Appel à la libération de Malcolm Bedali, un militant syndical détenu au Qatar dans des circonstances obscures

Les autorités qatariennes maintiennent toujours le militant kényan Malcolm Bedali à l’isolement dans un lieu inconnu. Son arrestation a eu lieu suite à des critiques qu’il a formulées à l’encontre du régime qatari concernant le mauvais traitement qu’il inflige aux ouvriers des chantiers de la Coupe du monde de football de 2022. Samedi 29 mai, plusieurs groupes de défense des droits humains ont appelé Doha à le libérer.

Cinq groupes de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International, ont déclaré que les services de sécurité du Qatar avaient arrêté Malcolm Bedali au début du mois à son domicile dans le but de l’interroger. Mais l’homme n’a pas été relâché. Il est depuis détenu dans un lieu inconnu.

Les groupes ont ajouté dans leur déclaration que Bedali, 28 ans, avait ouvertement dénoncé le “sort des travailleurs étrangers comme lui”.

Une semaine avant son arrestation, Bedali s’est entretenu avec un large éventail d’organisations de la société civile et de syndicats à propos de ses expériences de travail au Qatar.

Le 12 mai, les autorités qatariennes ont reconnu que Bedali était sous leur garde pour avoir enfreint les lois et les règles de sécurité, sans révéler son lieu de détention ni la raison de son arrestation.

Une communiqué de groupes de défense des droits de l’homme a déclaré: “Le sort de M. Bedali reste un mystère des semaines après avoir été emmené de chez lui. Rien ne prouve qu’il a été arrêté pour autre chose que ses activités légitimes en faveur des droits de l’homme, de la liberté d’expression et pour avoir dénoncé l’attitude du Qatar envers les travailleurs étrangers.”

La majorité des 6500 ouvriers morts sur les chantiers de la Coupe du monde ont été déclarés par Doha comme étant décédés de causes naturelles. Le Qatar a admis certaines carences dans son système et a annoncé avoir pris des mesures pour améliorer les conditions de travail et la sécurité des ouvriers sur les installations. Malgré cette annonce, des rapports indiquent que des violations de toutes sortes continuent d’être commises.

La campagne généralisée de critiques envers le Qatar place le pays devant des défis de plus en plus difficiles à l’approche du lancement de l’évènement sportif le plus populaire, dans un contexte de multiplication de rapports et de reportages dénonçant la souffrance des travailleurs migrants.

Les étrangers représentent 90% de la population qatarienne de 2,75 millions d’habitants. La plupart d’entre eux sont originaires de pays en voie de développement et travaillent sur des projets liés à l’organisation de la Coupe du monde de football.

A plusieurs reprises, Amnesty International a appelé Doha à enquêter sur la mort des milliers de travailleurs, à mettre en œuvre les recommandations de l’OIT, à améliorer les systèmes de contrôle des salaires, à accélérer les mécanismes de recours et à mettre en place de nouvelles mesures pour lutter contre les violations.

Les autorités qatariennes ont toujours promis de se pencher sur la question des travailleurs expatriés pour leur garantir leurs droits, mais elles sont toujours en retard dans la mise en œuvre de nouvelles mesures puisque la dernière date de 2015, lorsqu’un système de protection des salaires a été mis en place pour s’assurer que les employeurs respectent les délais fixés pour le paiement des salaires de leurs employés dans leur intégralité.

Human Rights Watch a confirmé il y a quelques mois que les travailleurs étrangers au Qatar sont toujours exploités par des employeurs sans scrupules qui retiennent ou réduisent leurs salaires et menacent de les expulser, laissant certains dans l’incapacité de se nourrir.

L’année dernière, le Qatar a affirmé que les conditions des travailleurs s’étaient améliorées après l’introduction de réformes telles que l’interdiction du système de parrainage qui lie le travailleur à l’employeur (kafala), mais les organisations affirment encore que les conditions des travailleurs n’ont pas changé, et Amnesty International a qualifié ces réformes d’insuffisantes.

Amnesty international a également accusé la FIFA de ne pas avoir pris au sérieux les violations des droits de l’homme engendrées par l’organisation de la Coupe du monde.

La misérable situation des travailleurs n’est pas le seul scandale de la Coupe du monde de 2022. Joseph Blatter, dirigeant sportif suisse et ancien président de la FIFA, a admis en avril 2020 l’existence d’une “ingérence politique” dans la décision d’accorder au Qatar le droit d’accueillir la Coupe du monde de 2022. Il a confirmé de ce fait le bien-fondé des accusations de corruption et de pots-de-vin que Doha aurait offerts pour organiser sur son sol le plus grand événement de football au monde.

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