Tehreek-e-Labbaik Pakistan : Un bel exemple de l’influence des mouvements islamiques en Asie

Au Pakistan, les mouvements religieux prolifèrent et donnent naissance à d’éminents acteurs très influents sur la scène politique, et dont les opinions ont un fort impact sur le cours des événements.

Le Parti islamiste Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), d’obédience barelvie, une branche du soufisme, a dominé l’actualité de ces derniers mois. Ce courant s’est répandu dans plusieurs pays, notamment le Pakistan et l’Inde.

Le Parti a intensifié ses efforts contre le gouvernement de Nawaz Sharif en 2018 et a récemment menacé d’organiser une marche de colère vers Islamabad pour protester contre le gouvernement d’Imran Khan.

Après avoir gagné un soutien populaire qui n’a cessé de croitre ces dernières années, il est devenu fort probable que le Parti parvienne à assumer un rôle beaucoup plus important dans un avenir proche.

Cette possibilité a alimenté les spéculations sur le rôle grandissant du groupe dans la politique électorale. Il est devenu le troisième plus grand Parti du Pendjab à l’issue des élections de 2018, et beaucoup pensent qu’il pourrait mieux faire aux prochaines élections.

Le gouvernement pakistanais a souvent cédé aux protestations du TLP, notamment en acceptant de négocier lorsque ses dirigeants avaient rassemblé des milliers de sympathisants pour dénoncer l’acquittement par la Cour suprême de Assia Bibi, femme chrétienne condamnée à mort en 2010 pour blasphème envers l’islam. Le gouvernement avait interdit à la femme de quitter le Pakistan en attendant un recours en révision. Asia Bibi a finalement été acquittée le 29 janvier 2019.

Très hostile à la France, le TLP a également demandé au gouvernement de fermer l’ambassade de France à Islamabad et d’expulser l’ambassadeur, en réponse à la publication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo.

Le 14 avril 2021, le Cheikh Rashid Ahmed, le ministre pakistanais de l’intérieur, a annoncé l’interdiction du TLP suite à une vague de violence déclenchée par l’arrestation de Saad Rizvi, le leader du Parti. “Nous avons tenté jusqu’au dernier moment de les convaincre d’approuver une résolution à présenter à l’assemblée, mais nos efforts n’ont pas porté leurs fruits”, a déclaré le ministre de l’Intérieur en référence aux négociations entre le gouvernement et le Parti.

Après l’annonce de l’interdiction du Parti, ses sympathisants ont organisé plusieurs manifestations, bloqué les axes routiers menant à Islamabad et déclenché des émeutes à Karachi qui ont fait 2 morts parmi les policiers et au moins 340 blessés.

Le 7 novembre 2021, le gouvernement pakistanais annonce la levée de l’interdiction du TLP dans “l’intérêt national”, au vu des engagements pris par le Parti de cesser toute violence. Le gouvernement a libéré le chef du mouvement, Saad Hossein Razavi, et son nom a été retiré de la liste des personnes soupçonnées d’activités terroristes ou sectaires.

Certains observateurs pensent que le mouvement continuera à fonctionner comme un groupe de pression sans prendre part directement aux élections, afin de sauvegarder l’équilibre de son importante côte de popularité dans les villes et les villages du Pendjab, et qu’il mettra ce temps à profit pour se préparer avant de se présenter plus tard, lorsque la scène électorale sera plus propice.

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