Les dirigeants internationaux élaborent un nouvel ordre économique adapté aux bouleversements géopolitiques et climatiques

Les troubles géopolitiques actuels, de la guerre en Ukraine aux nombreux affrontements armés à travers le monde en passant par le changement climatique, tracent une nouvelle trajectoire pour la finance internationale.  

Une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement se sont réunis aujourd’hui à Paris pour tenter de remodeler l’ordre économique mondial.

« Je sens que nous pouvons faire une grande différence pour la planète et dans la lutte contre la pauvreté », a écrit sur Twitter le président français Emmanuel Macron, qui accueille le sommet pour un « Nouveau Pacte financer mondial ».

Au début du sommet, Emmanuel Macron a appelé à s’attaquer simultanément à la crise climatique et à la pauvreté. « Aucun pays ne devrait avoir à choisir entre réduire la pauvreté et protéger la planète », a-t-il déclaré dans son discours d’ouverture.

Macron a accueilli un grand nombre de dirigeants et de hauts fonctionnaires du monde entier pour discuter des nouvelles façons d’augmenter les fonds destinés à la lutte contre le changement climatique. Les discussions ont porté sur la création d’un élan pour réformer la structure mondiale des prêts afin de permettre aux institutions multilatérales, comme la Banque mondiale, d’en faire davantage pour aider les pays en développement à affronter le changement climatique et accroître les investissements privés.

Le président français a appelé à une augmentation massive des financements publics et privés pour lutter contre les inégalités galopantes.

Aux côtés de Macron, des représentants de plus de 100 pays, des banques internationales de développement et des organisations d’aide se réuniront jeudi et vendredi pour discuter des moyens de rendre le système financier international plus juste.

Les sujets qui seront abordés incluent l’allègement de la dette des pays pauvres et les investissements nécessaires pour les aider à faire face au réchauffement climatique.

La France ne peut qu’admettre qu’elle « n’a pas la capacité de prendre une décision » toute seule, selon un conseiller du président français, qui s’attend à ce que la réunion débouche sur une « feuille de route » plutôt que sur des décisions concrètes.

Toutefois, les travaux qui auront lieu au palais Brongniart, dans le centre parisien, bénéficieront du poids des participants, comme le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, le chancelier allemand Olaf Scholz et la secrétaire au Trésor américain, Janet Yellen.

Dans un discours prononcé jeudi matin à Paris, Janet Yellen a déclaré que Washington « ferait pression » pour que les créanciers des pays pauvres et en développement participent aux négociations sur la restructuration de la dette.

La Chine sera également représentée par son Premier ministre Li Qiang et l’Arabie saoudite par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Le président kenyan William Ruto participera également au sommet, ainsi qu’une vingtaine de dirigeants africains, dont beaucoup se sont récemment révoltés contre les pays riches qui pompent des milliards pour soutenir l’Ukraine.

L’idée du sommet est née en novembre lors de la Conférence des Parties sur le climat (COP27) en Égypte, à la suite du plan présenté par la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley. Elle avait ravivé l’espoir de réaliser des progrès dans la résolution de cette problématique, qui a représenté un obstacle dans les négociations entre les pays pauvres et les pays riches, responsables d’importantes émissions de gaz à effet de serre.

« La façon dont nous décidons de vivre aujourd’hui impose un coût énorme aux pays les plus pauvres », a jugé Esther Duflo, professeure au Massachusetts Institute of Technology et au Collège de France, et lauréate du prix Nobel d’économie.

L’objectif de ce sommet est de renouveler l’architecture financière internationale née des accords de Bretton Woods de 1944 avec la création du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

Les pays en développement affirment qu’il est difficile d’obtenir des financements auprès des deux institutions, alors que leurs besoins sont énormes pour affronter canicules, sécheresses et inondations, et pour sortir de la pauvreté tout en se débarrassant des énergies fossiles et en préservant l’environnement.

Pour y parvenir, les pays en développement, hors Chine, devront dépenser 2 400 milliards de dollars par an d’ici 2030, selon les estimations d’un groupe d’experts sous les auspices des Nations unies, et augmenter leurs dépenses en combustibles non fossiles de 260 à environ 1,9 billion de dollars par an au cours de la décennie, selon l’Agence International de l’énergie.

Parmi les nombreuses idées en cours de discussion, il y a une taxe internationale sur les émissions de carbone des transports maritimes. Les dirigeants internationaux parlent également de mettre en place d’autres impôts, des réformes institutionnelles, une restructuration des dettes des pays pauvres et un renforcement du rôle du secteur privé. Pour sa part, Mia Mottley défend l’idée de suspendre le remboursement de la dette en cas de catastrophe naturelle.

Les pays riches devraient verser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays pauvres à faire face au réchauffement climatique. Cette promesse est supposée être mise en pratique cette année, avec trois ans de retard, ce qui a induit une profonde baisse de confiance des pays pauvres envers les pays riches.

Related articles

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here