Tunisie: Les conflits au sein du pouvoir nourris par la Fraternité musulmane

Depuis le début de l’année, la crise fait rage en Tunisie entre le chef de l’Etat, le chef du gouvernement et le président du Parlement. Et les jours à venir ne peuvent qu’apporter davantage de complications selon les experts.

Le Premier ministre Hisham El-Mechichi, a rejeté la condition annoncée par le secrétaire général du syndicat tunisien, Noureddine El-Taboubi, selon laquelle le président de la République tunisienne Kaïs Saïed veut voir El-Mechichi démissioner avant de consentir à engager le moindre dialogue politique.

Dans son premier commentaire en réponse à cette annonce, le Premier ministre Hisham El-Mechichi a estimé qu’exiger sa démission pour lancer le dialogue national est un discours dénué de sens de la part du président de la République. Il souligne que que sa démission n’est pas encore sur la table.

Mechichi a déclaré que la Tunisie avait besoin de stabilité et d’un gouvernement qui réponde aux aspirations du peuple, ajoutant qu’il n’abandonnerait pas ses responsabilités envers le pays, ses institutions démocratiques et les droits du peuple.

Il a poursuivi: “Les batailles en cours nous distraient de l’esssentiel et nous empêchent de marquer des points sur la scène politique. Je ne m’y intéresse pas.” Il a précisé que que sa volonté était toujours dirigée vers le dialogue et que “les batailles contre les moulins à vent n’étaient pas bonnes pour eux”, selon son expression.

Ennahda, la branche de la Confrérie des Frères musulmans dans le pays, se tient derrière El-Mechichi pour l’empêcher de soumettre sa démission, le mouvement islamiste étant en concurrence avec le chef de l’État dans la course au pouvoir. Le mouvement Ennahda estime que le président de la République tunisienne cherche a étendre ses pouvoirs, tandis que Ennahda cherche à consolider le système parlementaire du gouvernement.

L’analyste politique tunisien Hassan Ayadi a affirmé dans des communiqués de presse que la condition pour la conduite du dialogue national, proposée par le président Kais Saied par l’intermédiaire de ses proches collaborateurs, est annonciatrice d’une longue période de troubles susceptible d’aggraver la crise actuelle, étant donné que les parties en conflit fixent des conditions sans le moinde dialogue pouvant mener à une percée.

El-Ayadi voit un nouveau tableau se dresser dans la lutte entre les trois institutions, une lutte dans laquelle le président du Parlement et le Premier ministre sont passés de l’éloge à la critique du président de la République, pour avoir violé les pouvoirs que lui confère la constitution, et pour avoir travaillé à acquérir des pouvoirs non prévus par celle-ci.

Cela a été mis en évidence par le Premier ministre tunisien qui a pris contact avec le ministre russe des Affaires étrangères, mû par la volonté de faire passer un message selon lequel il remédierait aux insuffisances de la présidence dans le dossier diplomatique, avec une intention explicite de concurrencer dans ce dossier le président de la République, à qui la constitution donne la priorité.

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