La charte des principes pour l’islam de France assène un nouveau coup à Erdogan

Après le massacre de l’enseignant Samuel Patty en octobre 2020, le gouvernement français a mené un certain nombre d’actions contre la propagation de l’islam radical et a réclamé aux instances religieuses musulmanes de France une “charte de principes” ayant vocation a réconcilier la religion musulmane avec les valeurs de la République française. Parmi ces principes, l’égalité entre les hommes et les femmes, le refus d’utiliser l’islam comme outil à des fins politiques et le refus d’ingérence des pays musulmans étrangers dans la gestions des affaires religieuses des communautés musulmanes en France.

Une allusion à peine discrète au régime turc, considéré comme le principal acteur étranger exerçant une influence sur l’islam en France en envoyant des imams prétendument destinés à l’éducation religieuse de la seule communauté turque. L’absence de programme de formation des imams en France avait ouvert une brèche au président Tayyip Erdogan qui y a vu une opportunité pour infiltrer l’ensemble des communautés musulmanes de France et affirmer son pouvoir sur elles, en menant des campagnes islamo-politiques qui servent les intérêts d’Ankara.

Cela semblait être également l’avis du sénateur conservateur italien Andrea Cangini, qui a déclaré le 29 octobre 2020 lorsqu’il a présenté ses condoléances aux Français après l’attaque de l’église de Nice : “La Turquie finance 50% des mosquées françaises, et nombre d’entre elles, selon les forces de sécurité à Paris, cautionnent l’extrémisme islamique.”

Dans le cadre de “la lutte contre le séparatisme islamique”, référence à l’isolement que vivent certains musulmans de France, le ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner avait annoncé en février 2020 à la radio France Inter, que la fin du programme des “imams recrutés” est prévue pour 2024. Ces imams importés du Maroc, d’Algérie et de Turquie, obtenaient à leur arrivée un permis de séjour de 3 ans.

Castaner explique que cette décision concernera également les imams recrutés pendant les mois de Ramadan, et que les actions visant a réduire leur nombre seront mises en œuvre dès le prochain Ramadan en avril 2021.

Les mesures prises par la France pour faire face au “séparatisme” ne représentent pas vraiment une approche exclusivement française. De nombreux pays européens s’orientent vers un programme de formation local des imams pour faire face à la montée de l’extrêmise sur le vieux continent.

Le président du Conseil européen Charles Michel, a encouragé la création d’un institut européen pour la formation des imams. Il a réitéré cet appel lors d’un mini-sommet européen contre le terrorisme, organisé en visioconférence à l’initiative du président français Emmanuel Macron et auquel avait participé la chancelière allemande Angela Merkel, afin de dessiner les pistes d’une réponse européenne commune. Lors d’une visite à Vienne, Charles Michel avait déclaré : “Nous considérons que cette menace terroriste est une menace fondamentale, grave, sérieuse contre les valeurs qui fondent le projet européen, et nous n’avons pas l’intention de faire preuve de faiblesse, de laxisme.”

Dans une déclaration à Fox News du 17 juillet 2018, David Phillips, directeur du programme sur la consolidation de la paix et les droits à l’Institute for the Study of Human Rights de l’Université de Columbia, a déclaré à propos des mosquées turques en Occident : “Ces mosquées ne sont pas des lieux de culte, mais des centres de mobilisation politique sous couvert d’écoles religieuses qui répandent l’extrémisme et déforment la religion auprès des jeunes.”

Sevim Dağdelen, députée allemande d’origine turque, avait déclaré dans un discours au parlement en octobre 2020 que “le réseau extrémiste d’Erdogan représente une menace pour la sécurité publique en Allemagne et doit être démantelée au lieu d’être soutenue”, référence aux subventions que reçoit le DITIB, l’organe religieux turc, sous forme d’imports payés par les contribuables de certaines villes allemandes.

Ces prises de positions européenne contre la Turquie ont “coïncidé” avec un soudain revirement du président Erdogan qui cherche à initier une trêve avec l’Europe et qui reconsidère son désir de rejoindre l’Union européenne. L’élection du président américain Joe Biden doit également y être pour quelque chose, Biden ayant qualifié Erdogan de “dictateur” au cours d’anciennes déclarations.

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