Téhéran se joint à Washington pour critiquer les nouvelles exigences de Moscou

Les États-Unis ont déclaré que les conditions de la Russie retarderaient la conclusion d’une formule qui relancerait l’accord signé à Vienne en 2015. L’Iran de son côté a critiqué ce lundi les nouvelles exigences russes dans les pourparlers nucléaires.

Les négociations pour la relance de l’accord sur le programme nucléaire iranien ont été dépréciés par les demandes de la Russie d’obtenir des États-Unis la garantie que les sanctions auxquelles elle est soumise dans le cadre du conflit en Ukraine ne nuiraient pas à son commerce avec l’Iran.

Moscou a soulevé ce nouvel obstacle samedi, au moment où les pourparlers indirects à Vienne entre Téhéran et Washington semblaient se diriger vers une issue favorable.

L’agence de presse iranienne Tasnim a rapporté aujourd’hui que les responsables iraniens avaient qualifié les exigences de la Russie dans les pourparlers nucléaires de “non constructives”.

Sans révéler leurs identités, l’agence iranienne a cité des responsables disant que “l’ingérence” russe vise à garantir les intérêts de Moscou dans d’autres domaines.

Selon l’agence Tasnim, en reportant la relance de l’accord nucléaire entre l’Iran et les puissances occidentales, et en retardant le retour de Téhéran sur le marché mondial du pétrole, la Russie cherche à augmenter le prix du pétrole brut et celui de ses revenus énergétiques.

Le haut responsable iranien de la sécurité, Ali Shamkhani, a déclaré lundi que les négociateurs évaluaient de nouveaux éléments qui ont influencé les pourparlers de Vienne. Il a indiqué sur Twitter que l’Iran ajustait ses initiatives pour accélérer la conclusion de l’accord.

L’accord de 2015 a assoupli les sanctions imposées à l’Iran en échange de restrictions sur l’enrichissement de l’uranium pour l’empêcher de développer des matériaux facilitant la fabrication d’armes nucléaires. L’accord s’est effondré lorsque l’ancien président Donald Trump a retiré les États-Unis en 2018.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que les sanctions occidentales contre la Russie se sont transformées en obstacle à l’accord sur le programme nucléaire iranien.

Lors d’une conférence de presse, Lavrov a exigé une “garantie écrite” de Washington que les sanctions imposées à son pays depuis l’invasion de l’Ukraine n’affecteraient pas ses échanges avec Téhéran.

Le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken, a répondu dimanche via CBS, assurant que les sanctions imposées à la Russie en réponse à son invasion de l’Ukraine “n’ont rien à voir avec l’accord sur le nucléaire iranien”.

Anthony Blinken a souligné qu'”il n’y a aucun lien entre les deux questions”, “donc, je pense qu’elles (les demandes russes) sont hors contexte”, a t-il estimé.

Il a poursuivi : “Il est dans l’intérêt de la Russie, indépendamment de toute autre chose, que l’Iran ne soit pas en mesure d’acquérir l’arme nucléaire, ou n’ait pas la capacité de produire rapidement une arme”. “Cette inquiétude reste valable quelle que soit notre relation avec la Russie depuis son invasion de l’Ukraine”, a-t-il ajouté.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont approuvé une série de mesures punitives contre la Russie depuis son entrée en Ukraine le 24 février, notamment l’exclusion des banques russes du système financier, le gel des avoirs de la Banque centrale russe, la restriction sur ses importations et la mise en œuvre de sanctions contre le président Vladimir Poutine, des responsables russes, et de nombreuses personnalités fortunées proches du pouvoir.

Selon Sergueï Lavrov, la Russie veut s’assurer que ces mesures n’affectent pas sa “coopération commerciale, économique, d’investissement et technico-militaire avec l’Iran”, surtout si Téhéran bénéficie d’un assouplissement de sanctions dans le cadre d’un nouvel accord international.

Parallèlement aux efforts menés par les négociateurs à Vienne, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, a rencontré samedi des responsables iraniens à Téhéran. Bien qu’ils aient convenu d’un mécanisme pour régler les questions en suspens, Grossi a fait des déclarations prudentes à son retour à Vienne, sur l’avenir de ces questions.

Rafael Grossi a précisé : “Si l’Iran ne coopère pas, je n’arrêterai pas de poser des questions”, rejetant toute pression “politique” de la part des négociateurs réunis à Vienne.

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