Koweït : Le recrutement des femmes dans l’armée alimente la polémique au Parlement

Dix députés ont soumis une demande à l’Assemblée nationale koweïtienne pour voter la motion de retrait de confiance au vice-Premier ministre et ministre de la Défense, après qu’il a été interrogé sur “l’inclusion” des femmes au sein de l’armée et sur des “infractions” commises dans le cadre des achats d’avions Eurofighter.

La confiance accordée au gouvernement koweïtien est remise en question depuis qu’il a autorisé les femmes à rejoindre les forces armées au vu des changements géopolitiques qui menacent la sécurité de la région. Jusque là, les femmes koweïtiennes sont toujours restées à l’écart du domaine de la sécurité et de la défense.

Peu après une précédente crise politique, des voix se sont élevées à l’Assemblée nationale koweïtienne parmi les partisans et les opposants, pour appeler à retirer la confiance au vice-Premier ministre et ministre de la Défense, le Cheikh Hamad Jaber al-Ali al-Salem al-Sabah.

Le président de l’Assemblée nationale (Parlement) a annoncé que dix députés avaient déposé une demande de vote de défiance contre le cheikh Hamad Jaber al-Ali al-Sabah, après avoir été interrogé mardi par le député Hamdan al-Azmi.
Marzouq al-Ghanim a déclaré que le vote aura lieu le mercredi 26 janvier, selon la publication de l’Assemblée nationale sur son compte Twitter.

L’interrogatoire a eu pour objet plusieurs accusations, dont “l’implication” des femmes dans l’armée, les manquements dans l’achat des avions Eurofighter, la non-coopération avec les organismes d’inspection, l’indifférence aux questions des parlementaires, et la négligence des terres de l’Etat. Le ministre koweïtien de la Défense a rejeté toutes les accusations.

Le retrait de la confiance au ministre exige que la majorité des membres qui composent le Conseil votent contre lui, à l’exception des ministres qui sont exclus de ce vote, alors qu’ils sont considérés, au même titre, comme des représentants au Parlement.

L’influence du Parlement koweïtien dépasse celle de toutes les institutions similaires dans les autres États arabes du Golfe. Son pouvoir inclut la possibilité d’adopter des lois comme d’en empêcher la promulgation, d’interroger les ministres et le Premier ministre et de voter pour retirer la confiance à de hauts fonctionnaires.

Selon les médias locaux, le représentant Hamdan al-Azmi a déclaré : “S’il n’y avait pas eu d’abus, nous n’aurions pas mené cet interrogatoire (interrogatoire du ministre de la Défense) après les conseils que nous avons donnés au ministre et les avertissements sur l’existence d’un ordre légitime. Mais il a été obstiné et arrogant.”

Il a poursuivi : “Puis nous l’avons vu reculer et affirmer qu’on attend la fatwa légale (…). Si le ministre est inquiet pour la sécurité des femmes, c’est leurs enfants qu’ils devraient envoyer à l’armée, et c’est honteux de dire que la solution se trouve chez les filles koweïtiennes.”

Il a indiqué que l’interrogatoire du ministre de la Défense s’est concentré sur la question de l’inclusion des femmes dans l’armée et sur l’accord Eurofighter, notant que toutes les fatwas (avis juridiques sur les questions religieuses) confirment que “les femmes ne sont pas tenues de porter les armes, et qu’à l’origine, cela est proscrit”. Il a ajouté que “se battre était le devoir des hommes uniquement”.

Quant à l’accord Eurofighter, Hamdan al-Azmi a déclaré qu’il s’agissait de l’un des accords militaires les plus ambigus, ajoutant que seuls 2 des 28 avions commandés avaient été reçus sous l’actuel ministre de la Défense, et que la commission d’enquête était toujours en cours.

Selon al-Ghanimi, “le ministre a dû interrompre l’affaire car la valeur du contrat était de 9 milliards de dollars pour 28 avions. Le montant des commissions des courtiers en Eurofighter s’élevait à 450 millions de dinars, et le Bureau d’audit a confirmé que le comité des appel d’offres du ministère de la Défense a négligé de s’acquitter de ses fonctions.”

Il a affirmé que “95% des violations n’ont pas reçu de réponse, et que le ministère de la Défense avait vendu des avions de combat en bon état à la Malaisie sous l’ère du ministre actuel.” Il a ajouté que les députés du Parlement “ne savaient rien du budget de l’armement approuvé par le Parlement à 6,2 milliards de dinars depuis janvier 2016, et que le Parlement avait accepté d’augmenter le budget de l’armement de trois milliards”.

Il a également souligné que le ministre de la Défense “a transmis le budget de l’armement au Conseil supérieur de la défense et non au gouvernement car il contenait des abus”.

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