en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen.

Les relations diplomatiques entre Téhéran et Riyad sont rompues depuis 2016, après que des manifestants iraniens ont tenté d’incendier l’ambassade saoudienne dans la capitale iranienne et le consulat à Mashhad, pour protester contre l’exécution du religieux chiite Nimr al-Nimr, condamné pour des affaires liées au terrorisme.

Les deux rivaux régionaux ont lancé il y a quelques mois des négociations directes, dont les premiers tours ont été parrainés par Bagdad, avec l’objectif d’apaiser les tensions en vue d’une normalisation des relations. Cependant, le soutien de Téhéran aux rebelles yéménites Houthis et à ses autres milices dans la région, ainsi que sa violation de l’accord nucléaire de 2015, pèsent lourdement sur les efforts de réconciliation.

Lundi, le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhan al Saud, a appelé à “intensifier les efforts” pour empêcher Téhéran d’acquérir l’arme nucléaire, tout en déclarant que son pays, ainsi que les pays arabes, étaient prêts à dialoguer avec les “frères” iraniens s’ils s’engagent à résoudre les problèmes qui menacent la sécurité de la région.

Il a indiqué dans une déclaration conjointes avec son homologue jordanien Ayman Safadi à Amman, qu’ils avaient discuté du “rôle déstabilisateur de l’Iran dans la région et dans le monde”, notant la nécessité “d’intensifier les efforts pour l’empêcher d’acquérir des armes nucléaires et que le Moyen-Orient soit exempt d’armes de destruction massive.”

D’autre part, il a également déclaré : “Nos mains, en tant qu’Arabes, sont tendues vers les frères en Iran s’ils répondent aux préoccupations des Arabes concernant la sécurité et la stabilité de la région.”

Quelques jours après que Riyad a accusé son grand rival d’aider les rebelles yéménites à l’attaquer, le roi saoudien Salman ben Abdulaziz a appelé l’Iran Jeudi à changer son “attitude négative” dans la région et à s’orienter vers la coopération.

Ayman Safadi a de son côté exprimé la “ferme” condamnation de la Jordanie de toutes les attaques terroristes dirigées contre l’Arabie saoudite, ajoutant : “Nous sommes avec nos frères dans chaque mesure qu’ils prennent pour protéger leur sécurité et leur stabilité, et nous apprécions également les grands efforts déployés par l’Arabie saoudite pour parvenir à une solution qui mettrait fin à la crise yéménite.”

L’Iran et l’Arabie saoudite sont les deux puissances les plus importantes de la région, opposées sur la plupart des questions régionales, notamment le conflit au Yémen, où Riyad dirige une alliance militaire en faveur de la légitimité du gouvernement face au coup d’État armé des Houthis, accusant Téhéran de soutenir les rebelles qui contrôlent de vastes zones dans le nord du pays.

Riyad s’inquiète de l’influence régionale de Téhéran et l’accuse d'”interférer” dans les affaires des pays arabes comme la Syrie, l’Irak et le Liban, et craint également le développement de son programme nucléaire. Plusieurs régions du Royaume sont ponctuellement exposées à des tirs de missiles de fabrication iranienne, selon les saoudiens.

Des responsables des deux parties ont eu des entretiens au cours des derniers mois à Bagdad, révélés pour la première fois en avril dernier. Ces entretiens sont considérés comme la communication la plus directe entre les deux parties depuis que Riyad a rompu tout lien avec Téhéran en janvier 2016.

Le mois dernier, l’Iran a annoncé que la tenue d’un nouveau cycle de pourparlers avec l’Arabie saoudite dépend de l’attitude de Riyad qui doit faire preuve de plus de “sérieux” dans le dialogue.

Le programme nucléaire iranien suscite autant d’inquiétudes chez ses voisins qu’auprès de la communauté internationale, qui le considère comme une menace pour la sécurité régionale et mondiale.

Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne et France) se sont engagés ce lundi dans une déclaration commune avant la conférence du TNP à “empêcher la prolifération des armes nucléaires”.

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