Les Émirats arabes unis ont convoqué lundi le chef par intérim de la mission de l’Union européenne, pour lui demander une explication sur ce qu’ils estiment être des déclarations racistes lancées la semaine dernière par le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell.
L’agence de presse Emirates a indiqué que le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a exprimé mardi matin dans un communiqué son rejet des déclarations de Borrell, les jugeant “racistes” et les accusant de “contribuer à l’exacerbation de l’intolérance et de la discrimination dans le monde.”
Le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a convoqué Emil Poulsen, le chef par intérim de la mission de l’Union européenne aux Émirats arabes unis, et a demandé “une explication écrite sur les propos nuisibles et racistes de Borrell”.
“Les commentaires de Borrell sont décevants et interviennent à un moment où toutes les parties reconnaissent l’importance de respecter les autres religions, cultures et groupes ethniques, ainsi que des valeurs telles que le pluralisme, la coexistence et la tolérance”, indique le communiqué.
La semaine dernière, à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle Académie diplomatique européenne à Bruges, en Belgique, Josep Borrell a comparé l’Europe à un “jardin” menacé d’être envahi par la “jungle” que représente le reste du monde.
“L’Europe est un jardin. Nous avons construit un jardin : tout fonctionne, c’est la meilleure combinaison de liberté politique, de prospérité économique et de cohésion sociale jamais créée par l’homme. Ces trois choses réunies. […]. Le reste du monde, la plupart des autres pays du monde c’est la jungle. Et la jungle peut envahir le jardin. Les jardiniers doivent prendre soin du jardin, mais ils ne le protégeront pas en construisant des murs”, a-t-il déclaré.
“Un joli petit jardin entouré de hauts murs pour empêcher la forêt d’entrer ne serait pas une solution. Parce que la forêt a un grand potentiel de croissance et le mur ne sera jamais assez haut.”
“L’Européen doit interagir beaucoup plus avec le reste du monde, sinon ce reste du monde nous envahira par différents moyens”, a ajouté le diplomate.
Lundi, lors d’une conférence de presse, Borrell a nié le caractère raciste et impérial de ses propos, a rapporté l’agence de presse EFE. Il a déclaré que ses commentaires visaient à rejeter l’idée d’une “forteresse européenne” et à encourager les étudiants à s’engager dans le monde.
Une décision collective
Les Emirats arabes unis ont soutenu l’annonce du ministère saoudien des Affaires étrangères sur l’examen des conditions des marchés pétroliers et la réduction de la production, notant que “la décision est collective et fondée sur le vote du groupe (Opep+) et dans le cadre de ces considérations”.
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale des EAU a souligné que “les Émirats arabes unis, en tant que membre du groupe et partenaire de l’Arabie saoudite, confirment la nature technique de la décision et rejettent les déclarations qui poussent à sa politisation”.
Le ministère des Émirats arabes unis a également mis l’accent sur “la nécessité d’un dialogue constructif qui sert les intérêts de tous les pays”. Il a affirmé son soutien total envers l’Arabie saoudite “dans ses efforts pour soutenir la stabilité et la sécurité énergétiques, d’une manière qui prenne en compte les intérêts des producteurs et des consommateurs, et qui favorise la croissance économique et le développement dans le monde”.
Aujourd’hui, le ministre de l’Énergie des Émirats arabes unis, Suhail Al Mazrouei, a déclaré que son pays s’emploie à produire le baril de pétrole le plus propre de la planète. “Notre engagement à augmenter notre capacité de production demeure […] nous investissons pour augmenter la production à 5 millions de b/j d’ici 2030”, a-t-il ajouté.
Suhail Al Mazrouei a refusé de politiser la décision de l’OPEP. “Nous croyons au professionnalisme de l’OPEP et de ses alliés, une organisation purement technique”, a-t-il déclaré, ajoutant que les décisions sont toujours prises à l’unanimité.
Le ministre a souligné l’importance de la stabilité pour les investisseurs. “La décision que nous avons prise a permis de stabiliser les prix qui ne cessaient d’augmenter”. Il a ajouté : “Cette stabilité est redevenue ce qu’elle était en janvier, avant la crise.”
Al Mazrouei s’est dit préoccupé par le déclin des capacités de production de nombreux pays en raison du manque d’investisseurs.
Il convient de noter que l’Arabie saoudite et la Russie dirigent l’alliance OPEP+, qui a récemment convenu de commencer à réduire la production de pétrole de deux millions de barils par jour à partir du début du mois prochain. L’administration américaine a vivement critiqué cette décision qui, selon elle, augmentera les ressources de la Russie et réduira l’efficacité des sanctions qui lui sont imposées à la suite de son invasion de l’Ukraine.
Des responsables américains ont accusé l’Arabie saoudite de soutenir le président russe Vladimir Poutine et ont appelé à lui imposer des sanctions, tandis que le président américain Joe Biden a mis en garde le royaume contre les “conséquences” de son soutien à la décision de réduire la production de pétrole. “Il y aura des conséquences pour l’Arabie saoudite pour ce que la Russie a fait”, a-t-il récemment averti.
A travers des déclarations et des communiqués de presse, Riyad a rejeté les accusations américaines et a critiqué le principe de la “politique dictée”, notant que la décision de l’OPEP a pour objectif de contrôler les marchés, et que sa motivation est “purement économique”.
