Yémen : Les Frappes de drones contre le port d’al-Dabba révèlent un consensus entre les Frères musulmans et les Houthis

“Pêcher en eau trouble”, c’est ainsi que certains responsables de la Confrérie des Frères musulmans au Yémen ont décrit l’attaque de drones lancée par les Houthis dans la soirée du 21 octobre contre un terminal du port pétrolier d’al-Dabba dans la ville d’al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Cet incident a provoqué de vives réactions aux niveaux régional et international, mais le parti Islah, représentant des Frères musulmans au Yémen, et quelques dirigeants de la Confrérie ont applaudi cette opération, avertissant qu’elle ne serait pas la dernière.

La réaction des Frères musulmans laisse supposer l’existence d’une coordination entre les Houthis et la Confrérie pour mettre en œuvre cette attaque, d’autant que le gouverneur de l’Hadramaout, le général de division Luqman Baras, est un fidèle de la Confrérie.

Le parti yéménite Islah a d’abord publié une déclaration condamnant l’attaque des Houthis contre le port d’al-Dabba. Il a également appelé le Conseil présidentiel yéménite et le gouvernement légitime à mobiliser tous les efforts pour affronter les putschistes, mais en observant au-delà de cette déclaration et les informations révélées par certaines sources bien informées, il apparait qu’un accord entre les Houthis et la Confrérie a probablement été conclu pour mener à bien cette attaque. La déclaration initiale du parti Islah n’était qu’une tentative destinée à sauver les apparences devant le Conseil présidentiel, qui a récemment infligé des coups sévères aux dirigeants des Frères musulmans en les retirant de certaines institutions étatiques.

Par ailleurs, le gouverneur pro-Houthi de l’Hadramaout, Luqman Baras, a soutenu dans ses communiqués de presse du 25 octobre 2022 la frappe lancée par les forces Houthi, affirmant qu’elle était nécessaire pour empêcher le vol de deux millions de barils de pétrole brut via le port d’Al-Dabba, et pour mettre un terme aux tentatives de piller les richesses du peuple yéménite.

Il convient de noter que la première région militaire à Hadramout se trouve sous la direction du parti Islah et est indirectement dirigée par l’ancien vice-président yéménite « frériste », Ali Mohsen al-Ahmar, un détail qui trahit un consensus politique et militaire entre les Houthis et les Frères musulmans pour lancer l’attaque d’al-Dabba.

D’autre part, l’attaque des Houthis s’est accompagnée de mouvements de la Confrérie pour contrôler les richesses pétrolières dans le gouvernorat de l’Hadramaout, et certains responsables houthis ont lancé des appels pour isoler l’Hadramaout du Yémen, en particulier après les frappes subies par les Frères musulmans dans le gouvernorat du sud de la part de la Brigade des Géants, l’unité des forces spéciales de l’armée yéménite, qui a intensifié ses campagnes militaires pour débarrasser tous les gouvernorats du sud des Frères musulmans.

Le stratagème des Frères musulmans

De plus, certains observateurs ont évoqué l’existence d’un plan élaboré par les Frères musulmans pour remettre les villes et les districts de la vallée de l’Hadramaout à la milice Houthi soutenue par l’Iran, et il semble que si ce plan échoue, les dirigeants de la Confrérie pourraient remettre ces villes à l’organisation terroriste al-Qaïda, comme ils l’ont fait par le passé, lorsqu’ils ont quitté la ville d’al-Moukalla en 2015 après l’avoir livrée à des membres d’al-Qaïda.

Ce stratagème fait partie des outils de pression utilisés par les Frères musulmans pour contraindre le Conseil présidentiel yéménite, dirigé par Rachad Al-Alimi, à les laisser revenir sur la scène politique et à les impliquer dans l’administration du pays après avoir limogé un certain nombre d’entre eux.

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