Les travailleurs migrants au Qatar : L’esclavage version XXIe siècle

Au Qatar, 1.8 millions de travailleurs migrants sont privés de leurs libertés et de leurs droits fondamentaux, une dévalorisation de l’humanité qui ne serait jamais tolérée dans les pays démocratiques ou se trouvent la plupart des sièges des entreprises présentes au Qatar.

Faibles salaires, logements indécents, maladies, décès, accidents de travail… les entreprises ne reculent devant rien au nom du bénéfice. Cet esclavage moderne pourtant de notoriété publique, n’empêchent pas les entreprises étrangères de continuer à réclamer des licences pour s’installer au Qatar et d’adopter une politique raciale discriminatoire qu’elles n’auraient jamais pu appliquer dans leurs propres pays.

Au Qatar, le système de la “kafala” ne permet pas aux travailleurs africains ou asiatiques de disposer du même statut que les autres travailleurs, leur liberté de déplacement est très restreinte, leur salaire dérisoire. Tous ces paramètres dépendent du bon vouloir de leur “kafil”, à savoir leur responsable dès leur entrée sur le territoire, une sorte de “parrain”.

La Confédération syndicale internationale (CSI) a longtemps exigé que le gouvernement du Qatar harmonise ses lois avec les normes internationales, à commencer par la suppression du visa de sortie, la représentation des travailleurs afin de leur permettre de s’exprimer collectivement, la mise en place d’un salaire minimum national, d’un mécanisme de réclamation contre les entreprises et d’un tribunal du travail indépendant. Difficile d’imaginer en 2021 que dans certains pays ces normes sont inexistantes et il est déplorable que nos universités ne dispensent pas de cours sur l’esclavage du 21e siècle.

En 2020, de nombreux ouvriers du chantier de construction d’un des stades de la Coupe du monde 2022 n’ont pas été payés pendant 7 mois. Ils n’ont pu obtenir une partie de leurs salaires qu’une fois que Amnesty International a pris contact avec la FIFA. “Cela concerne plus de 100 travailleurs. Leurs problèmes ont commencé début 2019 et se sont poursuivis jusqu’en 2020. Ces mois non payés sont des mois où les travailleurs ont travaillé et on connaît les conditions de travail au Qatar : souvent des conditions dangereuses dans des températures extrêmes”, a rapporté Sabine Gagnier, chargée de plaidoyer pour Amnesty International, au micro du service international de RFI.

Le système de la “Kafala” a été abolie Suite à l’adoption le 30 août 2020 de la loi n° 18 de 2020, mettant fin à l’obligation pour les travailleurs immigrés d’obtenir l’aval de leur employeur pour changer de travail, et imposant un salaire minimum non-discriminatoire. “L’État du Qatar s’est engagé à créer un marché du travail moderne et dynamique”, s’est félicité Youssef Mohammad al-Othman, le ministre du Développement administratif, du Travail et des Affaires sociales. Le Qatar est devenu le premier pays de la région à démanteler ce système, mais les ONG qui dénoncent régulièrement le traitement esclavagiste des travailleurs migrants au Qatar, estiment que ces réformes sont insuffisantes. “Le nouveau salaire minimum va booster les revenus de certains des travailleurs les moins biens rémunérés au Qatar, mais le niveau fixé demeure bas”, a déclaré le responsable de la justice économique et sociale d’Amnesty International, Steve Cockburn.

Les ONG dénoncent également l’absence de prise en charge des travailleurs migrants ayant fortement été touchés par la pandémie de Covid-19 dans de nombreux pays du Golfe. Beaucoup logent dans des endroits non propres à l’habitation et n’ont pas accès aux soins. “Parler de la fin de la kafala peut être prématuré tant que la résidence des travailleurs (migrants) restera liée à leurs employeurs”, a fait remarquer l’ONG Fair/Square sur son compte Twitter.

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