L’influence croissante de la Russie sur la côte africaine inquiète l’Algérie

La Russie a commencé à gagner en influence dans la région du Sahel et du Sahara, profitant du retrait français et de la désintégration de l’opération Barkhane, lancée par la France en collaboration avec plusieurs pays de la région pour combattre les groupes islamistes.

Moscou a commencé en 2016 à étendre le champ de son influence à travers le pays d’Afrique centrale, après que la France a décidé de mettre fin à sa présence militaire, dans le cadre de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA).

Paris connaît des difficultés financières dues aux différends avec les autorités de transition, conduisant Bamako à conclure des accords de sécurité avec Moscou, notamment en faisant venir des mercenaires du groupe Wagner.

Mais l’expansion russe au Sahel et au Sahara menace non seulement l’influence française, mais également celle de l’Algérie dans une zone qu’elle considère très sensible pour sa sécurité nationale.

L’Algérie est enlisée dans plusieurs crises diplomatiques, notamment avec la France, qu’elle accuse de s’ingérer dans ses affaires internes pour soutenir certaines forces politiques, et avec le Maroc après la rupture des relations en raison du désaccord historique sur le Sahara occidental.

Par conséquent, l’Algérie a misé sur le renforcement des relations, notamment économiques, avec les pays d’Afrique subsaharienne après une période de tiédeur.

Initialement, l’Algérie a cherché à lier des relations économiques avec les pays du Sahel, dans le but de renforcer ses liens avec tous les pays africains pouvant représenter un marché économique important.

Pour expandre son influence, les observateurs estiment que l’Algérie cherche à réaliser quelques grands projets, dont la route transsaharienne qui sera pleinement exploitée à l’issue de la construction du port Hamdania à Cherchel dans la wilaya (préfecture) de Tipasa, qui fera la liaison entre six pays (Algérie, Tunisie, Niger, Nigeria, Mali et Tchad).

Ce projet prometteur sera accompagné d’un gazoduc pour l’exportation du gaz nigérian, et d’une autre ligne de fibre optique reliant l’Algérie au Nigeria.

Mais ces projets économiques prometteurs risquent de se heurter à la Russie qui cherche à renforcer sa présence diplomatique, militaire, voire économique, des ambitions qui déstabilisent l’Algérie qui tente de d’insérer dans l’arène africaine à travers une politique douce mais efficace.

L’Algérie jouit d’une certaine influence dans le nord du Mali et a fortement soutenu les autorités maliennes depuis le premier coup d’État dirigé par le colonel Asmi Guetta à Bamako, et a appelé à écourter le plus possible la période de transition.

L’Algérie a cherché à exploiter le déclin de l’influence française au Mali en insérant une nouvelle clause dans sa constitution, permettant l’envoi d’unités de combat à l’étranger sous réserve de l’approbation du Parlement, afin de rendre possible l’intervention militaire sur les côtes africaines.

Bien que le président algérien Abdelmadjid Tebboune ait clairement indiqué que l’affaire n’était pas encore d’actualité, une intervention au Mali n’est pas exclue.

La Russie a profité des divergences entre la France et l’Algérie, notamment à travers la décision des autorités algériennes de ne pas autoriser les avions militaires français à traverser son espace aérien vers le Mali, pour étendre son influence et conclure des accords avec la partie malienne.

Les autorités maliennes ont ignoré les avertissements lancés par Paris sur la possibilité d’imposer des sanctions au gouvernement de transition s’il concluait un accord avec les mercenaires du groupe Wagner. Le ministre des Affaires étrangères Abdoulai Diop, s’est rendu à Moscou le mois dernier et a reçu l’ambassadeur de Russie dans son pays le 23 novembre.

Début octobre, le ministère algérien des Affaires étrangères a réfuté les allégations du site d’information français MONDAFRIQUE, selon lesquelles l’Algérie s’est entendue avec les autorités maliennes pour financer les opérations de recrutement de la milice russe Wagner, mais cela n’exclut pas la possibilité d’une coordination entre les deux parties.

S’il existe un consensus algéro-russe sur la nécessité de limiter l’influence française, il existe également des divergences et des conflits intérêts entre Alger et Moscou.

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