Les Etats membres de l’OPEP+ expliquent leur décision de réduire la production de pétrole malgré la colère des Etats-Unis

Le 5 octobre, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires (OPEP+), une alliance de 23 pays dirigée par l’Arabie saoudite et la Russie, a provoqué la colère des États-Unis en annonçant son intention de réduire la production de pétrole de 2 millions de barils par jour à partir du mois de novembre. Le président américain Joe Biden a averti les Saoudiens que cette décision entrainerait des « conséquences ».

L’Envoyé spécial et Coordinateur américain des affaires énergétiques internationales, Amos Hochstein, qui a assisté à la conférence ADIPEC sur l’énergie à Abou Dhabi, a estimé qu’il n’y avait aucune justification économique pour réduire la réduction.

Par ailleurs, Joe Biden a appelé son administration et le Congrès à explorer les moyens de stimuler la production américaine de l’énergie et de réduire le pouvoir de l’OPEP sur les prix.

Cependant, le secrétaire général de l’OPEP+, Haitham al-Ghais, a expliqué que la principale raison pour laquelle l’Organisation a décidé de réduire sa production à partir de ce mois-ci est l’offre excédentaire du pétrole sur le marché.

« Nous avons constaté un excédent au quatrième trimestre », a-t-il déclaré à la presse lors de l’ADIPEC. « Nous connaitrons également un excédent début 2023 en raison des incertitudes importantes entourant les perspectives de la croissance économique. C’est la principale raison pour laquelle nous avons décidé d’être proactifs. »

Al-Ghais a ajouté qu’il est possible que l’économie mondiale se contracte déjà.

« Que cela soit grave ou non, c’est une autre affaire », a-t-il déclaré. « L’Europe est sans aucun doute en récession. Les États-Unis risquent de se diriger vers une récession. Ces considérations économiques auront un impact sur la demande de pétrole. »

En dépit de l’actuelle polémique autour de la décision de l’OPEP+ et des tensions croissantes entre Washington et Ryad, les membres de l’Organisation se sont montrés rassurant en justifiant leur décision.

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé que son pays n’agit contre aucun autre sur les marchés de l’énergie. Une semaine après les accusations portées par Washington contre l’Arabie saoudite, selon lesquelles l’OPEP+ a pris une décision favorable à Moscou, le président russe a déclaré mardi que la Russie n’œuvre contre personne sur les marchés de l’énergie mais qu’elle cherche à équilibrer l’offre et la demande.

« Nous travaillons aussi activement dans le cadre de l’OPEP+ », a poursuivi Poutine lors de la réunion de Saint-Pétersbourg. « Je sais que nos attitudes, nos actions et nos décisions ne sont dirigées contre personne, et nous ne le ferons pas d’une manière qui crée des ennuis à qui que ce soit ».

« Nos actions visent à créer la stabilité sur les marchés mondiaux de l’énergie, afin que les consommateurs des ressources énergétiques, les participants à la production et les fournisseurs des marchés mondiaux se sentent sereins, stables et confiants », a-t-il ajouté.

Avant la réunion, le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a souligné que la visite avait pour objectif de trouver des « solutions politiques efficaces » à la crise ukrainienne.

Il a ajouté que les Émirats arabes unis cherchaient « à obtenir des résultats positifs pour réduire l’escalade militaire, réduire l’impact sur le plan humanitaire et parvenir à un règlement politique qui garantisse la paix et la sécurité internationales ».

A l’issue de sa rencontre avec Poutine, le Cheikh Mohammed a déclaré sur Twitter : « Nous avons discuté d’un certain nombre de questions d’intérêt commun, notamment de la crise ukrainienne, et de l’importance d’engager un dialogue pour réduire les tensions et parvenir à une solution diplomatique ».

Dimanche, le Kremlin a salué la décision de l’OPEP+ qui a réussi, selon ses propos, à arranger le “chaos” que les États-Unis ont semé sur les marchés mondiaux de l’énergie.

Le ministre de l’Énergie des Émirats arabes unis, Suhail al-Mazrouei, a tenté d’apaiser la situation en assurant que la décision est d’ordre purement technique et non politique, et qu’elle a été prise à l’unanimité.

Ses commentaires sur Twitter sont intervenus après que SOMO, l’agence étatique chargée de la commercialisation du pétrole irakien, a publié la déclaration suivante :

« Il existe un consensus complet parmi les pays de l’OPEP+ sur le fait que la meilleure approche pour faire face aux conditions du marché pétrolier pendant la période actuelle d’incertitude et de manque de visibilité, est une approche proactive qui soutient la stabilité du marché et fournit les orientations futures dont il a besoin. »

L’agence de presse koweïtienne KUNA a déclaré que le président de la Kuwait Petroleum Corporation, le Cheikh Nawaf Saud al-Sabah, a salué la décision de l’OPEP+ et a déclaré que son pays tient également à maintenir l’équilibre des marchés pétroliers.

A son tour, le ministère omanais de l’Énergie a déclaré que les décisions de l’OPEP+ sont basées sur des considérations purement économiques et sur la réalité de l’offre et de la demande sur le marché. Il a ajouté dans un communiqué que la décision de réduire la production est importante et nécessaire pour rassurer le marché et soutenir sa stabilité, notant que les mécanismes de travail du groupe OPEP+ exigent que ses décisions soient prises par consensus et à l’unanimité par tous les États membres. En outre, il a fait remarquer que la dernière décision de l’OPEP+ est conforme à ses décisions précédentes en ce qu’elle est basée sur les données du marché.

Le ministre bahreïni du Pétrole, Mohammed ben Moubarak, a déclaré : « La décision de l’OPEP+ de réduire la production a été prise par consensus entre les États membres. »

Il a ajouté que les États membres souhaitent prendre des décisions visant à stabiliser les marchés pétroliers, et que lors des prochaines réunions, toute évolution économique sera étudiée pour assurer la stabilité des marchés et des approvisionnements mondiaux ainsi qu’un équilibre entre les intérêts des producteurs et des consommateurs.

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