Joe Biden et Benjamin Netanyahu s’engagent à collaborer en faveur d’une normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite

Le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se sont engagés mercredi à collaborer en vue d’un accord historique visant à établir des relations diplomatiques entre Israël et l’Arabie saoudite.

Se rencontrant pour la première fois depuis le retour au pouvoir de Benjamin Netanyahu en décembre, les deux dirigeants ont fait part de leur volonté d’apaiser les tensions dans leurs relations, mais le président américain a également précisé qu’il tenait à discuter de leurs désaccords.

Parmi ces divergences, on peut citer l’opposition de Joe Biden au projet controversé de réforme judiciaire du gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahu, ainsi que son inquiétude concernant la sévérité d’Israël à l’égard des Palestiniens.

« J’espère que nous pourrons régler certaines choses aujourd’hui », a déclaré Biden au début des discussions qui ont eu lieu dans la salle de bal d’un hôtel new-yorkais.

Au lieu de se rencontrer à la Maison Blanche, les deux dirigeants ont organisé leurs entretiens en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.

Les responsables américains s’attendaient à ce que la question de la réforme du système judiciaire soit abordée lors des conversations entre les deux chefs d’Etat, ainsi que les efforts déployés pour contenir le programme nucléaire iranien.

M. Biden a réitéré son engagement à empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire ainsi que son soutien en faveur de la solution à deux États comme issue au conflit israélo-palestinien.

Mais la question la plus importante à l’ordre du jour a été l’initiative américaine visant à établir des relations diplomatiques entre Israël et l’Arabie saoudite, ennemis de longue date. Il s’agit de la pièce maîtresse de négociations complexes plus vastes qui impliquent des garanties sécuritaires américaines, une aide nucléaire civile recherchée par Riyad, ainsi que des concessions israéliennes aux Palestiniens.

« Je pense que sous votre direction, Monsieur le Président, nous pouvons forger une paix historique entre Israël et l’Arabie saoudite », a déclaré M. Netanyahu, ajoutant qu’ « une telle paix contribuerait grandement à la fin du conflit israélo-arabe, à la réconciliation entre le monde islamique et l’État juif et à l’instauration d’une paix véritable entre Israël et les Palestiniens ».

M. Netanyahu a déclaré qu’ils pouvaient travailler ensemble pour écrire l’histoire.

« Ensemble », a répété M. Biden, marquant ainsi son engagement en faveur de l’effort de normalisation, qui, selon lui, aurait été impensable il y a quelques années.

A l’extérieur de l’hôtel, lors d’une manifestation anti-Netanyahu, Offir Gutelzon, de UnXeptable, un mouvement anti-révision judiciaire, a remercié M. Biden pour son soutien envers la démocratie israélienne. « Nous sommes ici pour vous remercier, Monsieur le Président Biden, de vous tenir aux côtés du peuple israélien qui veut préserver la démocratie », a déclaré M. Gutelzon.

Benjamin Netanyahou s’attendait à se rendre plus tôt aux États-Unis, compte tenu de sa longue expérience avec les présidents américains et de l’alliance étroite entre Washington et Israël, mais le président américain s’y était opposé.

En revanche, M. Biden a accueilli le président israélien Isaac Herzog à la Maison-Blanche en juillet, à l’occasion du 75e anniversaire de la fondation d’Israël, un poste essentiellement cérémoniel.

Les entretiens avec Benjamin Netanyahu ont été perçus comme une occasion pour Joe Biden de tenter de discerner jusqu’où l’Etat d’Israël serait prêt à aller dans ce qu’il présente comme un grand accord qui pourrait potentiellement remodeler la géopolitique au Moyen-Orient.

Le gouvernement de M. Netanyahu a montré qu’il n’était guère disposé à faire des concessions majeures aux Palestiniens, ce qui pourrait faire hésiter le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman à accepter une normalisation.

Bien que les responsables américains insistent sur le fait que le chemin de la normalisation risque d’être long et fastidieux, ils vantent en privé les avantages potentiels, notamment l’élimination d’un point d’ignition possible dans le conflit israélo-arabe, le renforcement du rempart régional contre l’Iran et la lutte contre les incursions de la Chine dans le Golfe. Joe Biden remporterait également une victoire en matière de politique étrangère alors qu’il cherche à se faire réélire en novembre 2024.

David Makovsky, expert du Moyen-Orient à l’Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient, a noté dans un message sur X, anciennement Twitter, que la réunion avait eu lieu « 265 jours après l’entrée en fonction de M. Netanyahou, soit le plus long délai depuis 964 ».

« L’énorme potentiel de l’accord saoudien n’a pas laissé à M. Biden et à M. Netanyahou d’autre choix que de se rencontrer en dépit de leurs divergences », a-t-il commenté.

Les responsables américains n’ont pas exclu la possibilité d’une rencontre entre Biden et Netanyahu à la Maison Blanche. « J’espère que nous nous verrons à Washington d’ici la fin de l’année », a déclaré M. Biden lors de leur rencontre.

« Le Moyen-Orient est en proie à des conflits depuis des décennies. Le rapprochement de ces deux pays aurait un effet puissant sur la stabilisation de la région », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken dans l’émission « Good Morning America » de la chaîne ABC News, tout en soulignant qu’il restait des obstacles à surmonter pour parvenir à un accord.

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