Algérie : Les assassins de Hervé Gourdel condamnés à mort

Le tribunal d’Alger a rendu son verdict jeudi 18 février à l’issue du procès contre les assassins de Hervé Gourdel, un guide français de haute montagne de 55 ans, parti explorer un nouveau site d’escalade dans le massif du Djurdjura, enlevé puis décapité par des djihadistes en septembre 2014.

Le crime a été revendiqué par le groupe terroriste Jund al-Khalifa (les soldats du Califat), affilié à l’Etat islamique. L’organisation avait exigé de l’Etat français de cesser ses frappes contre l’Etat islamique en Irak en échange de la vie de Hervé Gourdel, finalement tué le 21 septembre. Les djihadistes avaient publié 3 jours plus tard la vidéo de son exécution, provoquant l’effroi en Algérie et en France.

14 personnes étaient impliquées dans cette affaire, huit jihadistes présumés, dont sept jugés par contumace, et six autres poursuivies pour non-dénonciation de crime. Les sept djihadiste jugés par contumace, dont le principal accusé Abdelmalek Hamzaoui, ont tous été condamnés à la peine de mort par le tribunal de première instance de Dar El Beida dans la banlieue d’Alger. Une condamnation exceptionnelle car depuis 1993, l’Algérie applique un moratoire sur la peine capitale.

Souffrant de graves problèmes de santé responsables d’un premier report d’audience, Abdelmalek Hamzaoui, 36 ans, est arrivé au tribunal à bord d’une ambulance, accompagné d’une équipe médicale et surveillé par des gendarmes. Il a assisté à l’audience dans un fauteuil roulant. Interrogé par la présidente du tribunal, il a nié son implication dans le rapt et l’assassinat de Hervé Gourdel, accusant les autorités algériennes de vouloir le condamner pour “boucler le dossier et faire plaisir aux français”.

“Je retiens qu’il y a beaucoup d’incohérences dans les propos de l’accusé principal”, a affirmé Françoise Grandclaude, la veuve de Hervé Gourdel.

Le parquet a requis 3 ans de prison ferme et une amende de 100 000 dinars (environ 600€) contre Karim Oukara, Hamza Boukamoum, Oussama Dehendi, Amine Ayache et Kamel Saâdi, les cinq accompagnateurs du guide français accusés d’avoir mis trop de temps à alerter les autorités après son enlèvement. Leur avocat a demandé leur acquittement, estimant qu’il étaient également victimes des djihadistes. Ils avaient été enlevés en même temps que Hervé Gourdel puis relâchés 14 heures plus tard. Ils ont affirmé avoir prévenu la première caserne militaire des environs, dès qu’ils avaient pu reprendre la route. Abdelmalek Gouri, le chef du groupe Jund al-Khalifa, les auraient enfermés dans leur voiture et leur aurait interdit de démarrer avant le lever du jour.

Durant le procès, quatre des accompagnateurs ont formellement reconnu Abdelmalek Hamzaoui. Hamza Boukamoum a affirmé : “Je me souviens du dernier regard d’Hervé alors qu’ils l’emmenaient de force. Nous avons essayé de les arrêter mais ils nous ont repoussés en disant : Il ne vous importe pas, il n’est pas musulman.”

Les autorités algérienne déclarent avoir presque éliminé les djihadistes affiliés à Jund al-Khalifa, notamment le chef du groupe Abdelmalek Gouri et son successeur Bachir Kharza, abattus successivement en 2014 et 2015.

“Maintenant je peux tourner la page. Je peux faire mon deuil”, a réagi Françoise Grandclaude à la sortie de l’audience. Son avocat, Me Chawki Benarbia, a indiqué être “satisfait et content pour la famille”.


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