Le gouvernement indien a tenté aujourd’hui (lundi 6 juin) d’apaiser la colère qui a éclaté dans le pays et à l’étranger après les propos offensants envers l’islam et le prophète Mahomet tenus par deux responsables du parti au pouvoir, Bharatiya Janata (BJP). Les autorités ont arrêté 38 personnes lors d’une émeute déclenchée dans une ville du nord du pays suite aux déclarations islamophobes.
Les arrestations dans la ville de Kanpur s’inscrivent dans le cadre des efforts des autorités visant à contenir les tensions religieuses qui s’intensifient de temps à autre dans le pays, alimentées par les déclarations des responsables du parti au pouvoir qui ont déclenché de vives réactions au sein des communautés musulmanes en Inde et à l’étranger.
Certains des plus hauts responsables indiens ont participé à la gestion de la crise diplomatique qui a éclaté avec les pays arabes et musulmans. Ces derniers ont exigé des excuses du gouvernement pour avoir autorisé la diffusion de telles déclarations.
Des diplomates indiens opérant dans les pays musulmans, notamment les Etats du Golfe, ont été convoqués le weekend dernier pour dénoncer les déclarations des responsables du BJP.
Le ministère indien des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué que les tweets et les publications offensantes envers l’islam et les musulmans ne reflétaient en aucun cas les opinions du gouvernement. Le parti a suspendu une présidente de son poste et a renvoyé hier un autre responsable, pour avoir heurté les sentiments d’une minorité religieuse présente dans le pays.
Les musulmans représentent environ 13% de la population indienne de 1,35 milliard d’habitants. Des manifestations destinées à protester contre l’islamophobie des responsables indiens sont prévues aujourd’hui à Mumbai.
Un haut responsable de l’ambassade du Qatar à New Delhi a estimé que le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi devrait publiquement se distancier de ces déclarations. Il a ajouté : “Nuire à notre sensibilité religieuse peut directement affecter les relations économiques”, indiquant que son pays menait une enquête sur des informations selon lesquelles certains propriétaires de magasins au Qatar avaient décidé de boycotter les produits indiens.
Le volume des échanges entre l’Inde et le Conseil de coopération du Golfe, qui inclut le Koweït, le Qatar, l’Arabie saoudite, Bahreïn, Oman et les Émirats arabes unis, a été estimé à 90 milliards de dollars en 2020-2021. Des millions d’Indiens vivent et travaillent au sein du CCG.
Au cours des dernières années, le Premier ministre indien Narendra Modi a renforcé les liens économiques avec les richissimes monarchies du Golfe, qui représentent les principales sources de son pays en termes d’importations de carburant.
