Iran : les empoisonnements d’écolières continuent de se propager dans tout le pays 

Alors qu’une vague d’empoisonnements visant des écolières se propage dans tout l’Iran, plusieurs rassemblements ont eu lieu mardi dans une vingtaine de villes iraniennes contre le gouvernement.

Les autorités iraniennes ont annoncé mardi les premières arrestations liées à ces affaires, mais n’ont pas fourni de détails sur l’identité des individus arrêtés.

“Un certain nombre de personnes ont été arrêtées dans cinq provinces et les agences compétentes mènent une enquête approfondie”, a déclaré Majid Mirahmadi, le vice-ministre iranien de l’Intérieur.

Le collectif d’activistes 1500 Tasvir et de nombreuses autres institutions proches de l’opposition ont publié des vidéos et des reportages montrant la présence massive des forces de l’ordre dans la capitale et dans d’autres villes importantes comme Isfahan, Rasht Shiraz, Mashhad, Karaj et Sanandaj.

“Mort au régime tueur d’enfants”, ont scandé les manifestants à Sanandaj, selon des images diffusées par le Réseau kurde d’information sur les droits de l’homme (Kurdish Human Rights News Network), basé à Paris.

Dans plusieurs villes, notamment Rasht et Ispahan, les forces de sécurité auraient attaqué les manifestants. A Mashhad, des parents ont brandi des pancartes avec des slogans en persan comparant le régime iranien aux militants extrémistes de Boko Haram, basés au Nigeria et connus pour leur opposition farouche à l’instruction des femmes. 

Lundi, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, s’est engagé à rendre des comptes. “Les empoisonnements sont un crime grave et impardonnable”, a-t-il déclaré lors d’un discours prononcé à l’occasion d’une cérémonie de plantation d’arbres à Téhéran.

Il a ajouté qu’il n’y aurait “aucune grâce” envers les auteures de ces crimes.

Cette mystérieuse vague d’empoisonnements a commencé il y a près de quatre mois. Plus de 1 200 cas ont été signalés selon les médias étatiques. Les personnes visées sont transportées d’urgence à l’hôpital après avoir présenté de nombreux symptômes allant de la nausée à la paralysie temporaire.

Dans un premier temps, les autorités iraniennes ont semblé nier cette situation. Cependant, au cours des deux dernières semaines, face à l’ampleur et à la multiplication galopante de ces cas, elles ont promis de découvrir l’origine de ces incidents. Selon le journal pro-réforme Etemad, 25 provinces sur 31 ont déjà été témoins de tels empoisonnements. 

Des militants ont signalé des incidents ayant eu lieu dans au moins 350 écoles pour la seule journée de dimanche. Lundi, le ministère de la santé a publié son premier rapport officiel, dans lequel il réfute la présence de gaz chimique dans les échantillons prélevés sur les malades. Il a indiqué que seuls des “stimulants bénins” avaient été détectés chez 10 % des élèves hospitalisées. 

L’évaluation du ministère de l’intérieur a ramené ce chiffre à 5 %, affirmant que les autres cas n’avaient souffert que de crises d'”anxiété”. Le rapport s’est essentiellement concentré sur la manière dont le gouvernement envisage de réprimer les diffuseurs de “rumeurs”.

Le système judiciaire iranien a mis en place deux tribunaux pour poursuivre les personnes qui propagent de telles “rumeurs”. Un journaliste qui couvrait l’affaire des “empoisonnements” dans la ville de Qom, où les premiers cas ont été signalés, a été arrêté au cours du week-end. Selon les médias nationaux, des poursuites ont également été engagées contre un éminent politologue, un politicien réformateur et un comédien qui ont critiqué sur les réseaux sociaux la réponse du gouvernement à ce nouveau fléau.

Face à la réaction du gouvernement, les spéculations vont bon train sur les réseaux sociaux et le régime théocrate iranien est pointé du doigt.

Ces soupçons d’empoisonnement surviennent alors que les écolières iraniennes sont au coeur du mouvement de protestation déclenché par la mort de Mahsa Amini en septembre 2022 à l’issue de sa garde à vue dans un commissariat de police, plaçant la République islamique face à l’un des plus grands défis qu’elle ait eu à relever depuis la révolution islamique. 

Des écolières comme Nika Shakarami et Sarina Esmailzadeh sont devenues des icônes de la protestation après leur mort pendant les troubles et figurent sur la liste des 530 personnes tuées par les forces de l’ordre, selon des données vérifiées par l’agence de presse Human Rights Activists News Agency. 

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