Washington se dit “profondément déçu” par la rencontre de Mahmoud Abbas avec Poutine

L’administration américaine a émis une rare admonition publique à l’encontre du président de l’autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas, quelques jours après les éloges que ce dernier a fait au président russe Vladimir Poutine, auprès duquel il a également critiqué les États-Unis.

“Nous avons été profondément déçus d’entendre les remarques du président Abbas au président Poutine. La Russie ne défend pas la justice et le droit international, comme en témoigne le dernier vote à l’Assemblée générale des Nations Unies”, a déclaré un porte-parole du Conseil national de sécurité à Axios.

Selon des sources israéliennes, les déclarations du porte-parole ne représentent que la partie émergée de la colère de l’administration Biden concernant la rencontre de Mahmoud Abbas avec Poutine et le fait qu’il n’a aucune confiance en Washington. Elles ont ajouté que la colère des Etats-Unis se traduira par des mesures contre l’Autorité palestinienne.

Selon les mêmes sources, certaines personnes à Tel Aviv ont tenté de faire fuiter le texte reprenant les remarques de Mahmoud Abbas, qui n’étaient pas mentionnées dans la déclaration officielle de la présidence, et dans lesquelles il aurait insulté Biden et son administration.

Le 13 octobre, le président de l’autorité palestiniennes a dénoncé les Etats-Unis au cours d’une audience avec Vladimir Poutine, à qui il a déclaré qu’il ne faisait pas confiance à Washington en tant que médiateur de paix au Moyen-Orient.

La rencontre entre M. Abbas et M. Poutine a eu lieu en marge du 6e sommet de la Conférence sur l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA) à Astana, au Kazakhstan.

Les propos de Mahmoud Abbas au sujet des États-Unis, traditionnellement le principal intermédiaire entre Israël et les Palestiniens, sont intervenus à un moment où les États-Unis et la Russie marchent sur le fil de rasoir en raison de la crise ukrainienne.

“Nous ne faisons pas confiance à l’Amérique et vous connaissez notre position. Nous ne lui faisons pas confiance, nous ne comptons pas sur elle, et en aucun cas nous ne pouvons accepter que l’Amérique soit la seule partie dans la résolution d’un problème”, a déclaré Abbas à Poutine.

Plus tard, le président palestinien a déclaré à la télévision que Washington peut faire partie du Quatuor diplomatique pour le Moyen-Orient car c’est un grand pays, mais que l’AP ne l’acceptera jamais comme unique intermédiaire.

Mahmoud Abbas s’est dit “entièrement satisfait” de la position du Kremlin à l’égard du peuple palestinien.

“La Russie défend la justice et le droit international et cela nous suffit”, a-t-il souligné.

“Quand vous dites que vous vous tenez à la légitimité internationale, cela me suffit et c’est ce que je veux. Par conséquent, nous sommes heureux et satisfaits de la position russe”, a ajouté M. Abbas.

Selon une publication de Tel Aviv dimanche, l’équipe de Biden a été indignée par ces propos qu’elle considère comme un coup porté aux efforts américains pour résoudre la question palestinienne et annuler les décisions de l’ancien président Donald Trump, qui ont rompu les liens américano-palestiniens.

Le journal Yedioth Ahronoth a publié un article de Ben-Dror Yemeni, dans lequel l’auteur estime qu’au cours de l’histoire, lorsqu’il s’agit de conflits internationaux majeurs, les dirigeants palestiniens ont souvent, sinon toujours, choisi de soutenir “le mauvais camp.”

Il a déclaré que lors de la Seconde Guerre mondiale, le mufti Hajj Amin al-Husseini, alors dirigeant, avait choisi le camp allemand et avait passé le temps de la guerre à Berlin. Il aurait même conseillé à Hitler de détruire tous les Juifs du monde arabe, selon Ben-Dror Yemeni.

“Dans les années 1960, Ahmad Shukeiri, alors chef de l’OLP, a conspiré avec la Jordanie, la Syrie et l’Égypte pour chasser les Juifs, ce qui a conduit à leur défaite lors de la guerre des Six Jours en 1967”, indique l’article, ajoutant que pendant la guerre du Golfe, Yasser Arafat a soutenu Saddam Hussein et, aujourd’hui, le président russe Vladimir Poutine, auprès duquel Abbas a choisi de se ranger.

Une source de l’autorité palestinienne a répondu à cette publication, affirmant qu’Abbas a informé Poutine de la situation et de l’escalade israélienne en Palestine.

“Il était clair pour nous que le moment de la rencontre avec Poutine constituerait un problème, mais nous n’avions plus beaucoup d’options”, a souligné la source.

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