Immobilisation de la Confrérie des Frères musulmans en Turquie et nouvelles divisions au sein du groupe

La Confrérie des Frères musulmans a connu ces derniers temps une succession rapide d’évènements qui ont conduit à une nouvelle division en interne, plus particulièrement parmi ses membres exilés à l’étranger, notamment le guide par intérim du groupe, Ibrahim Mounir, qui a condamné les agissements de plusieurs dirigeants et membres du “Conseil général de la choura”.

Ibrahim Mounir a fermement refusé d’accorder le moindre rôle aux dirigeants des Frères musulmans en Turquie, en particulier à Mahmoud Hussein, l’ancien secrétaire général du groupe. Après sa décision d’ouvrir une enquête sur certains dirigeants, ces derniers ont condamné cette décision et rejeté les récentes élections du bureau de la Confrérie en Turquie, réduisant à néant toutes les tentatives de réconciliation entre les clans “Mounir” et “Hussein”.

Immobilisation de la Confrérie à Istanbul

Sur la base de ce qui a été qualifié de violation au règlement intérieur de la Confrérie, Ibrahim Mounir a annoncé l’arrestation de six dirigeants du groupe qu’il a soumis à des enquêtes.

La liste des personnes arrêtées comprend Mahmoud Hussein, l’ancien secrétaire général du groupe et membre du Bureau d’orientation, Mohamed Abdel Wahab, le responsable de la Confrérie égyptienne à l’étranger, Hammam Ali Youssef, un membre du Conseil général de la Choura et un ancien fonctionnaire du bureau de Turquie, ainsi que trois autres membres du Conseil de la choura : Medhat al-Haddad, Mamdouh Mabrouk, et Rajab al-Banna.

Une crise sans précédant a éclaté au sein du groupe depuis l’arrestation de Mahmoud Ezzat, le guide adjoint du groupe, en août 2020, et son remplacement par Ibrahim Mounir à la tête de l’organisation. Depuis son entrée en fonctions, il a opéré de nombreux changements, il a notamment supprimé le poste de Secrétaire général du groupe qui était occupé par Mahmoud Hussein, et dissous le bureau administratif des Frères égyptiens en Turquie ainsi que le Conseil de la choura du Qatar en Turquie, qui a été amendé jusqu’aux élections internes qui ont abouti à la création d’un nouveau Conseil de la choura du Qatar, qui à son tour a élu un nouveau bureau administratif devenu actif après l’approbation des résultats par Ibrahim Mounir, étant donné que les recours déposés pendant le processus électoral ne donnent pas lieu à la tenue de nouvelles élections.

Les désaccords entre les deux parties sont dus à deux problèmes principaux qui sont venus aggraver la crise qui désintègre le groupe. D’abord, il y a les élections du bureau de la Confrérie en Turquie qui ont eu lieu récemment et dont les résultats et procédures ont largement été remis en cause, ainsi que la non reconnaissance du groupe de Mahmoud Hussein.

Le deuxième point réside dans la colère croissante des jeunes face à leurs mauvaises conditions de vie en Turquie, à la censure imposée aux chaînes satellites du groupe à Istanbul qui, sur instructions des autorités turques, n’ont plus le droit de critiquer l’Égypte et le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi, et la mise à pied de certains présentateurs de la Confrérie, l’arrêt de leurs activités sur les réseaux sociaux et la menace de les expulser.

Tentatives d’apaisement

Suite aux décisions prises par Ibrahim Mounir, des contacts ont été initiés pour tenter de conclure une trêve entre les deux parties. Ces réunions ont donné lieu à des accords pour définir un cadre global pour la Confrérie et un certain nombre d’opposants égyptiens en Turquie et en Grande-Bretagne sous le nom d'”Union des forces nationales”, et pour organiser des élections pour le créer, avec Ayman Nour, le propriétaire de la chaîne Al-Sharq (L’Orient), comme chef du syndicat.

Dans la liste qu’il a établie, Ayman Nour a désigné comme premier adjoint Medhat al-Haddad, le bras droit de Mahmoud Hussein et le responsable des investissements du groupe en Turquie, et comme assistant Abdel-Mawgod Rajeh Dardiri qui s’est enfui aux États-Unis. Il a également inclut Ousama Rushdi qui s’est réfugié à Londres après sa fuite, et Mahmoud Fathi, le chef du Parti “vertu salafiste”, qui était également membre de l”‘Alliance pour le soutien de la fraternité”.

Les observateurs estiment que l’objectif majeur dans la création de l”‘Union des forces nationales” est d’une part d’empêcher toute nouvelle scission au sein du groupe terroriste, et d’autre part d’unifier les rangs des clans Mahmoud Hussein et Ibrahim Mounir et d’inclure d’autres dirigeants sous la bannière du groupe pour consolider sa position grâce au soutien des influences politiques qui lui sont alliées à l’étranger.

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