Le Département d’État américain expose des documents prouvant la complicité entre l’Iran et al-Qaida

Depuis que le Département d’Etat américain a annoncé que Saif al-Adl, égyptien résident en Iran, a succédé à Ayman al-Zawahiri à la tête d’al-Qaida après l’assassinat de ce dernier en juillet 2022, les interrogations se multiplient au sujet de la relation qui lie Téhéran au groupe terroriste international.

Des entrainements conjoints

La relation entre la République islamique et l’organisation al-Qaïda est plutôt vaste. Elle a été documentée par un ensemble d’évaluations du renseignement américain qui a levé le secret sur certaines données relatives à al-Qaida. Selon ces informations, Téhéran fournit encore son soutien en faveur de la survie et de l’expansion du Groupe.

La relation entre les deux parties a commencé dans les années 1990, lorsqu’elles ont conclu un accord prévoyant des entrainements conjoints entre les membres d’al-Qaïda et les agents du renseignement iranien en Iran et dans la plaine de la Bekaa au Liban.

Dans les années 1990, l’Iran a accordé un soutien logistique aux membres d’al-Qaïda, notamment en organisant leurs transferts du Soudan vers l’Afghanistan.

Le 11 septembre

Selon le rapport du comité du 11 septembre, la République islamique d’Iran a organisé les traversées vers et depuis l’Afghanistan de membres d’al-Qaïda, dont certains étaient impliqués dans les événements du 11 septembre. Par ailleurs, l’Iran a ouvert ses frontières aux éléments terroristes de certains pays arabes qui souhaitaient se rendre à Kaboul.

Téhéran a également fourni des fonds, des abris sécurisés, des formations et des plans stratégiques pour la mise en œuvre d’opérations terroristes au niveau régional. Il a permis aux éléments d’al-Qaida d’ouvrir des camps d’entrainements, des plateformes de recrutement, des sièges sociaux pour la gestion des opérations terroristes dans le monde, et a mis à la disposition du Groupe des technologies de pointe pour la réalisation d’actions terroristes servant les intérêts de l’Iran.

Les archives d’Abbottabad

Les documents d’Abbottabad ont révélé les nombreuses correspondances échangées entre Oussama ben Laden, l’ancien chef d’al-Qaïda, et Abou abdel-Rahman Anas al-Subaie, également connu sous le nom de Abou Anas al-Liby. Ces données contiennent tous les détails de la coopération entre Téhéran et les du plus haut rang de la hiérarchie d’al-Qaida.

Après l’assassinat de Oussama ben Laden, les rapports entre les deux parties ont connu des hauts et des bas sous la direction d’Ayman al-Zawahiri.

En 2015, les dissensions entre l’Etat islamique et la branche syrienne d’al-Qaïda ont révélé le front al-Nosra, une alliance entre Téhéran et al-Qaida. L’ancien porte-parole de l’Etat islamique, Abou Mohammed al-Adnani al-Shami, a déclaré dans un discours intitulé “Nos excuses, Emir d’al-Qaïda”: « Depuis sa création, l’organisation n’a jamais frappé les dissidents en Iran (…) conformément au commandement d’al-Qaïda de préserver ses intérêts et les lignes de ses approvisionnements en Iran. »

Les plus importantes personnalités accueillies sur le territoire iranien par le régime sont probablement les membres de la famille d’Oussama Ben Laden, dont l’une de ses femmes, ses deux fils Khaled et Saad, sa fille Iman, ainsi que Saif al-Adl, l’éminent chef de la sécurité de l’organisation, Abou Mohammed al-Masry, Abou Mosab al-Souri et Abou Mosab al-Zarqawi, qui était en résidence surveillée pendant un certain temps.

Hicham al-Najjar, chercheur spécialiste des organisations terroristes, a déclaré que cette relation est issue de décennies d’échange d’expériences et de projets avec la Confrérie des Frères musulmans.

Il a souligné que les dirigeants des différentes organisations sont fascinés par le succès de la révolution islamique en Iran, qu’ils cherchent à reproduire en vue de créer un État islamique sunnite dans le monde arabe.

Al-Najjar a ajouté que cette relation s’est développée grâce à la consolidation des liens entre l’Iran et al-Qaïda pour servir leurs intérêts mutuels et combattre leurs ennemis communs comme les Etats-Unis, l’Europe et certains gouvernements arabes. L’Iran et ses milices terroristes – en particulier le Hezbollah – ont contribué à la formation de nombreux dirigeants d’al-Qaida dans les années 1990, dont Saif al-Adl.

Selon le chercheur, l’Iran aurait joué un rôle important dans les coulisses pour la mise en œuvre des attentats du 11 septembre, et l’établissement des dirigeants d’al-Qaïda en République islamique a sans doute renforcé ces liens, d’autant que la plupart d’entre eux portent un projet qui sert les intérêts iraniens dans la région et dans le monde.

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