L’impact des développements politiques en Amérique latine sur les intérêts du Hezbollah

L’Amérique latine était connue pour ses relations étendues avec l’Iran et sa branche militaire, le Hezbollah. Certains pays du continent, avec leur histoire jonchée de conflits, représentaient un environnement fertile pour le développement de liens suspects entre le Parti et les organisations criminelles locales. De plus, des positions politiques communes ont été un facteur important dans le maintien des relations du Parti avec les gouvernements latins.

Changements stratégiques dans les relations

Les interdictions adoptées par certains pays contre le groupe extrémiste ont provoqué un bouleversement dans les relations qu’entretiennent les gouvernements latino-américains avec le Hezbollah. Le gouvernement argentin a décidé d’interdire le Parti en juillet 2019, suivi par le Paraguay en août 2019.

L’interdiction du Hezbollah est une indication claire sur le retournement de situation en sa défaveur à la suite du changement des dirigeants dans les pays concernés. Ce changement peut être perçu dans l’insistance de Washington à inclure le Parti dans la liste du terrorisme en Argentine, sur fond d’accusations selon lesquelles des membres du Hezbollah étaient impliqués dans l’attentat à la bombe de mars 1992 contre une synagogue, mais les appels des dernières années ont longtemps été ignorés avant que le gouvernement argentin ne consente enfin à reconnaitre le caractère terroriste du Parti.

Alors que le Brésil exprimait son intention d’étudier la possibilité d’interdire le Hezbollah à l’instar de ses deux voisins, le projet s’est finalement concrétisé avec l’annonce du plan 3 + 1, qui inclut les États-Unis, le Brésil, l’Argentine et le Paraguay en tant qu’alliance de lutte contre le terrorisme et les activités de l’Iran sur le continent.

La mutation des courants dominants en Amérique du Sud a jeté une ombre sur la nature de ses relations avec les pays alliés et rivaux. En Argentine, la gauche a connu un déclin notable face à la montée de la droite qui a culminé aux élections de mi-mandat de l’Assemblée populaire en novembre 2021. En ce qui concerne les élections législatives, la balance s’est penchée du côté de l’extrême droite.

Au Brésil, le gouvernement d’extrême droite dirigé par Jair Bolsonaro, a révélé des convictions extrémistes qui ont atteint leur paroxysme, notamment dans son traitement controversé de la pandémie du Covid-19.

En novembre 2021, le ministre colombien de la Défense, Diego Molano, a exprimé ses craintes de voir le Hezbollah porter atteinte à la sécurité et à la stabilité de son pays. Selon le ministre, le Hezbollah constitue une menace pour la sécurité des diplomates dans la région, et les relations du Parti avec les trafiquants de drogue au Venezuela sont devenues dangereuses pour la sécurité nationale du pays.

La récente montée des courants de droite et d’extrême dans certains pays d’Amérique latine n’est pas étrangère au sort du Hezbollah. Si le Parti y a trouvé un terrain accueillant pendant un temps, c’est principalement grâce à l’hostilité des mouvements de gauche qui considèrent les Etats-Unis comme un pays colonisateur.

Les pays latins et l’Iran avait trouvé un consensus qui servait les intérêts économiques et politiques des deux parties. Mais avec le changement des régimes, les vieilles tendances se sont dissipées, les courants de droite n’ayant pas la même animosité envers l’administration américaine qui leur fournit une aide financière pour se sortir de leurs débâcle économique.

Le Venezuela : Le meilleur ami du Hezbollah en Amérique latine

Le Venezuela maintient toujours un régime de gauche et continue de faire preuve d’ouverture envers l’Iran et son bras militaire, le Hezbollah. Les deux pays trouvent dans cette relation un débouché économique qui va au-delà des restrictions américaines sur leurs économies.

En mai 2020, le Venezuela, l’Iran et Washington sont entrés dans une guerre verbale après que l’Iran a envoyé des pétroliers au Venezuela pour contourner l’embargo américain imposé en janvier 2019 à sa compagnie pétrolière nationale, Petroleos de Venezuela. Cette sanction a affecté l’importation des pièces nécessaires à d’extraction et au raffinage du pétrole, et a contribué à l’aggravation de la crise économique du pays.

L’Iran a défendu sa décision d’envoyer des pétroliers au Venezuela, affirmant qu’il s’agit d’un commerce international qui n’a rien à voir avec les États-Unis, mais l’administration américaine soupçonne les deux pays de pratiquer la corruption et de dissimuler des activité terroristes derrière les transactions commerciales. Washington a déclaré que le pétrole est transféré au Venezuela en échange d’or extrait de ses mines, et que l’Iran vole les citoyens vénézuéliens avec la complicité de leur gouvernement, pour subventionner ses milices terroristes.

L’avenir des intérêts du Hezbollah en Amérique latine

Les boulversements politiques intervenus dans les gouvernements du continent latin sont susceptibles d’affecter l’avenir et les intérêts du Hezbollah dans la région. Amal Mokhtar, chercheuse au Centre des études politiques et stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, a indiqué que le changement d’attitude envers le Parti et l’Iran s’est opéré avec la montée progressive de l’extéme droite depuis 2015.

La chercheuse estime qu’à l’heure actuelle, les Etats-Unis sont plus aptes à aider les pays d’Amérique latine que l’Iran qui souffre lui-même de multiples déboires internes et internationaux.

Elle a ajouté que le Venezuela est le pays le plus coopératif avec le Hezbollah, et qu’il entretient encore des relations étroites avec l’Iran, notant que Téhéran profite de l’or du Venezuela, que ce dernier lui donne pour obtenir la trésorerie nécessaire à son maintien au pouvoir.

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