Donald Trump acquitté par le Sénat américain. Et maintenant?

Un verdict sans surprise. L’ex président des États-Unis Donald Trump a été acquitté samedi 13 février par le Sénat américain à l’issue de son procès pour “incitation à l’insurrection”, son deuxième procès en destitution. La voie lui est désormais ouverte pour 2024 et une nouvelle occasion lui est offerte de se poser en victime comme le met en évidence par ses propos Capri Cafaro, ex-élue démocrate et professeur à l’American University : “Cela peut être un cri de ralliement : marteler qu’il a été pris pour cible par la gauche et par la presse, de manière injuste.”

Le 20 janvier dernier à sa sortie de la Maison Blanche, il avait salué son “fantastique mandat de quatre ans” et avait promis à ses partisans de “revenir d’une manière ou d’une autre”. Une promesse qu’il a renouvelée l’issue de son acquittement en affirmant :”Notre mouvement magnifique, historique et patriotique, Make America Great Again, ne fait que commencer.” Une chose est sûre, Trump n’a pas encore dit son dernier mot.

Mais les choses pourraient-elles demeurer aussi aisées après le désastre du 6 janvier au Capitole et les violences dont il est l’instigateur? Bien qu’il puisse encore compter sur ses nombreux partisans comme le démontrent les sondages, les responsables républicains se sont quant à eux distancié de l’ex président depuis, ce qui représente un obstacle non négligeable à son avenir politique. Certains d’entre eux jugent son éventuel retour en 2024 compliqué et ont clairement pris position contre lui, comme Nikki Haley, l’une des prétendantes possibles à l’investiture républicaine qui a affirmé : “Il a pris un chemin qu’il n’aurait pas dû prendre, et nous n’aurions pas dû le suivre et nous n’aurions pas dû l’écouter. Et nous ne devons jamais laisser cela recommencer”. Sans compter que sa retraite de luxe dans sa demeure en Floride, à plus de 1000 km de Washington, pourrait quelque peu l’isoler et lui compliquer la tache.

Néanmoins, Trump peut encore compter sur le soutien de certains républicains qui le désignent encore comme le candidat idéal pour 2024, comme l’élue républicaine Marjorie Taylor Greene, autrefois adepte du mouvement d’extrême droit complotiste QAnon. Fidèle à Donald Trump, elle a lancé il y a quelques jours : “Ce parti est le sien. Il n’appartient à personne d’autre.”

Ainsi le vieux parti républicain semble plus que jamais divisé. Beaucoup souhaitent tourner la page de l’ère Trump sans trop savoir comment amorcer un nouveau départ. Les évènements du 6 janvier et le refus de Trump de reconnaitre sa défaite les a placé dans une position embarrassante. Le soutien de certains d’entre eux dans son procès en destitution semble discutable. Le leader républicain au Sénat Mitch McConnell qui a voté l’acquittement en justifiant sa décision à travers des questions de droit, a toutefois déclaré Donald Trump “moralement responsable” des violences du 6 janvier. Wendy Schiller, de la Brown University, pense que “Les sénateurs qui ont voté l’acquittement se sont peut-être protégés contre des primaires périlleuses face à des candidats plus extrêmes au sein de leur parti, mais ils se sont aussi rendus plus vulnérables lors des vraies élections”.

L’idée de la création par les républicains d’un nouveau parti contre droit pour rompre avec Trump et sa politique commence à émerger. Une idée difficile à mettre en œuvre et à faire accepter dans un pays qui s’est toujours articulé autour du parti démocrate et du parti républicain.

En attendant, loin de la Maison Blanche, Trump a du pain sur la planche. Son immunité présidentielle perdue, il doit faire face à plusieurs affaires en attente dont une enquête sur de possibles allégations de fraude fiscale, fraude aux assurances, ou fraude bancaire menée par le procureur de Manhattan, Cyrus Vance. Son ex avocat Michael Cohen, qui purge actuellement une peine de prison, a affirmé au Congrès que Donald Trump et sa société manipulaient la valeur de leurs actifs pour obtenir des prêts bancaires ou réduire leurs impôts. Si ces allégations s’avèrent fondées, Donald Trump risque l’emprisonnement. S’ajoutent à cela les plaintes pour agression et harcèlement sexuel déposées par de nombreuses femmes dont l’ancienne chroniqueuse E. Jean Carroll, et l’ancienne candidate de l’émission “The Apprentice”, Summer Zervos.

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