Justice tunisienne : Une lenteur qui sert Ennahda et place le président au cœur des critiques

De plus en plus critiqué par ses partisans pour la lenteur des réformes initiées depuis le 25 juillet 2021, le président tunisien Kais Saied a pris la décision de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature, chargé d’assurer l’indépendance du pouvoir judiciaire et le contrôle du travail des juges.

Avant l’annonce de cette décision, Kais Saied a fait une série de déclarations pleines de ressentiment contre “la lenteur de la justice concernant des dossiers importants restés sur la table pendant de nombreuses années” selon ses propos. Depuis que Saied a annoncé le gel du Parlement le 25 juillet, les Tunisiens ont beaucoup espéré l’ouverture des dossiers de corruption longtemps passés sous silence, ainsi que des réponses aux problématiques dénoncées par la rue tunisienne, notamment les assassinats politiques et la crise économique.

Après plus de six mois d’immobilisme, des voix ont commencé à s’élever contre Saied, ce qui s’est directement soldé par la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature.

Avec cette décision, la Tunisie attend des mesures urgentes dans des affaires telles que les assassinats des politiciens de gauche Chokri Belaid et Mohamed Brahmi dans lesquels est impliqué le Mouvement islamiste Ennahda, selon le comité de défense qui accuse des parties du système judiciaire de couvrir Ennahda et de perturber le cours de l’affaire.

Les Tunisiens attendent également des progrès tangibles dans l’enquête sur la mort mystérieuse du policier tunisien Mohsen al-Adili, retrouvé pendu à son domicile, et dont les proches réfutent la thèse du suicide et dénoncent un assassinat commis par Ennahda.

Dans une déclaration au journal La Référence, l’écrivain politique tunisien Nizar al-Jledi a indiqué qu’Ennahda a réussi ces dix dernières années à s’assurer une présence dans les différentes administrations tunisiennes, et qu’il n’est pas exclu que le Mouvement soit à l’origine de la lente progression des dossiers qui le menacent.

Selon l’écrivain, la décision de l’administration tunisienne concernant le dossier al-Adili n’est pas à la hauteur de la situation. Il espère que l’État agira en fonction de l’événement qui s’apparente fortement à un assassinat politique.

Ennahda est le Parti le plus impacté par la décision de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature car il est soumis à plusieurs affaires, toutes susceptibles de le conduire à la dissolution et à l’emprisonnement de ses dirigeants.

Outre les assassinats politiques, il y a le dossier des Tunisiens envoyés vers les zones de conflit. Si ces accusations sont fondées, Ennahda sera le premier responsable du placement de la Tunisie à la tête des pays exportateurs de terroristes au cours des dix dernières années.

En parallèle, le Mouvement Ennahda est accusé d’avoir reçu des fonds étrangers lors des élections législatives de 2019. Le Parti entretient en effet de nombreuses relations suspectes avec des pays liés aux Frères musulmans.

Les détracteurs d’Ennahda estiment que le Mouvement œuvre en Tunisie au profit des objectifs des Frères musulmans et non par nationalisme, notant son soutien aux milices armées qui contrôlaient la capitale libyenne jusqu’à récemment, faisant de la Tunisie un pays terroriste et extrémiste aux yeux de l’opinion.

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