Suite à la réélection du président syrien Bachar al-Assad pour un quatrième mandat après des élections que l’opposition et l’occident ont qualifiées de farce, le ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, a estimé ne voir aucune raison à l’heure actuelle de rétablir les relations avec le régime syrien qu’il accuse de continuer à commettre des crimes contre son peuple.
Après la réconciliation des pays du Golfe et le rétablissement des relations diplomatiques avec les pays précédemment boycottés, Doha avait redynamisé son rôle en Syrie mais en coordination avec le rôle joué par la Turquie.
Il y a des mois, Doha avait annoncé être prête à jouer un rôle pour mettre fin à la crise sur la base d’une solution politique qui satisfasse toutes les parties, mais sans toutefois renoncer à son soutien à l’opposition syrienne soutenue par le Qatar à l’apogée de la guerre civile.
Damas a accusé à plusieurs reprises le Qatar de jouer un rôle subversif en soutenant des groupes terroristes, notamment les Frères musulmans et des branches d’Al-Qaïda. Le gouvernement syrien considère tous les mouvements d’opposition comme des “groupes terroristes”.
Le Qatar a fait partie des pays de la région qui ont soutenu les groupes d’opposition armés dans la guerre civile syrienne qui a duré une décennie, mais certains pays comme les Émirats arabes Unis ont cherché à normaliser leurs relations après qu’Assad ait repris le contrôle de la majeure partie du pays.
La décision d’Abu Dhabi de normaliser ses relations avec Damas a été basée sur la logique et la réalité politique sur le terrain et s’inscrit dans le cadre des efforts consentis pour ne pas laisser la Syrie en proie à l’ingérence iranienne et turque.
L’absence des pays arabes en Syrie, comme cela avait été le cas en Irak, a permis à des puissances régionales telles que l’Iran, la Turquie et aussi la Russie, de pénétrer et de dominer l’arène syrienne, tandis que la proposition de restaurer la Syrie dans la Ligue arabe est toujours sujet à controverse.
“Nous n’avons vu aucune issue pour une solution politique acceptable pour le peuple syrien jusqu’à présent … Nous n’avons constaté aucun progrès dans ce domaine. Il y a une persistance a adopter la même approche et le même comportement”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères dans un entretien avec al-Arabi TV, basée en Grande-Bretagne.
“Nous n’avons aucune raison de rétablir les relations avec le régime syrien à l’heure actuelle … le régime syrien commet des crimes contre son peuple”, a ajouté Cheikh Mohammed.
Le gouvernement syrien a déclaré que les élections de mercredi avaient démontré que les choses se déroulaient normalement dans le pays malgré cette guerre qui a fait des centaines de milliers de morts et déplacé 11 millions de personnes.
Après la répression sévère dont a fait preuve le gouvernement syrien envers les manifestations au début du conflit, les pays arabes du Golfe ont décidé en 2012 de réduire leur niveau de représentation diplomatique auprès de Damas ou de fermer le siège de leurs missions diplomatiques en Syrie.
Les EAU ont rouvert leur ambassade à Damas fin 2018 pour tenter de contrer l’influence des pays non arabes en Syrie, comme l’Iran et la Russie qui soutiennent Assad, et la Turquie qui soutient les groupes d’opposition armés.
Les EAU ont un chargé d’affaires en Syrie. Le Sultanat d’Oman, l’un des rares pays arabes à entretenir des relations diplomatiques avec Damas, y a envoyé un ambassadeur en 2020.
Le ministre qatari, qui s’est rendu en Libye la semaine dernière, a déclaré que Doha prévoyait de rouvrir bientôt sa mission diplomatique à Tripoli.
L’ambassade a fermé en 2014 lorsque plusieurs missions étrangères avaient fermé leur siège dans la capitale libyenne, pendant que le pays se divisait en deux administrations en guerre.
Depuis la fin des combats en Libye l’été dernier, les factions se sont mises d’accord sur un nouveau gouvernement d’unité nationale chargé d’unifier les institutions et de préparer les élections de décembre prochain.
