Le président égyptien invite toutes les tendances politiques au dialogue à l’exception des Frères musulmans

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a déclaré le 4 juillet 2022 que le dialogue national de l’État englobera tous les partis politiques à l’exception d’un seul, en référence à la Confrérie des Frères musulmans, un groupe désormais interdit en Egypte.

Lors d’une rencontre avec la presse pour l’inauguration de la station de métro et du train électrique Adly Mansour le 3 juillet au soir, le président al-Sissi a expliqué que lors des incidents du 3 juillet 2013, il avait proposé aux Frères musulmans de surmonter la crise de l’époque en organisant des élections présidentielles anticipées et en donnant au peuple la possibilité de choisir, mais le groupe a préféré la lutte et la violence. “Ainsi, ils n’ont pas pu participer au dialogue national”, a-t-il déclaré.

“L’armée égyptienne restera le soutien de l’État à tout moment […] L’Égypte se dirigeait vers un point de non-retour”, a-t-il ajouté.

Concernant les projets nationaux sur lesquels l’État travaille actuellement, le président a déclaré que l’Égypte œuvre pour l’avenir et le développement qui permettra au pays d’atteindre un autre niveau, ajoutant que “l’État a réussi à faire face au scepticisme, à la haine et aux tentatives de sabotage.”

Il a affirmé que la construction des lignes de transport entraînait des dépenses élevées, et qu’il y avait un grand projet d’une valeur de plus de 1 trillion de EGP dans un plan intégré pour les projets nationaux.

“Pour construire une nouvelle route, nous devrons peut-être supprimer 3000 logements, et nous nous efforçons d’offrir une compensation aux citoyens en leur proposant d’autres maisons”, a déclaré le président. “Nous avons demandé aux résidents de l’île d’Al Warraq de choisir entre une compensation (financière) ou un logement”, a-t-il ajouté.

Abdel Fattah al-Sissi a également annoncé que le Grand Musée égyptien (GEM) sera géré par une société privée et non par le ministère de la Culture, car l’État autorise le secteur privé à diriger et à gérer les projets nationaux.

En ce qui concerne l’éducation, le président a révélé que l’Égypte ouvrira un grand nombre d’universités privées en septembre prochain afin de dispenser un enseignement de qualité et de préparer une génération de diplômés à un marché du travail digne de ce nom. Il a indiqué que les résultats d’une bonne éducation seront visibles après une dizaine d’années car l’aboutissement de certains projets met du temps.  

“Je me soucie du citoyen égyptien, qui est le principal pilier de la stabilité de l’État”, a affirmé le président, ajoutant qu’environ 30 millions de citoyens travaillent dans le secteur privé et que l’État les soutient.

Al-Sissi a assuré aux Égyptiens que l’État tente de rendre les produits de base disponibles dans le contexte de la crise mondiale actuelle.

A propos de la crise libyenne, le président a déclaré qu’il souhaitait que le peuple libyen maintienne la stabilité dans son pays. “Il est impossible pour un État de s’élever et de se développer tant que son sort est entre les mains d’autrui”, a-t-il dit.

Quant à la coopération régionale entre les pays arabes qui a été menée de manière intensive ces derniers semaines, al-Sissi a déclaré : “Nous évoluons dans le cadre d’une action arabe collective pour promouvoir les investissements et les projets communs. Il existe un consensus arabe pour protéger les intérêts communs.”

La décision présidentielle d’exclure les Frères musulmans du paysage politique égyptien a trouvé un écho favorable dans les sphères politico-intellectuelles. Le 25 juillet, Amr Hamzawy, professeur égyptien de sciences politiques et directeur du programme Carnegie pour le Moyen-Orient, a confirmé que la Confrérie ne devrait pas faire partie de la vie politique en Égypte dans la mesure ou ses membres ont incité à la violence et fait couler le sang des Égyptiens.

Dans une interview télévisée, Amr Hamzawy a déclaré : « Maintenant, nous avons seulement besoin d’un Etat de droit qui respecte les différentes opinions et les droits politiques, et qui est toujours orienté vers le développement social et politique.”

Hamzawy s’est dit triste d’avoir passé autant d’années loin de l’Égypte. « L’aliénation a imposé à ma famille une vie éparpillée, j’ai vécu aux Etats-Unis et mes enfants ont vécu entre l’Allemagne et l’Egypte », a-t-il raconté.

Plus tôt en juillet, Hamzawy a affirmé que tout parti qui s’est précédemment engagé dans la violence et qui se sait incapable d’accepter les autres n’a pas sa place au sein du dialogue national.

Lors d’une interview avec Diaa Rashwan, le coordinateur général du dialogue national, Amr Hamzawy a indiqué qu’il était nécessaire pour les partis prenant part au dialogue national de refléter la situation sociale et économique actuelle.

Amr Hamzawy a estimé que tenter de « changer les choses ou d’avoir un impact depuis l’étranger » s’est avéré être une idée inefficace dans l’histoire de l’humanité en général, et pas uniquement en Egypte.

Il a souligné que tout impact positif devrait venir de l’intérieur de l’Égypte et que toute tentative de changement venue de l’extérieur « est vouée à l’échec ».

Hamzawy a déclaré qu’il était retourné au pays afin de pouvoir “écouter, discuter”, et s’engager dans l’ouverture politique nécessaire à l’Égypte.

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