Trahisons et guerre de pouvoir au sein de la Confrérie des Frères musulmans

Le coup d’Etat de 2013 en Egype a porté un coup fatal à la Confrérie des Frères musulmans. L’organisation terroriste a assisté à l’arrestation de plusieurs de ses cadres et à la dispersion d’autres à l’étranger, notamment en Turquie, profitant de la conjoncture actuelle entre l’Egypte et Ankara pour échapper aux arrestations.

La confusion règne au sein même de la Confrérie dont les membres en fuite sont divisés depuis l’arrestation du guide général par intérim Mahmoud Ezzat. Les accusations fusent dans tous les sens et les coups bas sont légions.

L’organisation n’a jamais été aussi divisée. Beaucoup parmi les membres ont approuvé le limogeage de Mahmoud Hussein, leur secrétaire général en fuite à l’étranger, qui contrôlait tous les fonds et les financements. Hussein est désigné comme le principal responsable des conflits au sein du groupe et son poste est supprimé, suite à quoi Helmy Al-Djazar a été désigné pour choisir un comité de médiation censé rétablir l’ordre dans l’organisation.

Issam Telima, un des chefs fugitifs de la Confrérie a enregistrée une vidéo dans laquelle il a attaqué les dirigeants terroristes se trouvant à l’étranger, dont Mahmoud Hussein et Mahmoud Al-Ibari, leur reprochant d’être à l’origine des échecs et des hostilités au sein de l’organisation. Il les accuse d’avoir écrit au nom de Mahmoud Ezzat, des lettres insultantes et diffamatoires à Youssef Al-Qaradaoui dans lesquelles ils l’accusent de trahison pour détourner l’attention de leurs propres mensonges et des crises qu’ils ont eux même provoquées. Il les accuse également d’avoir nommé Ibrahim Mounir comme guide adjoint et responsable de l’organisation à l’international pour servir leurs propres intérêts, et ce sans consulter personne, ainsi que d’avoir dénoncé Mohammed Kamal qui s’est fait tué lors d’une confrontation avec les forces de l’ordre en Egypte.

Issam Telima

La Confrérie s’est vite scindée en deux fronts. le Bureau général, qui représente la nouvelle section et qui blâme les anciens chefs d’avoir échouer à mener la révolution, et la section traditionnelle qui était sous la direction de Mahmoud Ezzat et Mahmoud Hussein. Ainsi deux bureaux d’orientation distincts ont vu le jour, se répartissant les gouvernorats. Mais les dirigeants traditionnels ont gardé les meilleures cartes du jeu, celles des finances. Cela n’a pourtant pas dissuadé la nouvelles branche à poursuivre les hostilités, ce qui a conduit l’ancienne à faire pression en adoptant la stratégie de réduire les aides des frères musulmans détenus et de leurs familles qui sympathisent avec la nouvelle organisation.

A l’étranger, en particulier en Turquie ou beaucoup de membres et de dirigeants ont cherché refuge, la situation n’est guère meilleure. L’ancienne organisation dirigée par Mahmoud Hussein, tente de préserver la hiérarchie et de restaurer son pouvoir en interne, tandis que la nouvelle représentée par le bureau général tente de marquer la différence en introduisant des jeunes et des femmes pour la première fois dans l’histoire de la Confrérie.

Mais les finances étant aux mains de la branche traditionnelle, celle-ci cherche à exploiter le dossier des fugitifs comme elle l’a fait avec celui des détenus à travers les aides qu’elle leur verse, d’autant plus que la situation financière des jeunes en Turquie est particulièrement difficile, et le statut de la majorité d’entre eux ne les autorise pas à travailler.

En outre, l’arrestation de Mahmoud Ezzat a été une grande opportunité pour Ibrahim Mounir d’intervenir pour la restructuration du groupe et l’évincement très relatif de Mahmoud Hussein, devenu une source abondante d’ennuis. La mission de Mounir est de réunifier les membres dont les dissentions ne servent pas les intérêts de la Confrérie, en particulier sur la question de la Lybie et de la méditerranée orientale qui peut pousser la Turquie à un certain niveau de réconciliation avec l’Egypte. Ibrahim Mounir a décidé de supprimer le secrétariat général égyptien (dirigé par Mahmoud Hussein) et de former un comité auxiliaire du guide général adjoint qui inclut l’ancien secrétaire général Mahmoud Hussein et quelques chefs du groupe dont les noms ne sont pas encore rendus publics. Le nouveau comité mis en place hors Egypte remplace désormais l’ancien bureau d’orientation et son secrétariat général.

Related articles

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here