L’arrestation d’Osman Kavala par le régime du président Erdogan a créé de nouvelles problématiques dans le pays en déclenchant une crise diplomatique entre la Turquie et 10 pays occidentaux dont les États-Unis, l’Allemagne et la France qui demandent la libération immédiate de l’opposant.
Le Conseil européen a également pris une décision très stricte à l’encontre de la Turquie pour son refus de libérer Osman Kavala malgré une décision de justice de la Cour européenne des droits de l’homme rendue en 2019, ordonnant sa libération sous peine de suspendre de nombreuses transactions économiques.
C’est la deuxième fois que le Conseil de l’Europe a recours à des mesures aussi sévères contre l’un des 47 pays membres, la première fois étant en 2017, lorsqu’une mesure similaire a été lancée contre l’Azerbaïdjan pour son refus de libérer un opposant.
Cette sanction a exacerbé la crainte des investisseurs de voir la livre turque tomber à un niveau record, en particulier après que la banque centrale, sous la pression d’Erdogan, a réduit de manière inattendue les taux d’intérêt de 200 points la semaine dernière. Alors que le Fonds monétaire international s’attendait à ce que l’économie turque enregistre une hausse de 9% cette année, le taux d’inflation a doublé et la livre turque a chuté de plus de 50% par rapport au dollar depuis la dernière victoire électorale d’Erdogan en 2018.
Osman Kavala est un homme d’affaires turc d’origine grecque, originaire du village de Kavala. Il est issu d’une famille qui travaillait dans le commerce du tabac au moment de l’effondrement de l’empire Ottoman. Sa famille a choisi de vivre Turquie plutôt qu’en Grèce ou à Paris, où est né Osman. Il a grandi en Turquie et a étudié l’administration des affaires à l’Université Robert College d’Istanbul, avant de poursuivre ses études à l’Université de Manchester en Grande-Bretagne et d’entamer plus tard un doctorat à New York, qu’il a interrompu pour retourner en Turquie en 1982 après la mort de son père. Il est devenu responsable de l’entreprise familiale, allouant un certain nombre d’actifs pour défendre les organisations à but non lucratif, en particulier celles qui œuvrent pour la démocratie. Il est ainsi devenu une figure emblématique de la défense des minorités comme les communautés arméniennes et kurdes.
Kavala est en détention depuis octobre 2017. Il a été emprisonné pour plusieurs chefs d’inculpation jusqu’à son acquittement en février 2020. Mais quelques heures après sa libération, les autorités turques l’ont de nouveau arrêté pour de nouvelles accusations liées à la tentative de coup d’État manquée de 2016. Quatre ans plus tard, il est toujours en attente de son procès.
Les politiques répressives du président turc ont entraîné la fuite des investisseurs et réduit les chances de la Turquie d’attirer de nouveaux investissements étrangers. L’impact de la politique présidentielle a commencé à se manifester au second semestre 2018, lorsque l’économie turque s’est engagée sur une pente glissante suite à la décision des États-Unis de doubler les droits d’importation de l’acier et de l’aluminium, faisant chuter la livre turque de 49 % par rapport au dollar, au moment ou la dette de la Turquie s’élevait à 452,7 milliards de dollars selon la Banque centrale turque. Depuis, la situation s’aggrave de jour en jour.
En plus de la crise sanitaire du Covid-19 qui a fortement ébranlé le secteur du tourisme, le nombre d’arrestations et d’assassinats politiques toujours en hausse, a dissuadé beaucoup de monde à se rendre en Turquie.
L’effondrement de la valeur de la livre turque au cours des deux dernières années a entraîné une augmentation significative des coûts de production des biens sur le marché, provoquant un impact désastreux sur le pouvoir d’achat des citoyens, une baisse des indicateurs économiques comme l’immobilier et le tourisme, et une altération de la confiance des investisseurs et des consommateurs dans l’économie turque.
