Le Qatar emprisonne et expulse des agents de sécurité qui se sont mis en grève  

Andrew Maganga, 32 ans, a travaillé comme agent de sécurité lors de la Coupe du Monde de la FIFA au Qatar l’année dernière, avant d’apprendre le dernier jour du tournoi qu’il a été licencié avec environ 200 autres personnes, et qu’il sera emprisonné puis expulsé vers son pays, le Kenya, pour avoir participé à une manifestation de salariés. Bien que cet incident soit survenu à un moment ou le Qatar était régulièrement ciblé par des critiques et des accusations de violations des droits des travailleurs, l’émirat du Golfe a continué de démentir, mettant en avant les réformes apportées ces dernières années en matière de droit du travail.

Dans sa ville natale de Mombasa, sa condition semble modeste et n’indique en rien qu’il a occupé pendant 4 ans plusieurs emplois dans un pays aussi riche que le Qatar, et toutes ses économies ont servi à payer des entreprises de recrutement pour retrouver du travail et subvenir aux besoins de sa famille.

L’ordre d’expulsion de Maganga indiquait qu’il avait participé à une « grève des travailleurs ». Il s’est vu interdire l’entrée au Qatar, qui, comme d’autres pays du Golfe, interdit les grèves du travail. « C’était un moment difficile pour moi, mais nous espérons que la justice suivra son cours », a déclaré Maganga à Middle Esat Online.

Le Bureau international d’information du Qatar a confirmé qu’environ 200 employés de Stark Security Services, dont Maganga, ont participé à une manifestation en janvier, ajoutant que le Qatar « n’arrête ni n’expulse les travailleurs parce qu’ils cherchent à résoudre leurs conflits au travail ».

Selon Maganga et deux de ses anciens collègues, plus de 200 agents ont été expulsés en janvier. L’organisation de défense des droits des travailleurs Equidem a recensé l’expulsion de 38 anciens membres du personnel de sécurité de Stark vers le Kenya, l’Inde, le Pakistan et le Népal.

Stark a embauché Maganga dans le cadre d’un contrat de six mois en octobre dernier. A la rupture du contrat, Stark n’a pas respecté le délai d’un mois de préavis payé prévu par la loi qui a été adoptée en 2020 dans le cadre des réformes du droit du travail.

Le bureau des médias du Qatar a assuré que Stark serait sanctionné pour avoir enfreint le droit du travail. La société mère de Stark, Estithmar Holding, a refusé de commenter l’affaire.

Des groupes de défense des droits de l’homme ont indiqué que les agents de sécurité ont été particulièrement vulnérables aux abus pendant la Coupe du monde. Le comité d’organisation de la Coupe du monde au Qatar a également refusé de commenter.

Les autorités qataries ont toujours qualifié les critiques à leur égard d’injustes et de diffamatoires, faisant référence aux réformes du droit du travail adoptées depuis 2018. Certains critiques ont été accusés de racisme et de doubles standards.

Maganga et ses collègues ont exigé l’intégralité des six mois de salaire et ont refusé de quitter le logement fourni par Stark. Lui et d’autres ont déclaré que l’entreprise avait cessé de leur fournir les repas et leur avait coupé Internet.

Le 23 janvier, ils se sont rendus dans les locaux de Stark. Maganga a déclaré que la police les a arrêtés et les a conduits en bus dans une prison où les étrangers sont détenus en attendant leur expulsion.

Il a raconté qu’ils ont été enfermés dans un dortoir pendant une semaine, puis expulsés après avoir reçu environ 450 dollars pour 18 jours de travail en décembre. « Nous avons essayé d’expliquer notre cas, mais en vain, a-t-il déclaré.

Le nombre de citoyens qatariens ne dépasse pas 300 000, tandis que le nombre de travailleurs expatriés est estimé à plus de 2 millions de personnes, qui constituent environ 95 % de la main-d’œuvre totale.

Le régime qatari fait l’objet de vives critiques depuis que Doha a obtenu le droit d’organiser la Coupe du monde de football en 2022, en raison des mauvais traitements infligés aux travailleurs migrants.

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