Quel avenir pour al-Qaida ?

L’élimination des dirigeants des premier et deuxième rang du réseau terroriste al-Qaida dirigé par Ayman al-Zawahiri, dont la mort a été signalée mais pas confirmée, affectera certainement l’avenir nébuleux de l’organisation.

Ironie mise à part, la séparation brusque de la tête et du corps du groupe al-Qaida lui fait traverser la pire crise qu’il ait jamais connue. Le corps se noie dans des conflits qui n’en finissent plus, sans tête capable de le mettre à nouveau debout. Par le “corps” du groupe, nous entendons les branches agonisantes d’Afrique du nord, du Sahel, du Sahara, du Yémen, de l’Afghanistan, de la Somalie et bien d’autres. Et par la “tête”, nous entendons “commandement centralisé”.

Cependant, on aurait tort de croire qu’al-Qaïda n’est qu’une simple organisation qui disparaitra avec la disparition de son conseil de direction. Comme d’autres organisations terroristes, al-Qaida est une idéologie, et l’idéologie ne meurt pas avec la mort de celui qui la prône. D’ailleurs, on peut affirmer sans prendre le risque de se tromper que les idées d’al-Qaida continuent encore aujourd’hui d’inspirer les éléments de l’Etat islamique et ses dirigeants. Finalement, l’Etat islamique n’est qu’une extension d’al-Qaida. Le fondateur d’al-Qaida, Abu Musab al-Zarqawi, qui a posé avant Ben Laden les jalons de l’organisation, est même perçu comme le premier dirigeant de l’Etat islamique. Quant à Oussama Ben Laden, il représente pour eux “le chef martyr”. Cela signifie qu’al-Qaïda représente toujours une menace pour le monde, même dans une moindre mesure.

En réalité, le désaccord entre l’Etat islamique et al-Qaida concerne surtout son chef Ayman al-Zawahiri. Lorsque les membres de l’EI adressent leurs critiques à al-Qaida, ils y attachent toujours le nom d’al-Zawahiri en précisant “al-Qaida Zawahiri” (la base de Zawahiri), comme si l’organisation s’était scindée en deux. La première est attribuée à son fondateur Oussama Ben Laden, et la seconde à son successeur Ayman al-Zawahiri.

Personne ne sait jusqu’à présent si la priorité dans la stratégie d’al-Qaïda est de lutter contre l’ennemi juré américain, ou plutôt contre les dirigeants arabes alliés avec les États-Unis. Cette stratégie pourrait peut-être se clarifier dans l’avenir, si la mort d’al-Zawahiri est effectivement confirmée.

Il est très probable qu’Al-Qaïda devienne un jour lointain une organisation historique avec un héritage médiatique grâce à ses enregistrements audio, vidéo et écrits produits par les institutions de l’organisation, à leur tête la Fondation As-Sahab qui a collecté des données durant une longue période, au cours de laquelle elle a dirigé ce que l’on appelle à tort les médias djihadistes. Cet héritage a été récupéré par Daech qui l’a développé qualitativement, quantitativement et plus rapidement. Des milliers de livres et de publications ont été édités à partir d’audios et de visuels grâce à ses médias officiels appelés le “Bureau central des médias”, ou ses médias informels appelés “Supportive Media”. En six ans à peine, ces institutions ont publié beaucoup plus que ce qu’a pu produire la Fondation As-Sahab.

En résumé, l’expansion et l’immobilisation de toute organisation ne dépendent pas seulement de la mort ou de la survie de son leadership, même s’il est un facteur clé dans l’équation. L’élément le plus influent reste le facteur matériel représenté par les sources de financement et le soutien de certains pays et organisations à travers leur argent et leurs relations avec les chefs terroristes dans le monde. Ces pays œuvrent pour mettre en place un leadership capable de réaliser les intérêts communs, à savoir maintenir la menace et l’insécurité dans le monde et les exploiter pour promouvoir leurs produits d’armement et très souvent, vendre des armes à la fois aux organisations terroristes et aux armées qui les combattent. Ces pays sont les grands bénéficiaire de ce conflit prolongé.

Related articles

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here