Mort d’un deuxième colonel de la Garde révolutionnaire iranienne… meurtre ou accident ?

Les autorités iraniennes enquêtent sur les circonstances du meurtre d’un membre des Gardiens de la révolution à la suite de ce qu’elles ont qualifié d'”accident” qu’il aurait eu à son domicile, selon les informations des médias officiels qui sont venues démentir vendredi celles de la presse de l’opposition qui a évoqué un “assassinat”.

Les circonstances de sa mort soulèvent des interrogations et placent l’hypothèse du meurtre au premier plan des possibilités, d’autant que le prétendu “accident” survient moins de deux semaines après l’assassinat d’un colonel de la Force Qods.

L’agence de presse officielle IRNA a indiqué vendredi qu'”un membre du Corps des gardiens de la révolution islamique est décédé ces derniers jours à la suite d’un accident à son domicile, dont les causes font l’objet d’une enquête”, citant une source qu’elle a gardée anonyme.

L’agence a démenti les informations des médias d’opposition basés à l’extérieur du pays, qui ont annoncé que le colonel Ali Ismailzadeh, un officier de la Force Qods chargé des opérations étrangères au sein de la Garde révolutionnaire, avait été “assassiné” à Karaj, à l’ouest de Téhéran. La source de l’agence IRNA a mis cela sur le compte de “la guerre psychologique et des fausses nouvelles”

L’agence de presse iranienne Tasnim a de son côté indiqué qu'”Ali Ismailzadeh est mort suite à une chute du balcon de sa maison, qui n’était pas suffisamment protégé”, sans fournir plus de détails et sans évoquer la possibilité qu’il aurait pu être jeté du balcon.

Pourtant, cette nouvelle est tombée peu de temps après que le colonel des gardiens de la révolution Sayyad Khodaei a été abattu près de son domicile dans l’est de Téhéran le 22 mai.

L’annonce du meurtre du colonel de la Révolution iranienne intervient également quelques jours après l’annonce du Premier ministre israélien qui a déclaré qu’il n’y aurait plus d’immunité pour l’Iran désormais, dans une menace explicite dirigée vers plus d’une cible non déclarée, qui pourrait concerner un site nucléaire, des officiers de la Révolution iranienne ou des cibles iraniennes en Syrie ou en Irak.

La télévision d’État iranienne a rapporté que Sayyad Khodaei était un cadre de la Force Qods “bien connu” en Syrie, où Téhéran a confirmé la présence de “conseillers militaires” dans le cadre d’une mission de soutien aux forces du président Bachar el-Assad.

Lundi dernier, le commandant des Gardiens de la révolution, le général de division Hossein Salami, a accusé les “sionistes” d’être à l’origine de l’assassinat de Sayyad Khodaei, quelques jours après la publication d’un rapport par le journal américain “New York Times” indiquant qu’Israël avait informé Washington qu’il avait mené l’opération. Les médias officiels avaient confirmé à ce moment-là qu’une enquête avait été ouverte pour déterminer les circonstances de l’assassinat.

Le meurtre de Sayyad Khodaei et le meurtre présumé de Ali Ismailzadeh surviennent dans un contexte de tensions galopantes entre l’Iran et Israël et au milieu de l’impasse des pourparlers de Vienne visant à relancer l’accord nucléaire de 2015.

Il est peu probable que les deux incidents résultent d’une série d’opérations, notamment le sabotage d’installations nucléaires, cyber-attaques et incendies déclarés sur des sites iraniens vitaux l’année dernière, dont certains ont été attribués au Mossad israélien.

L’hypothèse de l’assassinat du colonel Ali Ismailzadeh semble la plus plausible, mais il est probable que la Garde révolutionnaire ait attribué sa mort à un accident par crainte d’affecter le moral de ses officiers et d’enraciner en eux l’idée qu’aucun d’entre eux n’est à l’abri d’une liquidation.

Il semble également que les autorités iraniennes ne veuillent pas créer une frénésie médiatique révélant qu’il existe de graves lacunes en matière de sécurité ayant conduit à l’assassinat d’un certain nombre de ses scientifiques nucléaires de haut rang et d’officiers supérieurs de la Force révolutionnaire iranienne ou de la Force Qods.

Habituellement, les autorités iraniennes pointent du doigt les services de renseignement israéliens (Mossad) et américains (CIA), mais cette fois, elles ont choisi d’attribuer la mort d’Ismailzadeh à un accident.

En novembre 2020, l’Iran a annoncé que son scientifique nucléaire en chef et officier supérieur des Gardiens de la révolution iraniens, Mohsen Fakhrizadeh, avait été assassiné près de Téhéran lors d’une opération très complexe, dans laquelle on pense qu’une mitrailleuse télécommandée a été utilisée.

Le 27 novembre 2020, le scientifique nucléaire Mohsen Fakhrizadeh a été tué près de Téhéran. Le New York Times a révélé l’année dernière qu’un “robot tueur” avait été utilisé dans l’opération, ajoutant que des responsables de l’administration de l’ancien président américain Donald Trump avaient approuvé le plan.

Au cours des dix dernières années, l’Iran a perdu plusieurs scientifiques, militaires et hommes politiques de haut rang dans des opérations d’assassinat attribuées par les autorités iraniennes à Israël.

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