L’Iran, pays où il n’est absolument pas inhabituel que des opposants se fassent enlever par le régime des mollahs, a réussi à choquer l’opinion en kidnappant la dépouille d’un journaliste après son rapatriement de l’étranger.
Reza Haqiqatnejad, journaliste et ancien rédacteur en chef du site “Iran Wire”, fait également partie des rédacteurs en chef de la radio américaine Farda, une station qui diffuse ses programmes en persan vers l’Iran.
Il est décédé le 17 octobre dans un hôpital en Allemagne des suites d’un cancer, et son corps a été rapatrié en Iran le 26 octobre pour être enterré dans sa ville natale de Chiraz, située dans le sud du pays.
Seulement, après l’atterrissage de l’avion à Téhéran, les services de renseignement des Gardiens de la révolution ont enlevé son corps et l’ont transféré vers un lieu inconnu.
Selon ses proches, le corps de Reza Haqiqatnejad a été enlevé après que les autorités ont donné l’autorisation de l’enterrer dans sa ville natale.
Des membres de la famille du défunt ont déclaré à Radio Farda qu’ils ont été mis sous pression pour qu’ils acceptent de transférer sur le champ son corps de la ville de Chiraz vers un autre cimetière à l’extérieur de la ville afin qu’il y soit enterré, mais la famille a refusé, soulignant que le corps est toujours en possession des forces de sécurité.
Reza Haqiqatnejad a débuté sa carrière dans la presse en Iran en travaillant pour des petits journaux locaux, mais il a rapidement rejoint les grands médias et a connu une période couronnée de succès professionnel, jusqu’au soulèvement postélectoral de 2009, connu sous le nom de Mouvement Vert.
La pression exercée par le régime iranien sur les médias et les journalistes a contraint Reza Haqiqatnejad, et de nombreux autres journalistes, à quitter le pays pour entamer une nouvelle carrière à l’étranger, axée sur les informations relatives aux affaires iraniennes.
Reza Haqiqatnejad a été l’un des journalistes les plus impliqués dans les enquêtes sur les dossiers de corruption en Iran, notamment dans l’industrie pétrochimique iranienne et au sein même du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI).
Il a également joué un rôle majeur dans la révélation d’un enregistrement audio des commandants du CGRI, dans lequel le général Qassem Soleimani a été cité comme faisant partie des personnes impliquées dans la corruption.
Malgré sa maladie, Reza Haqiqatnejad n’a pas non plus été indifférent aux évènements qui secouent l’Iran depuis la mort de la jeune Mahsa Amini dans un poste de police le 16 septembre dernier.
Dans l’un de ses derniers tweets, il a commenté les manifestations étudiantes en écrivant : “Ils nous ont appris la conscience, l’unité, le courage et la victoire”.
