Erdogan rencontre les dirigeants russe et iranien à Téhéran

Le président turc Erdogan s’est rendu à Téhéran pour rencontrer ses homologues iranien et russe.

Il a rencontré mardi le président iranien Ebrahim Raissi et le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei avant l’arrivée du président russe Vladimir Poutine. La rencontre entre Poutine et Raissi a pour objectif majeur le conflit en cours en Syrie, où le trio est engagé dans le processus d’Astana depuis 2017 pour ouvrir la voie à un cessez-le-feu et à un règlement politique.

La Turquie soutient les forces de l’opposition qui sont désormais largement encerclées par les troupes du gouvernement syrien dans la province nord-ouest d’Idlib, tandis que la Russie et l’Iran sont les principaux soutiens du régime.

Les trois garants d’Astana devraient être rejoints par Faisal Makdad, le ministre syrien des Affaires étrangères.

La réunion intervient après la décision d’Erdogan de lancer une autre incursion militaire dans le nord de la Syrie, contrôlé par des combattants affiliés au PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan. Une précédente opération contre les Unités de protection du peuple (YPG) en octobre 2019 n’a pas réussi à réaliser l’objectif de la Turquie de créer une zone tampon de 30 kilomètres à partir de sa frontière avec la Syrie.

Erdogan a identifié Tal Rifat et Manbij, deux bastions des YPG dans le nord-ouest de la Syrie, comme les cibles de l’opération. Toutefois, la Russie et l’Iran se méfient d’une nouvelle influence turque en Syrie. Ankara a déjà établi une forte présence à l’ouest de l’Euphrate grâce à des milices par procuration soutenues par la puissance militaire turque.

Selon la télévision nationale iranienne, Khamenei a mis en garde Erdogan mardi contre une attaque visant la Syrie, affirmant que cela « nuirait à la région et profiterait aux terroristes ».

L’Iran s’oppose également à la campagne de la Turquie contre le PKK dans le nord de l’Irak, qu’elle « repoussera fermement pour maintenir son influence dans les deux régions », a déclaré Galip Dalay, chercheur associé au programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de ChathamHouse à Londres.

Poutine discutera également de la probable incursion turque avec Erdogan.

« Moscou est la principale puissance du nord-ouest de la Syrie, Erdogan veut donc gagner le soutien de Poutine », a déclaré Galip Dalay. « Le résultat sera déterminant pour la perspective et le calendrier de la prochaine opération militaire turque là-bas. »

Alors qu’Ankara considère les YPG comme la principale menace terroriste en Syrie, Moscou a une autre priorité, à savoir les combattants djihadistes à Idlib, dont certains sont soutenus par la Turquie.

Dans un communiqué publié avant le sommet, le Kremlin a déclaré que des mesures visant à éradiquer « le nid du terrorisme international » et les « organisations terroristes islamiques radicales » à Idlib seraient discutées.

Lors de sa rencontre avec Raissi, Erdogan a affirmé que les deux pays visaient à porter le commerce bilatéral à 30 milliards de dollars, contre 7,5 milliards de dollars actuellement. Il a également souligné l’importance de la coopération dans la lutte contre le terrorisme. Les deux parties ont signé huit accords couvrant plusieurs domaines tels que le gaz naturel, le commerce, la sécurité des frontières, le contre-terrorisme et la lutte contre le trafic de drogue.

Comme la Russie, l’Iran se trouve de plus en plus en désaccord avec l’Occident et les efforts pour relancer l’accord nucléaire de 2015 semblent être au point mort.

En 2018, l’ancien président américain Donald Trump a retiré les États-Unis de l’accord qui avait conduit l’Iran accepter de freiner son programme nucléaire en échange d’un allégement des sanctions, et a réimposé des restrictions économiques sévères. Depuis, Téhéran a augmenté son stock d’uranium hautement enrichi. Le mois dernier, l’ONU a déclaré que l’Iran disposait de suffisamment d’uranium pour fabriquer une arme nucléaire.

Les pourparlers entre Erdogan et Poutine porteront également sur le transport des céréales ukrainiennes depuis les ports de la mer Noire. Il s’agit du deuxième voyage de Poutine à l’étranger depuis l’invasion de l’Ukraine en février, peu après la visite du président américain Joe Biden au Moyen-Orient.

« Poutine veut transmettre le message que la Russie n’est pas aussi isolée que l’Occident le souhaite ou l’indique », a déclaré Dalay. « La rencontre avec les dirigeants de deux grandes puissances régionales sert cet objectif. »

Bien qu’ils se soient entretenus au téléphone à plusieurs reprises, ce sera la première rencontre directe entre Poutine et le chef d’un pays membre de l’OTAN depuis le déclenchement de la guerre.

Le président turc cherchera l’accord de Poutine sur la levée d’un blocus naval russe qui empêche l’exportation des céréales ukrainiennes en pleine crise alimentaire mondiale.

« Nous sommes prêts à poursuivre nos efforts pour faciliter les exportations des céréales de l’Ukraine », a déclaré le Kremlin mardi dans un communiqué.

Le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, qui est membre de la délégation qui s’est rendue en Iran, a déclaré que la Russie, l’Ukraine, la Turquie et l’ONU signeront cette semaine un accord pour la création d’un corridor maritime destiné à exporter les céréales.

La semaine dernière, des représentants de l’Ukraine, de la Russie, de la Turquie et de l’ONU se sont réunis à Istanbul et ont convenu d’une « étape critique » pour sortir de l’impasse, a indiqué le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a confirmé cette information.

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