Les manifestations en Iran n’ont rien ajouté à la crise du gouvernement, selon un journaliste iranien

Selon un article rédigé par le journaliste iranien Davoud Heshmati pour Shargh, même si le soulèvement populaire n’avait jamais eu lieu en Iran, le gouvernement du président rigoriste Ebrahim Raissi n’en serait pas moins embourbé dans une crise grave.

M. Heshmati pense que le président Raissi s’est montré trop optimiste à l’égard de la coalition des groupes conservateurs qui ont formé son gouvernement et pris la tête du parlement. En réalité, les manifestations ont peut-être même retardé l’ouverture de la brèche au sein du gouvernement et préservé son unité. « La coalition était trop fragile », a indiqué Davoud Heshmati.

« Malgré le retard dans son apparition, l’impasse politique est tout à fait visible. Le gouvernement est incapable de prendre des décisions, ce qui rend les développements de l’année prochaine intéressants », a-t-il écrit.

Le journaliste a décrit la société iranienne comme étant « vivante », tandis que « la politique iranienne est dans le coma ». « La société iranienne est tout sauf indifférente. Tout le monde pensait que les jeunes étaient apolitiques, mais ils ont réussi à créer un grand mouvement dans les rues, même sans leadership ni organisation. Ce qui les a rassemblés, c’est la revendication de la liberté dans le choix de leur mode de vie. »

Les manifestations qui ont éclaté en septembre dernier après la mort de la jeune Mahsa Amini à l’issue d’une garde à vue pour port « inapproprié » du voile, ont été menées par des jeunes, des adolescents et surtout par des femmes.

Davoud Heshmati a déclaré que les Iraniens avaient déjà perdu espoir dans les élections après le refus – ou l’incapacité – de l’ancien président Hassan Rohani à aborder la question de la démocratie, préférant consacrer ses efforts à la résolution de la question nucléaire avec l’Occident, avant d’être écarté par les partisans de la ligne dure.

Il a ajouté que la raison pour laquelle les partisans de la ligne dure ont pris le contrôle du parlement en 2020 et de la présidence en 2021 était en partie due à la désillusion du peuple quant à la possibilité d’une réforme après huit ans de présidence modérée. La majorité n’est tout simplement pas allée voter, donnant ainsi la victoire aux partisans de la ligne dure.

Selon M. Heshmati, l’action politique qui aurait dû avoir lieu pendant les élections s’est propagée dans les rues, où des militants ayant peu ou pas d’expérience politique ont pris les rênes du mouvement. Aujourd’hui, ils sont rentrés chez eux, épuisés et meurtris. Le gouvernement iranien refuse catégoriquement de répondre à leurs revendications.

Par conséquent, l’Iran se trouve dans une situation politique toxique, et le gouvernement a perdu sa capacité à gérer la crise économique en raison de l’impact des protestations et des rivalités qui déchirent la sphère politique.

Pour une éventuelle sortie de crise, Davoud Heshmati a suggéré que le régime rétablisse la confiance du peuple dans le système politique en accordant de l’importance aux urnes lors des élections législatives de 2024, et en encourageant tout le monde à participer en permettant l’action des partis politiques.

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