Le procès intenté aux Etats-Unis contre des banques et des organismes de charité qataris, révèle que le Qatar est un véritable “sponsor du terrorisme”

Selon un article publié le 15 décembre 2020 par le Washington Post, des américains victimes de violence islamistes en Israël ont affirmé en 2020 que 3 des plus importantes institutions financières qataries ont secrètement acheminé des fortunes vers des groupes palestiniens responsables du meurtre d’Américains, accusant l’allié des États-Unis au Moyen-Orient de mener un double jeu.

Durant les procès, les victimes et leurs familles ont soutenu que le gouvernement et les membres de la famille royale du richissime pays du golfe avaient mené “un complot de financement du terrorisme” en fournissant des dizaines de millions de dollars au Hamas et au Djihad islamique palestinien, tous deux désignés par les États-Unis comme groupes terroristes.

Les deux premières plaintes déposées devant un tribunal fédéral, affirment que les versements effectués sous couvert de dons de charité étaient passés par le système bancaire américain depuis 2014, pour finir dans les comptes gérés par la Qatar National Bank, et ceux des dirigeants et membres du Hamas. Les fonds auraient contribué à mener 7 frappes, dont des coups de couteau, des attaques à la voiture-bélier et à la roquette, qui ont tué plusieurs citoyens américains.

Les poursuites ont mis la main sur des comptes prétendument utilisés par plusieurs individus, dont Ahlam Aref Ahmad al-Tamimi, une femme jordanienne inscrite sur la liste du FBI du terrorisme pour avoir facilité l’attentat-suicide qui a eu lieu en 2001 dans une pizzeria de Jérusalem et qui a fait 15 morts et 130 blessés, un porte-parole et ancien chef de la faction militaire du Hamas en Cisjordanie, un membre de son bureau politique qui a été reconnu coupable en Israël d’avoir dirigé une unité terroriste, ainsi qu’un guide spirituel de 94 ans appartenant à la Confrérie des Frères musulmans, proche de l’émir du Qatar.

Les familles des victimes ont obtenu des tribunaux des jugements totalisant des milliards de dollars contre des pays que le gouvernement américain a désignés comme des États sponsors du terrorisme. Parmi eux, l’Iran, le Yémen et le Soudan, radié plus tard de la liste. Le Congrès a également adopté une loi autorisant les victimes américaines à poursuivre l’Arabie saoudite pour les attentats du 11 septembre. D’autres pays étrangers comme le Qatar étaient à l’époque, à l’abri de poursuites civiles aux États-Unis.

Cependant, les nouveaux procès ont pris une autre tournure, en ciblant des institutions financières proches de l’État qatari, et dans lesquelles des membres de la famille royale sont impliqués en tant que dirigeants.

Trois accusés ont été désignés dans l’affaire : Qatar Charity, dont le président est un membre de la famille royale, Hamad bin Nasser al-Thani, Masraf Al Rayan Bank, une banque gérée par le gouvernement et les membres de la famille qui siègent à son conseil d’administration, et la Banque nationale du Qatar.

Les investigations ont également révélé que l’organisme de charité a sollicité des dons dans le monde entier et utilisé les deux banques pour accéder au système financier des Etats-Unis. Des fonds ont été distribués par Qatar Charity à ses filiales dans les territoires sous contrôle palestinien, dont au moins 28 millions de dollars entre mars et septembre 2015. Il a été indiqué que l’argent a soutenu le Hamas et le Djihad islamique Palestinien, notamment pour dédommager les familles des activistes inculpés ou assassinés.

Les sources d’informations n’ont pas été divulguées, mais certains détails ont été rendus publics comme les numéros de compte, les dates d’ouverture des comptes, les dates et adresses de naissance des titulaires, etc.

“En autorisant Qatar Charity à utiliser des comptes bancaires pour acheminer de l’argent vers le Hamas et le Djihad islamique palestinien, les banques se sont jointes à un complot visant à commettre des actes de terrorisme international, dont l’enlèvement et le meurtre d’Américains en Israël”, a indiqué la plainte déposée en 2020 par la famille de Pinches Przewozman, un Américain tué parmi d’autres, lors des attaques à la roquette lancées le 5 mai 2019 contre Israël depuis la bande de Gaza.

“Aucune famille ne devrait avoir à subir la perte que nous avons subie”, ont déclaré Stuart et Robbi Force, les parents de Taylor Force, un vétéran de l’armée américaine poignardé en 2016 près de Tel Aviv. La mort de Taylor Force a incité les autorités américaines, à travers une nouvelles loi, à réduire l’aide versée par les Etats-Unis à l’Autorité palestinienne, tant que celle-ci ne met pas un terme à son soutien financier aux terroristes emprisonnés et à leurs familles.

“En plus de détenir des banques et de réaliser des ‘œuvres de bienfaisance’ illégitimes qui rendent le terrorisme possible, notre fervent espoir est que ce procès ait un effet dissuasif sur ceux qui pourraient s’engager dans des actions similaires”, ont déclaré les parents de Taylor Force dans un communiqué publié par le porte-parole des 57 plaignants et 11 victimes d’attentats depuis 2014. “Nous pensons que la meilleure façon d’honorer la mémoire de notre fils est d’aider à prévenir de futures attaques.”

Le porte-parole du gouvernement qatari et Qatar Charity n’ont pas souhaité répondre à une demande de commentaire.

En 2017, le président Trump a dénoncé le soutien du Qatar aux organisations terroristes, à travers, entre autre, les millions de dollars qu’il fournit chaque année au Hamas qui contrôle la bande de Gaza. Toutefois, Trump a témoigné de la sympathie envers l’émir du Qatar qu’il a décrit comme “un homme très respecté” et “un vrai leader”. Lors d’une réunion bilatérale sur la sécurité en septembre 2020, Mike Pompeo, le secrétaire d’État du gouvernement Trump, a salué le Qatar pour son “rôle inestimable dans la stabilisation de Gaza” et ses efforts pour réduire les tensions en Syrie et au Liban.

Ces procès avaient eu lieu à un moment sensible de la diplomatie entre Washington et les Moyen-Orient. Le président Joe Biden avait promis de réintégrer son pays à l’accord sur le programme nucléaire iranien si Téhéran remplit ses obligations. En parallèle, l’administration Trump avait obtenu la reconnaissance diplomatique d’Israël de la part 4 pays : les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

Le Qatar a vu ses intérêts dans les deux évolutions, étant d’une part un allié militaire des Etats-Unis, et entretenant d’autre part des relations cordiales avec l’Iran, avec qui il partage le plus grand gisement de gaz naturel au monde, dont le Qatar tire l’essentiel de sa richesse.

Le Qatar a également été accusé par l’Arabie saoudite et ses alliés du golfe de soutenir l’extrémisme et le terrorisme islamistes, une critique longtemps dirigée contre le Royaume saoudien.

Le Qatar a de son côté fermement rejeté les accusations de duplicité et affirme avoir joué un rôle clé dans la région, en coopérant avec Israël pour fournir une aide indispensable à la bande de Gaza, en soutenant le printemps arabe et en dirigeant Al Jazeera, le média le plus célèbre – et le plus controversé – du Moyen-Orient.

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