Les États-Unis et la Grande-Bretagne frappent le Yémen en réponse aux attaques des Houthis contre le transport maritime en mer Rouge

Des avions de guerre, des navires et des sous-marins américains et britanniques ont lancé des dizaines de frappes aériennes à travers le Yémen dans la nuit, ciblant les milices Houthi qui ont attaqué durant des mois les navires de la mer Rouge en réponse à la guerre menée par Israël à Gaza.

Des témoins ont confirmé que des explosions ont eu lieu dans des bases militaires situées à proximité des aéroports de Sanaa, la capitale, et de la troisième ville du Yémen, Taiz, ainsi que dans une base navale située dans le principal port de la mer Rouge, Hodeidah, et dans des sites militaires du gouvernorat côtier de Hajjah.

Les Houthis ont déclaré que cinq de leurs combattants ont été tués dans un total de 73 frappes aériennes. Ils ont promis de riposter et de poursuivre leurs attaques sur les navires, qui, selon eux, visent à soutenir les Palestiniens contre Israël.

« Nous avons vu un grand feu à l’endroit où l’attaque a eu lieu. Ça a été une demi-heure de terreur », a déclaré M. Kheloud, un habitant de Sanaa qui a été réveillé par de fortes explosions provenant du côté de l’aéroport.

En milieu d’après-midi, des foules se sont rassemblées dans le centre de Sanaa et dans d’autres villes. Des images prises par des drones et diffusées par la chaîne de télévision al-Masirah des Houthis ont montré des centaines de milliers de personnes brandissant des drapeaux palestiniens et yéménites et scandant des slogans contre Israël et les États-Unis.

« Vos frappes sur le Yémen relèvent du terrorisme », a déclaré Mohammed Ali al-Houthi, membre du Conseil politique suprême des Houthis. 

Le lieutenant-général de l’armée de l’air Alex Grynkewich, commandant des opérations aériennes américaines au Moyen-Orient, a déclaré que 60 cibles réparties sur 16 sites ont été touchées à l’aide de plus de 100 munitions à guidage de précision.

Un responsable américain a déclaré que les cibles ont été choisies de sorte à affaiblir la capacité d’attaque des Houthis : « Nous visions des capacités très spécifiques dans des endroits très spécifiques avec des armes de précision ».

Dans un pays pauvre qui sort à peine d’une décennie de guerre ayant conduit des millions de personnes au bord de la famine, des habitants craignant un nouveau conflit prolongé font la queue dans les stations-service.

« On craint beaucoup que les pénuries de carburant se répètent et que les denrées alimentaires se raréfient », a déclaré Ali Ahmad, 52 ans. « Nous nous précipitons pour faire le plein de notre voiture et nous avons acheté de la farine et du riz en cas d’urgence, car nous nous attendons à ce que les Houthis réagissent et qu’il y ait une escalade. »

Le prix du pétrole a fortement augmenté en raison de la crainte d’une interruption de l’approvisionnement, le Brent ayant gagné 2 dollars vendredi.

Les données du suivi des navires commerciaux ont montré qu’au moins quatre pétroliers se sont détournés de la mer Rouge.

INTERTANKO, un organisme de l’industrie pétrolière, a envoyé une note à ses membres indiquant que les forces maritimes combinées dirigées par les États-Unis ont conseillé aux navires de « rester à l’écart de Bab al-Mandab », l’embouchure de la mer Rouge où transitent 15 % du commerce maritime mondial.

« La période de menace pour la navigation devrait durer plusieurs jours », indique la note, consultée par Reuters.

Le ministère britannique de la défense a déclaré qu’il existe des signes indiquant que « la capacité des Houthis à menacer la marine marchande a été mise à mal ». Les autorités ont déclaré qu’aucune autre action n’était prévue pour l’instant.

Ces frappes font suite à des mois de raids menés par les milices, qui ont arraisonné des navires qu’elles ont identifié comme étant israéliens ou se dirigeant vers Israël.

Les États-Unis et certains de leurs alliés ont déployé une force navale dans la région en décembre, et l’escalade s’est poursuivie ces derniers jours. Des hélicoptères américains ont coulé trois bateaux houthis le 31 décembre, tuant des Houthis qui tentaient de monter à bord d’un navire. Mardi, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont abattu 21 missiles et drones dans ce qu’ils ont qualifié comme étant l’attaque la plus importante à ce jour.

L’Iran, qui soutient des groupes armés dans tout le Moyen-Orient, notamment les Houthis et les militants du Hamas qui contrôlent Gaza, a condamné les attaques américaines et britanniques.

Les groupes armés soutenus par l’Iran ont multiplié les attaques contre des cibles américaines dans plusieurs pays depuis que les militants du Hamas ont attaqué Israël le 7 octobre, tuant 1 200 personnes et déclenchant la guerre à Gaza, qui a fait plus de 23 000 morts jusqu’à présent.

Les attaques des Houthis ont obligé les navires commerciaux à emprunter des itinéraires plus longs et plus onéreux autour de l’Afrique, ce qui fait craindre une nouvelle poussée d’inflation et une perturbation de la chaîne d’approvisionnement.

Le constructeur automobile Tesla a déclaré que les retards dans les livraisons de pièces détachées en provenance d’Asie, en raison des troubles en mer Rouge, l’avaient contraint à fermer son usine en Allemagne pendant deux semaines. Il est le premier grand fabricant à faire une telle annonce.

Washington a dû mettre en balance sa détermination à maintenir la voie maritime ouverte et le risque d’étendre l’agitation dans une région mise à mal par la guerre de Gaza.

Selon Tobias Borck, spécialiste de la sécurité au Moyen-Orient au Royal United Services Institute (Royaume-Uni), la réponse des Houthis déterminera si les frappes dissuaderont effectivement de nouvelles attaques contre le trafic maritime.

Les Houthis ont voulu se présenter comme de grands défenseurs de la cause palestinienne et les ennemis de l’Occident, mais ils sont surtout préoccupés par leur maintien au pouvoir.

Les États-Unis ont accusé l’Iran de fournir aux Houthis des capacités militaires et des renseignements pour mettre en œuvre leurs attaques.

« Nous pensons qu’ils sont certainement impliqués dans toutes les phases de l’opération” » a déclaré à la presse un haut fonctionnaire américain.

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