Un rapport européen accuse le gouvernement turc d’avoir mandaté l’Etat islamique pour mener un attentat à Ankara

Un rapport européen accuse le gouvernement du président turc Recep Tayyip Erdogan d’avoir chargé l’organisation terroriste Etat islamique de mener un attentat à la bombe perpétré par deux kamikazes lors d’une marche organisée en 2015 dans la capitale, Ankara.

Hier, les médias turcs ont indiqué qu’un rapport du “Centre de situation et du renseignement de l’Union européenne” accusait le parti turc au pouvoir “Justice et développement” d’avoir mandaté l’organisation terroriste Daech pour mettre en œuvre l’incident du 10 octobre 2015. Deux kamikazes se sont fait exploser lors d’une marche pacifique près d’une gare dans le quartier Ulus de la capitale, tuant 103 personnes.

L’attentat, qui s’est produit avant les élections législatives anticipées du 1er novembre de la même année, est considéré comme le plus meurtrier ayant eu lieu au cours de l’histoire contemporaine de la Turquie. Le gouvernement turc a imputé l’attaque à l’organisation terroriste Daech qui n’en a pas revendiqué la responsabilité. Cet évènement a aggravé les tensions entre le gouvernement turc et le “Parti démocratique des peuples”, un parti d’opposition pro-kurde, qui a estimé que l’attaque était dirigée contre lui, étant à l’origine de l’appel pour organiser cette marche pacifique à laquelle ont pris part de nombreuses organisations de la société civile.

Les autorités ont inculpé 36 membres présumés de l’Etat islamique, dont certains ont été jugés par contumace. Les chefs d’accusation comprenaient le meurtre, l’appartenance à une organisation terroriste et la violation de l’ordre constitutionnel. Un tribunal turc a condamné neuf accusés à la réclusion à vie en août 2018. lors du procès qui a commencé en 2016, les témoignages ont mis en évidence les manquements en matière de renseignement et de sécurité aux frontières qui, selon les avocats, ont permis à certaines zones de Turquie de se transformer en véritables bastions pour les activistes terroristes.

Les médias turcs ont déclaré que le rapport du renseignement européen, daté du 13 octobre 2015 intitulé “Ankara Bombing”, a précisé que la mise en œuvre de l’attaque terroriste d’Ankara a fait suite au recrutement par l’AKP de membres de l’Etat islamique.

En analysant l’environnement politique de l’époque et les circonstances dans lesquelles l’attaque terroriste a eu lieu, le rapport a établi un lien entre l’attentat d’Ankara et l’attaque de l’Etat islamique du 20 juillet 2015, qui a ciblé des manifestants du “Parti socialiste des opprimés” dans la ville de Suruc à Sanliurfa (sud-est de Turquie), et qui a fait 33 morts et 109 blessés.

Parmi les similitudes relevées dans le rapport, une protection policière insuffisante, voire inexistante durant les deux évènements, et la présence du “Parti socialiste des opprimés” dans les deux marches. Les analystes estiment que “la responsabilité de l’attentat d’Ankara contre le rassemblement des militants kurdes incombe probablement aux terroristes de l’Etat islamique d’Irak et de Syrie (EIIS), qui opèrent le long des frontières de la Turquie avec la Syrie et l’Irak, mais l’approche des élections législatives qui devaient se tenir le 1er novembre 2015, a conduit les partis de l’opposition à soupçonner les forces soutenant les politiques gouvernementales répressives menées par Erdogan d’être impliquées dans l’attaque”. Le rapport européen considère que “la méthode utilisée dans l’attaque (le recours aux kamikazes) évoque le mode opératoire de l’Etat islamique, cependant, compte tenu de l’absence quasi totale des forces de l’ordre et des mesures de sécurité lors d’un rassemblement de masse, il y aurait des raisons de croire que dans ce cas précis, c’est le gouvernement AKP qui a déployé les combattants de l’Etat islamique”.

Dimanche dernier, de nombreuses villes turques ont commémoré le sixième anniversaire de l’attentat d’Ankara, mais la police a tiré des grenades lacrymogènes contre les participants et arrêté plusieurs d’entre eux à Ankara.
Seules les familles des victimes et certains représentants de la société civile ont été autorisés à se rassembler devant la gare où a eu lieu l’attentat terroriste.

D’autre part, les autorités turques ont annoncé hier l’arrestation du terroriste syrien, Dalil Hessou, responsable de la sécurisation des explosifs lors d’une attaque contre le siège du palais de justice de la ville d’Izmir le 5 janvier 2017, qui a entraîné la mort d’un policier et d’un employé, en plus des assaillants, et fait 9 blessés. Selon l’annonce des autorités turques, Dalil Hessou a été arrêté le 4 octobre 2021.

Les autorités ont déclaré que les enquêtes menées par le parquet d’Izmir ont révélé que Hessou avait apporté de Syrie les explosifs utilisés dans l’attaque avant de les remettre à leurs destinataires dans la province de Mardin (sud-est), et qu’il avait participé en 2015 à des attentats contre les forces de sécurité turques dans la commune de Nusaybin dans l’Etat de Mardin.

D’autre part, les services de sécurité turcs ont arrêté hier 7 membres de l’Etat islamique dans la province d’Adana, entrés illégalement sur le territoire turc depuis la Syrie et l’Irak où ils avaient rejoint les rangs de l’organisation. Les forces de sécurité ont confisqué du matériel informatique et un pistolet trouvés dans leur logement, et sont encore à la recherche du huitième élément du groupe qui a réussi à prendre la fuite.

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