Le retour des éléments de Etat islamique dans la péninsule des Balkans suscite des inquiétudes politiques et sécuritaires

Au cours de la dernière semaine du mois de mai, des éléments de l’Etat islamique en Syrie sont arrivés par vagues en Albanie et au Kossovo, soulevant des interrogations sur la portée du retour de l’organisation terroriste dans la péninsule balkanique, ainsi que sur la raison qui fait que ces pays sont ceux qui recrutent le plus de terroristes en Europe et sur les mesures qui peuvent être prise par l’Union européenne pour venir en aide à cette région.

Cette nouvelle déferlante de l’Etat islamique depuis la Syrie indique que les gouvernements des Balkans ont traité le dossier avec plus de laxisme que le reste des pays européens, et trahit un écart notable dans les volontés politiques et les programmes juridiques destinés à intégrer ces éléments dans la société.

Le 30 mai 2022, le gouvernement du Kosovo a annoncé l’arrestation de plusieurs combattants de l’Etat islamique parmi les nouveaux arrivants, sans préciser leur nombre.

Pour sa part, le ministre de l’Intérieur du Kosovo, Šilal Svekla, a exprimé le 28 mai l’espoir que les institutions locales tiennent leur rôle dans la réintégration des rapatriés dans la société, relevant les efforts continues de son pays pour récupérer tous ses citoyens de Syrie.

En parallèle, le ministre albanais de l’Intérieur, Blédar Çuçi, a annoncé le retour de 13 femmes et enfants de Syrie, assurant que son pays compte récupérer tous ses citoyens de l’Etat islamique et soulignant son travail conjoint avec les responsables syriens sur ce dossier. Selon un rapport du site Web Balkan Insight, publié le 30 mai, 43 militants de l’Etat islamique ont été récupérés jusqu’à présent.

La prise en charge de ces vagues massives de retour par les gouvernements balkaniques met en exergue une action politique plus ouverte envers le dossier, mais ce progrès reste sujet à controverse au regard d’un déclin relatif du système juridique et judiciaire du pays, en raison de l’obsolescence des lois supposées combattre l’évolution du terrorisme international, et d’un système de sécurité déséquilibré qui a permis au trafic de drogue de se développer dans la région.

Les pays de l’Union européenne, notamment la France, ont exprimé leurs inquiétudes face aux capacités de sécurisation de la région. Dans des déclarations qui ont agacé les gouvernements balkaniques, le président français Emmanuel Macron a critiqué la politique du Kosovo envers l’Etat islamique et a comparé la région à une bombe à retardement aux frontières de l’Union européenne.

La question qui subsiste est pourquoi les pays des Balkans reprennent-ils leurs citoyens de l’Etat islamique à la lumière des multiples défis auxquels ils sont confrontés au niveau interne et régional ? Les gouvernements affirment qu’il s’agit d’un devoir national envers leurs citoyens malgré leur implication dans des violences armées et la menace qu’ils représentent pour la sécurité de leurs pays. Cependant, et comme l’exige la règle du jeu politique, seuls les intérêts politiques et économiques des Balkans peuvent déterminer les motifs et les circonstances de cette décision, quelles que soient les motivations déclarées et les valeurs morales mises en avant.

Dans une certaine mesure, le retour des éléments de l’Etat islamique vers leurs pays européens joue en faveur de la région du Moyen-Orient en terme de stabilité après des années de souffrance due au terrorisme, mais ce développement nécessite une analyse et une amélioration des systèmes juridique et sécuritaire pour faire face aux nouveaux défis régionaux qu’il présente.

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