Les répercussions de la rencontre Biden-Erdogan sur le Moyen-Orient

Des tensions teintées de prudence règnent entre Washington et Ankara. La rencontre du président américain Joe Biden et de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, à Rome en marge du sommet du G20, n’a pas abouti à un progrès tangible dans les relations entre les deux pays, à l’exception de quelques assurances diplomatiques pour améliorer leurs rapports à l’avenir, alors que les différends qui les opposent ne sont pas résolus et qu’une certaine inquiétude plane concernant une éventuelle escalade de conflits.

Sur un ton très positif, le président turc a confirmé avoir discuté avec son homologue américain de la question des avions “F-35” et de l’importation d’avions “F-16”. Il a déclaré que les deux parties avaient décidé de renforcer leurs relations économiques pour atteindre la somme de 100 milliards de dollars, et qu’elles avaient également décidé de coopérer dans le cadre du processus politique en Syrie, des élections en Libye, du conflit en Méditerranée orientale et des efforts diplomatiques dans le sud du Caucase.

Concernant la crise des avions, Erdogan a poursuivi : “Bien sûr, nous avons eu l’occasion de nous consulter sur les mesures à prendre dans le cadre de l’OTAN et du partenariat stratégique, et avant tout, nous avons le cas du F-35, comme vous le savez, nous avons effectué un paiement d’un milliard et 400 millions de dollars, et dans ce contexte, nous avons négocié l’importation d’avions F-16 et je n’ai vu aucune attitude négative de leur part à cet égard”. Mais de son côté, le président américain a déclaré : “Nous n’obtiendrons peut-être pas de résultats dans un avenir proche”.

La procrastination et l’apathie américaines reflètent bien les inquiétudes de la Maison Blanche au sujet des missiles russes S-400, et de la menace formulée par Erdogan (avant de la retirer) d’expulser les ambassadeurs de dix pays occidentaux dont les États-Unis pour avoir publié une déclaration appelant à la libération de l’homme d’affaires Osman Kavala, ainsi que des restrictions imposées aux institutions démocratiques et des violations des droits de l’homme et de l’État de droit en Turquie.

Malgré la reconnaissance de Washington des contributions apportées par Ankara à l’OTAN dans le cadre de la mission d’exploitation de l’aéroport Hamid Karzai dans la capitale afghane, Kaboul, pendant deux ans, Erdogan n’a pas obtenu l’approbation explicite des États-Unis pour lancer une opération militaire contre les positions des Forces démocratiques syriennes dans le nord-est de la Syrie, ou la Turquie inclut de nouvelles zones près de sa frontière sud avec la Syrie sous prétexte de la présence militaire kurde, qu’Ankara considère comme une “menace terroriste”.

Erdogan n’a pas non plus réussi à obtenir de conclusion claire sur la carte des terrains dans les zones situées à l’est de l’Euphrate, Washington ayant souligné la nécessité de “poursuivre les opérations de retour au calme” et Biden a insisté sur l’importance de parvenir à une solution politique.

Compte tenu de ces éléments, on constate que la rencontre entre Biden et Erdogan n’a pas désamorcé la tension entre les deux pays. Rien de concret n’a changé sur le terrain si ce n’est quelques promesses de résoudre les crises des avions F-16 et F-35, qui ont été gelées en raison du système de défense russe S-400 acquis par la Turquie. Le président américain a refusé toute action militaire en Syrie ou en Irak, et a confirmé que les résultats de cette réunion n’auraient pas d’impact significatif sur la carte des alliances au Moyen-Orient.

Les différends qui opposent Ankara et Washington ont été déclenchés par la politique hostile du président turc, son intervention militaire en Syrie, en Irak, en Libye et dans le Caucase, l’installation de ses bases militaires au Qatar et en Somalie, sa longue présence dans le nord de Chypre et sa tentative d’étendre son influence dans la mer Rouge.

La Turquie a développé sa propre production de défense nationale, notamment des drones qui ont provoqué des désastres en Libye et dans la région du Haut-Karabakh. Ankara a également affirmé avoir de nouveaux droits maritimes dans les eaux de la Méditerranée orientale, provoquant de graves tensions avec la Grèce, Chypre et la France.

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