À l’issue du sommet des Nations unies sur le climat (COP28), qui s’est achevé la semaine dernière à Dubaï, les représentants de près de 200 pays ont signé un pacte visant à abandonner les combustibles fossiles et à cesser d’émettre du dioxyde de carbone d’ici à 2050.
La conférence annuelle des parties réunit des diplomates pour discuter du changement climatique dans le cadre de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Plusieurs experts associés à l’Institut Ralph O’Connor pour l’énergie durable (ROSEI) de l’université Johns Hopkins ont participé à la COP28, parmi eux, Ben Zaitchik, professeur des sciences de la terre et des planètes à la Krieger School of Arts and Sciences, Nick Zhang, candidat au doctorat dans le département de science et d’ingénierie des matériaux de la Whiting School of Engineering, et Dan Kammen, professeur d’énergie à l’université de Californie à Berkeley, qui fait partie du comité consultatif du ROSEI.
L’accord de cette année a fait la une de l’actualité internationale lorsque les pays se sont engagées à abandonner progressivement l’utilisation du gaz, du pétrole et du charbon et à passer à l’éolien, au solaire et à d’autres alternatives renouvelables au cours des 30 prochaines années.
Benjamin Link, directeur général de ROSEI, a fait part de ses réflexions sur les promesses et les lacunes du pacte, ainsi que sur les changements que nous pouvons espérer voir avant la COP29 qui se tiendra en novembre 2024.
« Depuis près de trente ans, les pays participant aux sommets de la COP ont refusé de désigner les combustibles fossiles utilisés pour le transport, la production d’électricité et la production de matériaux comme l’un des principaux facteurs du changement climatique d’origine humaine. Le fait que le document de résolution final de la COP28 comprenne l’appel à « abandonner les combustibles fossiles » est donc important et aurait dû être adopté depuis longtemps », a déclaré Benjamin Link.
Interrogé par Hub sur la signification de l’approbation du pacte mondial visant à « abandonner les combustibles fossiles », il a répondu : « Les critiques relatives à la résolution de la COP de cette année portent essentiellement sur l’échelle d’action, sur le fait que nous avançons à petits pas en tant que groupe de nations, alors qu’il faudrait plutôt avancer à pas de géant. Je pense que nous devons nous mettre d’accord sur des changements structurels à l’échelle de la société concernant la façon dont nous construisons, ce qui propulse nos véhicules et la façon dont nous produisons de l’électricité. D’une manière générale, nous disposons d’une grande partie de la technologie nécessaire pour nous orienter vers les énergies et les carburants renouvelables. Nous avons besoin d’un leadership politique cohérent et d’une politique pour conduire la transition. »
Après l’annonce de la création du pacte, certains l’ont critiqué publiquement. A ce sujet, Benjamin Link a déclaré : « Une autre critique de la réunion de la COP28 est le sous-financement continu des mécanismes financiers permettant aux pays du Sud (divers pays en développement de l’hémisphère sud) de progresser dans leurs transitions énergétiques. Nous partageons tous une seule et même atmosphère, c’est pourquoi nos progrès vers les objectifs climatiques mondiaux ne peuvent être qu’aussi réussis que les transitions énergétiques propres des pays qui ne disposent pas des investissements en capital nécessaires pour développer les nouvelles économies énergétiques. Cet investissement dans la justice énergétique produira un excellent retour sur investissement pour la planète Terre.
Concernant les changements que nous devrions espérer voir avant la COP29 pour que l’année de lutte contre le changement climatique soit considérée comme réussie, Benjamin Link a indiqué : « C’est une excellente question, et il est très important que nous nous responsabilisions d’une COP à l’autre. Les réunions de la COP sont un peu comme les Jeux olympiques ou la Coupe du monde. Le véritable travail se déroule dans les jours, les semaines et les mois qui séparent les réunions de la COP, ponctués par le grand événement qui fait la une des journaux. Les progrès seront mesurés à l’aune de notre réussite dans la mise en œuvre de l’objectif qui vient d’être convenu et qui consiste à tripler les énergies renouvelables dans les pays participants d’ici à 2030. À quoi cela ressemble-t-il pour les États-Unis, l’Inde, la Chine et le Nigeria ? La définition des objectifs lors des COP est relativement facile par rapport au travail de mise en œuvre qui suit. Le ROSEI est en première ligne des efforts de mise en œuvre, analysant des térawatts et des MMBTus (unités thermiques britanniques) de gaz fossile dans les différents secteurs économiques pour déterminer comment aller de l’un à l’autre. »
« Nous avons une énorme contribution à apporter à Hopkins parce que nous faisons appel à des technologues de l’énergie, des économistes, des modélisateurs d’émissions et des experts politiques dont les efforts collectifs peuvent tracer des voies de transition énergétique pour n’importe quel pays dans le monde. »
« Le défi majeur que représente le changement climatique est un défi de collaboration et de compromis. La réussite passe par un travail d’équipe désintéressé plutôt que par des héros individuels. La COP28 a ajouté de nouveaux points de progrès à la mosaïque mondiale des efforts de décarbonisation. Hopkins et ROSEI prendront ces points et les connecteront », a-t-il conclu.