L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis absents de l’alliance maritime contre les Houthis

Washington a annoncé la liste des pays participant à une nouvelle alliance maritime visant à protéger la navigation dans la mer Rouge du groupe yéménite Houthi, mais contre toute attente, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis n’ont font pas partie.

L’Arabie saoudite dispose d’une armée équipée de technologies américaines, mène une guerre contre les Houthis depuis environ neuf ans et dépend des ports de la mer Rouge pour 36 % de ses importations. Mais le Royaume et son allié du Golfe, les Émirats arabes unis ne s’intéressent pas au projet américain. La principale raison de leur absence semble être leur crainte que leur participation ne porte atteinte à un objectif stratégique à long terme qui consiste à mettre fin à la guerre au Yémen et au conflit avec l’Iran, le principal soutien des Houthis.

Les Houthis, qui contrôlent une grande partie du Yémen, lancent depuis des semaines des attaques contre des navires en mer Rouge en réponse à la guerre menée par Israël contre le groupe Hamas à Gaza.

Les attaques des Houthis contre Israël n’ont pas d’impact direct ou significatif, mais elles nuisent aux alliés occidentaux d’Israël en perturbant le commerce international. Mercredi, le leader des milices Houthi a menacé d’étendre cette opération aux navires de guerre américains.

Qu’ils choisissent de s’abstenir totalement ou de jouer un rôle secondaire, les deux pays ne veulent pas donner l’impression de participer à une campagne qui pourrait saper leur stratégie régionale à long terme et retourner contre eux la colère du monde arabe face aux évènements qui se déroulent à Gaza.

Deux sources du Golfe proches du dossier ont expliqué que l’absence des Saoudiens et des Émiratis était due à leur volonté d’éviter une escalade des tensions avec l’Iran, ou de mettre en péril les efforts de paix au Yémen en se joignant à une quelconque action navale.

Iyad al-Rifai, de l’Université King Abdulaziz de Djeddah, a déclaré : « Une autre guerre implique le passage du processus politique à une autre opération militaire qui pourrait gâcher la carte géopolitique du Moyen-Orient à l’heure actuelle. »

Motivés par leurs inquiétudes concernant l’engagement des Etats-Unis à long terme, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont tenté pendant des années de modifier l’orientation de leur politique régionale, de rechercher de nouveaux partenaires, de reconsidérer leurs relations avec Israël et de résoudre la concurrence avec l’Iran.

Jusqu’à présent, les étapes les plus importantes de ce processus sont représentées par un accord négocié par la Chine entre l’Arabie saoudite et l’Iran en février et l’établissement de relations diplomatiques entre Israël et les Émirats arabes unis en 2020.

Cependant, les Saoudiens veulent également mettre fin à leur guerre de près de neuf ans au Yémen, qui s’est transformée en une impasse qui a parfois porté atteinte à leurs intérêts et déstabilisé la sécurité, notamment à travers des attaques de drones lancées par les Houthis contre des aéroports et des centrales électriques.

Il est vrai que les Émirats arabes unis ont retiré une grande partie de leurs forces du Yémen en 2020, mais la paix demeure importante pour eux, les Houthis ayant déjà ciblé leur capitale, Abou Dhabi, avec des attaques de drones et de missiles l’année dernière.

L’Arabie saoudite espérait que la résolution de ces différends régionaux lui permettrait de se concentrer sur une liste ambitieuse de priorités, dont la construction de nouvelles villes et l’occupation d’une position plus importante sur la scène internationale, en accueillant notamment la Coupe du monde 2034.

Israël mène une guerre à Gaza avec le plein soutien américain après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre. Cette guerre menace de saper le rêve saoudien, de plonger la région dans une nouvelle ère d’incertitude et d’attiser la colère des Arabes contre l’Occident et ses alliés du Golfe.

Les relations entre les Émirats arabes unis et Israël se sont détériorées en raison de la guerre, qui a fait dérailler les négociations de normalisation saoudo-israéliennes et a fait de la politique américaine une option inconfortable pour les dirigeants arabes.

De nombreux Arabes ont salué les attaques des Houthis contre Israël et le trafic maritime dans la mer Rouge, qu’ils considèrent comme un exemple rare d’action arabe pour soutenir les Palestiniens.

D’un autre côté, l’Iran est à la tête de ce qu’il appelle l’axe de la résistance, une alliance qui inclut le Hamas et des groupes chiites armés qui combattent militairement Israël et ses alliés occidentaux.

L’Iran nie les allégations saoudiennes et occidentales selon lesquelles il apporterait un soutien matériel et logistique aux Houthis, mais a clairement exprimé son point de vue sur l’alliance de la mer Rouge.

 « Tout pays qui rejoint la coalition américaine pour faire face à cette action (des Houthis) participe directement au meurtre d’enfants par le régime sioniste », a déclaré Ali Shamkhani, conseiller du guide suprême iranien, dans un message sur les réseaux sociaux.

Related articles

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here