Erdogan poursuit une chef de l’opposition qui l’a comparé à Netanyahu

Mardi, la chef turque du “Bon parti”, Meral Akşener, a déclaré au bloc parlementaire de son parti que, tout comme Netanyahu, le président turc Recep Tayyip Erdogan provoque des crises pour se maintenir au pouvoir.

“Benjamin Netanyahu, qui est un peu la version israélienne d’Erdogan, n’a pas hésité à viser des civils et des enfants pour saper les chances de ses opposants politiques et garder ainsi sa position”, a-t-elle déclaré, en référence aux attaques israéliennes dévastatrices sur la bande de Gaza.

Selon l’agence de presse Anatolie, Erdogan a déposé une plainte hier (20 mai) contre Meral Akşener et a exigé d’elle un dédommagement de 250 000 livres turques (24 475 euros).

Mercredi soir, lors d’une interview télévisée avec les jeunes du Parti de la justice et du développement (AKP), Erdogan a sévèrement critiqué Akşener, lui reprochant d’avoir agi “immoralement” en le plaçant au même niveau que Netanyahu. “Je n’ai jamais rencontré Netanyahu. Il n’a jamais été et ne sera jamais notre ami”, a t-il déclaré.

Durant ses 18 années en tant que Premier ministre puis président, Erdogan s’est toujours présenté comme un fervent défenseur de la cause palestinienne et accuse régulièrement l’Etat d’Israël de pratiquer le “terrorisme” envers les Palestiniens.

Lundi, Erdogan a violemment critiqué les dirigeants israéliens en raison des raids qui ont été menés depuis le 10 mai sur la bande de Gaza. “Ce sont des assassins qui vont jusqu’à tuer des enfants de cinq et six ans. Rien ne les contente en dehors des effusions de sang”, a-t-il déclaré.

De son côté, Washington a critiqué mardi ces déclarations en les qualifiant d ‘”antisémites”, ce à quoi la Turquie a répliqué en affirmant que ces accusations étaient “totalement inacceptables”.

Ce n’est pas la première fois qu’Erdogan lance des poursuites judiciaires contre ses détracteurs à l’intérieur comme à l’extérieur de la Turquie, sous prétexte d'”offense au président”, une accusation que l’opposition perçoit comme une excuse pour réprimer les détracteurs du président et de son gouvernement, et qu’elle considère comme malveillante et vengeresse.

Erdogan avait récemment annoncé son l’intention de poursuivre le président général du Parti républicain du peuple, Kemal Kılıçdaroğlu, après que ce dernier l’ait tenu pour responsable de la mort de 13 otages turcs, qui, selon Ankara, ont été exécutés par le PKK lors d’une opération militaire turque dans le nord de l’Irak visant à les libérer.

Depuis qu’il occupe la présidence avec des pouvoirs exécutifs élargis en 2018, Erdogan n’a cessé d’avancer “l’offense au président” comme prétexte pour poursuivre ses opposants politiques et ses critiques y compris en dehors de la Turquie, comme l’artiste satiriste allemand qu’il a poursuivi suite à la diffusion d’une satire insultante pour lui à la télévision allemande, ainsi que le député néerlandais Geert Wilders.

Mais le procès le plus retentissant reste celui qui a été intenté contre le principal parti d’opposition en Turquie, le Parti républicain du peuple. En 2018, l’avocat du président turc a intenté des poursuites contre 72 législateurs du parti dont son chef, Kemal Kılıçdaroğlu.

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