Libye: Les Frères musulmans manquent une occasion au Parlement face au gouvernement Dbeiba

Depuis son siège situé dans la ville de Syrte, le Parlement libyen a voté pour approuver le nouveau gouvernement d’unité nationale libyen dirigé par AbdelHamid al-Dbeiba et lui a donné entière confiance pour travailler sous une seule administration et mettre fin à une décennie de chaos et de violence en vue des prochaines élections en décembre 2021.

Le nouveau gouvernement d’unité nationale prêtera le serment constitutionnel au siège de la Chambre des représentants libyenne à Benghazi (siège permanent du parlement) le lundi 15 mars 2021. Le mandat du gouvernement prendra fin le 24 décembre 2021, date des prochaines élections présidentielles et législatives. Un gouvernement intérimaire sera mis en place jusqu’à la fin des élections.

Octroi de confiance

Depuis le lundi 8 mars, une session de réunions qui a duré 3 jours consécutifs a eu lieu dans la ville libyenne de Syrte, pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre et du chaos. Selon la feuille de route supervisée par une délégation des des Nations Unies, les parlementaires libyens ont donné au cours de cette session leur confiance au nouveau gouvernement d’unité nationale, mais les députés ont reporté le vote.
Après des concertations qui ont duré trois jours, le Parlement a réussi à tenir une session formelle en bonne et due forme pour donner au gouvernement de Dbeiba la confiance nécessaire pour agir et exercer ses fonctions.

Les députés ont discuté de la formation du gouvernement d’unité nationale présentée par Abdelhamid Dbeiba n’a pas fait l’unanimité. Certains députés ont encouragé l’octroi de la confiance au nouveau gouvernement tandis que d’autres se sont opposés aux choix des membres du nouveau gouvernement. Un certain nombre parmi eux a exigé que les résultats du dialogue de Tunisie, qui a produit la nouvelle autorité exécutive, soient inclus dans la déclaration constitutionnelle.

Ajustements en interne

Après le deuxième report de la session, Dbeiba a décidé d’introduire des ajustements dans sa formation gouvernementale présentée à la Chambre des représentants. En effet, un de nombreux députés avaient émis des réserves sur un certain nombre de ministres en raison de leur incompétence ou de leur association avec des personnalités controversées. Soumis à la pression des députés, Dbeiba n’a pu choisir qu’un seul ministre pour son gouvernement.

Pour le poste de vice-premier ministre, il a été décidé de nommer Hussein Al-Qatrani à la place de Saqr Boujwari, et de consulter le Conseil de la présidence pour la nomination d’un ministre des Affaires étrangères à la place de la candidate Lamia Abu Sidra, dont la candidature a provoqué une fracture nette au sein du Parlement. Il a également été décidé de nommer une tierce personne à la place de Marne Al-Taeb, ministre d’Etat aux Affaires féminines, et d’élire Ali Al-Zayani au ministère de la santé.

Des femmes nommées ministres

Quatre postes ministériels ont été remportés par des femmes au sein du gouvernement Dbeiba. Le premier a été le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale qui a été confié à Naglaa Muhammad Al-Manqoush, première ministre des *Affaires étrangères dans l’histoire du pays. Halima Ibrahim Abdul-Rahman a été nommée au ministère de la Justice, Wafaa Abu Bakr Muhammad Al-Kilani aux affaires sociales, et Mabrouka Toufi Othman Aoki à la culture et au développement cognitif.

A la fin de la session, la Chambre des représentants a publié la liste officielle des ministres du gouvernement d’unité nationale qui a gagné la confiance du parlement avec une majorité de 132 voix. La liste compte 21 ministres, dont deux vice-premiers ministres sans portefeuille ministériel. Le Premier ministre assumera temporairement les fonctions du
ministère de la Défense, et Khaled Tijani Mazen celui de l’Intérieur.

Une occasion manquée pour la Confrérie des Frères musulmans

Si la Chambre des représentants libyenne a procédé à un vote avant d’accorder sa confiance au nouveau gouvernement, c’est pour ne pas fournir une brèche aux Frères musulmans qui ont cherché à faire obstacle à la solution politique en se servant de l’indication que le nouveau Premier ministre avait évoquée, concernant un éventuel recours aux membres du Forum du dialogue pour obtenir cette confiance dans le cas où le Parlement libyen s’y serait opposé.

La Fraternité a fait pression pour que les députés de l’ouest du pays ne participent pas à la session parlementaire présidée par Aguila Saleh. Leur but était d’imposer le plus de Frères musulmans possible pour occuper les sous-ministères dont la Confrérie a besoin pour s’introduire dans l’appareil de l’Etat et mettre main basse sur tous les dossiers, sans être en première ligne comme le sont les ministres.

Selon l’accord émis par le Forum du dialogue politique de Tunis, si le nouveau gouvernement ne parvient pas à obtenir la confiance du Parlement libyen, il reviendrait au Comité du dialogue politique de la donner, c’est le scénario que la Fraternité espérait, car l’accord n’apporte aucune indication sur ce qui devrait être fait dans le cas ou le Comité n’accorde pas non plus sa confiance au gouvernement. Il est évident que c’est là que les Frères musulmans seraient entrés en scène.

Related articles

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here