Depuis qu’il a pris ses fonctions à la tête de la COP28 au début de l’année, Sultan Al Jaber a fait l’objet de vives critiques. Il est le directeur général de la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis, Adnoc, fondateur de la société des énergies renouvelables Masdar et ministre des Technologies avancées des Émirats arabes unis. Adnoc est l’une des plus grandes compagnies pétrolières nationales du monde et le Guardian a révélé il y a quelques semaines ses projets d’expansion massive dans la production de combustibles fossiles.
De nombreux écologistes ont critiqué la double casquette de Sultan Al Jaber et le projet des Émirats arabes unis de poursuivre les forages.
Alex Scott, responsable du programme de diplomatie climatique et de géopolitique au sein du groupe de réflexion E3G, a déclaré qu’Al Jaber devait répondre à ses détracteurs lors du Dialogue de Petersberg. « Ces discussions sont l’occasion pour les Émirats arabes unis de répondre aux critiques qu’ils ont essuyées et de commencer à établir un programme vraiment ambitieux pour ce que les pays devraient se préparer à apporter à la COP28 », a-t-il déclaré. « Le bilan mondial est l’occasion pour les ministres de prendre de nouvelles décisions sur les objectifs internationaux, l’accélération des énergies renouvelables et la transition vers l’abandon des combustibles fossiles. »
Depuis la publication au mois de mars du dernier chapitre du rapport historique du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, la question de savoir s’il faut utiliser des technologies susceptibles d’éliminer le dioxyde de carbone de l’atmosphère, et de quelle manière, fait l’objet de vives discussions.
Petter Lyden, responsable de la politique climatique internationale au sein de l’organisation Germanwatch, a mis en garde contre l’utilisation des technologies de capture et de stockage du dioxyde de carbone comme substitut à la réduction des émissions. « Nous ne pouvons pas prolonger l’utilisation des combustibles fossiles en recourant au CSC et au CCU [captage et stockage/utilisation du carbone] et nous devons le dire clairement. Ces technologies peuvent s’avérer nécessaires dans certains secteurs où il est très difficile d’éviter les émissions, mais je pense que certaines initiatives peu utiles circulent à l’approche du Dialogue de Petersberg sur le climat », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, la question clé de l’injustice climatique, qui consiste à viser les pays pauvres et vulnérables qui sont les plus menacés par la crise climatique tout en ayant le moins contribué à la provoquer, doit être au cœur de la COP28 et des discussions qui la précéderont, affirment les défenseurs de la cause.
« Si l’équité et la justice ne sont pas placées au cœur d’un accord sur l’élimination progressive des combustibles fossiles, nous n’obtiendrons aucune avancée, car nous savons qui est à l’origine du problème. Nous savons qui a la plus grande responsabilité, et c’est là que les pays riches doivent jouer leur rôle, et une transition juste ne peut pas être une conversation en marge de l’action climatique » a déclaré Harjeet Singh, responsable de la stratégie politique mondiale au sein du Réseau Action Climat.
De son côté, Sultan Al Jaber a déclaré que les pays riches devaient se rendre à la COP28 en ayant prouvé qu’ils ont fourni aux pays pauvres les 100 milliards de dollars annuels de financement pour la lutte contre le changement climatique promis il y a plus de dix ans. Il a ajouté que leur incapacité perpétuelle à le faire « freinait les progrès ».