Le tribunal de première instance de Tunis a condamné jeudi Rached Ghannouchi, le chef du mouvement islamiste issu des Frères musulmans, Ennahda, et son beau-frère, Rafik Abdessalem Bouchlaka, à trois ans de prison avec effet immédiat, pour avoir reçu des financements étrangers illégaux, a rapporté l’agence de presse officielle Tunis Afrique Presse (TAPA).
« M. Ghannouchi, qui purge actuellement une peine de 15 mois de prison, a été reconnu coupable d’avoir reçu des fonds étrangers pour son parti islamiste », a déclaré son avocat Sami Triki.
En outre, le tribunal a condamné le mouvement à une amende de 1 170 170 470 dollars ou son équivalent en dinars tunisiens, pour la même accusation susmentionnée, selon le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis, Mohamed Zitouna.
En 2023, le gouvernement tunisien a interdit la tenue de réunions dans l’ensemble des bureaux d’Ennahda et la police a fermé le siège du Front de salut national, une coalition d’opposition porteur de la politique du mouvement islamiste.
Ghannouchi est l’un des principaux chefs du Front de salut national, parti d’opposition qui rejette les mesures exceptionnelles prises par le président tunisien Qais Saied en juillet 2021.
L’opposition et les groupes de défense des droits de l’homme accusent le président tunisien d’imposer un régime dictatorial, d’emprisonner la plupart des dirigeants de l’opposition, de museler la presse et de contrôler le pouvoir judiciaire. Qais Saied, qui rejette ces accusations, affirme qu’il ne sera pas un dictateur mais qu’il est déterminé à purger le pays de l’élite corrompue et de la corruption qui s’est répandue au cours de la dernière décennie.
Les poursuites engagées contre des partis politiques tunisiens sont liées à des soupçons selon lesquels des entités locales auraient reçu des fonds étrangers pour financer leurs campagnes électorales de 2019.
La justice a commencé à enquêter sur cette affaire en juillet 2021, ciblant les partis Ennahda et Qalb Tounes (Au cœur de la Tunisie), ainsi que l’organisation non gouvernementale Aich Tounsi (Vis tunisien), qui était un mouvement associatif avant de devenir politique.
Rached Ghannouchi, qui est en prison depuis avril 2023, est accusés dans plusieurs affaires, dont des affaires liées au terrorisme et à la conspiration contre la sécurité de l’État. La justice tunisienne a émis trois mandats d’arrêt contre lui.
Plusieurs avocats de Ghannouchi ont précédemment déclaré que certaines des affaires dans lesquelles le chef d’Ennahda est impliqué pourraient le conduire à la peine de mort.
En octobre 2023, la justice tunisienne a durci une décision d’appel visant à condamner Ghannouchi à une peine de détention allant de 12 à 15 mois, avec une amende de 300 euros et 3 ans de surveillance administrative.
Rached Ghannouchi, 82 ans, a également fait l’objet d’enquêtes sur l’envoi de Tunisiens vers des zones de conflit, mais ce dernier rejette toutes les accusations et continu d’affirmer qu’Ennahda a été le premier mouvement à être touché par les opérations terroristes dans le pays.
Ennahda accuse les autorités tunisiennes de « fabriquer des affaires », arguant que les procès intentés contre les membres du mouvement ne respectent pas les conditions de la justice.